Pour enrayer la chute des crédits immobiliers, le HCSF assouplit les règles d'octroi sans se renier

Le Haut conseil de stabilité financière (HSCF) a assoupli les règles d’octroi d’un crédit immobilier face à la chute de la production en 2023. Ce sont des ajustements techniques qui ne remettent pas en cause la logique de ces normes mises en place en pleine euphorie immobilière. Ils permettent notamment d’allonger sous conditions la durée du prêt ou de sortir du calcul d’endettement le prêt relais.
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, multiplie les gestes pour faire repartir la production de crédit immobilier.
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, multiplie les gestes pour faire repartir la production de crédit immobilier. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Réuni ce lundi sous la présidence de Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) a finalement décide de desserrer un peu l'écrou du crédit immobilier, en l'occurrence ces fameuses conditions d'octroi mises en place en 2020 pour freiner l'euphorie immobilière de ces années à taux bas.

Sans grande surprise - le gouverneur de la Banque de France et le ministre avaient bien préparé le terrain - trois options ont été mises sur la table et adoptées par le HCSF pour relancer la production de crédit immobilier, une production divisée par deux au troisième trimestre par rapport au troisième trimestre 2021. « Ce sont bien des ajustements techniques qui n'ont pas vocation à remettre en cause les normes du HCSF », précise bien une source proche de la Banque de France, qui insiste au passage sur le caractère « équilibré » de ces mesures.

Trois mesures

Le premier levier concerne l'allongement de la durée maximale d'un crédit immobilier de 25 à 27 ans si les travaux de rénovation représentent plus de 10 % du montant total du crédit immobilier. La seconde mesure concerne la non prise en compte du prêt relais dans le calcul du taux d'endettement maximum autorisé par le HCSF (soit 35% du revenu). Ce type de crédit est accordé sur une maturité courte (un an en général) dans le cadre d'un projet de vente/achat de bien immobilier.

Lire aussiCrise du logement à Paris : les passoires thermiques suscitent l'appétit des investisseurs immobiliers

Pour bénéficier de cette mesure, le crédit relais ne doit pas représenter plus de 80% de la valeur du bien mis en vente. Enfin, dernier ajustement, plus technique, l'utilisation de la marge de flexibilité (20% de la production) laissée aux banques pour déroger aux normes, et sous le contrôle du superviseur, est désormais calculée sur trois trimestres glissants et non plus sur un seul trimestre.

C'était d'ailleurs déjà le cas pour la sous-enveloppe ciblée pour les crédits aux primo-accédants ; cet assouplissement est désormais appliqué à l'ensemble de l'enveloppe. A noter que les banques n'utilisent pas, en moyenne, l'intégralité de cette marge de flexibilité (14,2% au troisième trimestre contre un plafond de 20%), mais ce calcul lissé sur trois trimestres permettrait d'éviter des mouvements de « stop and go » sur la production. C'est d'ailleurs dans cet esprit que la révision du taux d'usure a été mensualisé, une mesure exceptionnelle qui prendra fin au 1er janvier. En revanche, la question de l'investissement locatif qui serait entravé par les normes du HCSF n'a pas été abordée pendant la réunion.

Exception française

Du côté de Bercy, on se félicite de ces mesures en rappelant que c'est bien la hausse des taux qui a provoqué la chute de la production et non les normes du HCSF. Cette autorité financière constate d'ailleurs que les encours de crédit immobilier continuent de progresser (+2,1% en octobre) et le taux moyen du crédit immobilier au troisième trimestre (3,94% avec assurance et frais) restait inférieur à celui de la plupart des autres pays, comme l'Allemagne (+4,2%) ou l'Italie (4,7%). Pour Bercy, c'est la preuve de la résilience du modèle français à taux fixe et d'une forte concurrence sur le marché du crédit immobilier.

Toutefois, les autorités ne peuvent méconnaître la situation de blocage et de refus d'un nombre croissant de dossiers pourtant apparemment solvables. Certaines banques, comme Société Générale, ont carrément appuyé sur le frein du crédit immobilier avant de la relâcher un peu, au fur et à mesure que la reconstitution de la marge d'intérêt.

Pour autant, la Banque de France et la Fédération bancaire française (FBF) réfléchissent à un dispositif de recours à l'amiable de réexamen du dossier en cas de refus de crédit immobilier, et ce à l'instar de ce qui se pratique déjà dans le domaine de l'entreprise, sous la responsabilité d'un médiateur du crédit. Sans être dans son champ de compétence, le HSCF a tenu à soutenir cette initiative du secteur bancaire. Il reste cependant à acter de la baisse des prix du marché immobilier pour solvabiliser les emprunteurs et faire repartir un marché quasi à l'arrêt : pour l'heure, l'ajustement par les prix est modeste : un recul de 1,1% au troisième trimestre.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 14
à écrit le 05/12/2023 à 10:45
Signaler
genial, on va recreer des subprimes en pretant a des gens qui ne pourront pas rembourser. Et comme les banques ne pourront pas se payer en vendant le logement du debiteur (si les prix font -20 % la vente ne couvrira pas la dette + les frais (huissier...

à écrit le 05/12/2023 à 8:41
Signaler
c'est un faux pb, les prix sont 35% trop eleves, ca tombe bien, ca sera le montant de l'apport personnel a fournir, les banques font ecrtainement le meme calcul pour le meme resultat.....le reste.......

à écrit le 05/12/2023 à 8:16
Signaler
Le don d'organe sera autorisé comme assurance du crédit ! LOL

le 18/12/2023 à 16:24
Signaler
Avec tous les abats que les banques vont avoir , ils vont pouvoir ouvrir des boucheries a cotés de leurs distributeurs.

à écrit le 05/12/2023 à 7:18
Signaler
Le problème du marché immobilier est le prix des biens, pas le taux. Les prix sont surévalués d'au moins 30-40% selon le placement du bien. Une baisse franche permettrait de relancer les ventes sur une base saine.

à écrit le 05/12/2023 à 3:14
Signaler
BLM fait du n'importe quoi, les banques ne prêterons qu'à des emprunteurs solvables et c'est bien normal. Pourquoi vouloir augmenter la production de crédit c'est crétin.

à écrit le 04/12/2023 à 22:13
Signaler
La France a le mérite d'avoir un marché bancaire immobilier sain, pourquoi vouloir absolument le rendre instable. Ces règles ont fait leurs preuves, pourquoi les changer. Les prix doivent juste baisser, les vendeurs doivent se rendre compte que la r...

à écrit le 04/12/2023 à 18:39
Signaler
Je suis assez perplexe car les prix ayant commencé à baisser, prêter est devenu très risqué pour les banques, ce n'est pas pour rien qu'elles demandent à présent 30% d'apport là où en 2019, un primo-accédant pouvait pratiquement emprunter sans apport...

le 04/12/2023 à 22:54
Signaler
Oui mais justement .. c était peut l’anomalie des années 2015-2020 ou les banques ne demandaient pas grand chose en apport .. le prêt immo étant un produit d appel , or dans les années 80-90-2000 ou j ai cherché à acheter il fallait jusqu à 35% d ap...

le 04/12/2023 à 22:54
Signaler
Oui mais justement .. c était peut l’anomalie des années 2015-2020 ou les banques ne demandaient pas grand chose en apport .. le prêt immo étant un produit d appel , or dans les années 80-90-2000 ou j ai cherché à acheter il fallait jusqu à 35% d ap...

le 05/12/2023 à 23:39
Signaler
@decalage : en fait, j'étais perplexe quant à l'efficacité de ces mesures pour relancer l'activité car si les banques prêtaient à des emprunteurs dépourvus d'apport, c'était que la hausse des prix permettait toujours à la banque de se refaire en cas ...

à écrit le 04/12/2023 à 18:17
Signaler
ne pas tenir compte des prets relais dans le calcul du taux d'endettement (sur un marché en panne c'est extrêmement dangereux), une durée qui peut aller jusqu’à 27 ans ca signifie qu'on va etre sur un cout de crédit a peut pres équivalent au montant...

à écrit le 04/12/2023 à 18:11
Signaler
"Le Haut conseil de stabilité financière !" Au vu du problème, l'état doit créer : Le TRES Haut conseil de stabilité financière si cela ne suffit pas, il faudra créer : Le MEGA Haut conseil de stabilité financière.. Ainsi va la France.

à écrit le 04/12/2023 à 17:18
Signaler
Rien qui bouleversera le marché immobilier, il est en panne

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.