Sponsoring : le match Visa-MasterCard à l’heure des grands évènements sportifs

MasterCard est le partenaire officiel de la Coupe du monde de rugby qui débute vendredi. Visa a de son côté mis le paquet sur les JO de Paris 2024 en imposant sa marque pour tous les paiements dans les stades et les boutiques officielles. Le réseau de cartes bancaires français CB, qui domine toujours les paiements domestiques par carte bancaire, a décidé de contre-attaquer les ambitions de Visa et de Mastercard dans l’Hexagone.
Mastercard et Société Générale lancent une carte bancaire siglée Championnat du monde de rugby 2023.
Mastercard et Société Générale lancent une carte bancaire siglée Championnat du monde de rugby 2023. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

La Coupe du monde de rugby débute vendredi sur un choc très attendu entre la France et la Nouvelle-Zélande au Stade de France. Cette compétition sonne également comme un événement test à moins d'un an des Jeux Olympiques (JO) de Paris 2024. Et, l'un comme l'autre, ces deux événements sportifs ont leur sponsor dans le domaine des paiements : les deux géants américains, Mastercard et Visa, qui se livrent une lutte féroce dans un univers des paiements en pleine mutation.

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Le premier, Mastercard, est le partenaire exclusif (dans le domaine financier) de la Coupe du monde de rugby alors que Visa est l'opérateur de paiement exclusif des JO depuis 1986. Ce sera pour les deux schemes américains, ces marques qui fournissent aux banques des licences pour émettre des cartes et permettre les transactions, de mieux affirmer leur présence sur un marché française du paiement par carte encore largement dominé par le GIE (groupement d'intérêt économique) « Cartes Bancaires » CB, détenu par toutes les grandes banques françaises, et qui concentre entre 80 et 90% des transactions domestiques par cartes, selon les secteurs d'activité.

Avantages exclusifs

Bien sûr, l'audience de ces manifestations sportives va bien au-delà de nos frontières, soit plus de 800 millions de personnes lors de la dernière Coupe du monde de rugby, ou bien 4 milliards de téléspectateurs attendus lors des JO de Paris. D'où des budgets qui se chiffrent en dizaines de millions d'euros pour Mastercard et en plusieurs centaines de millions pour Visa.

Pour la Coupe du monde, Mastercard a signé un partenariat avec Société Générale qui va émettre des cartes Mastercard siglées avec le visuel RWC (Rugby World Cup) 2023, mais aussi celui de CB en toute discrétion, le logo CB étant signalé au dos de la carte. C'est aussi l'occasion pour la banque, partenaire du mondial de rugby depuis 2007, de promouvoir sa nouvelle identité visuelle et son logo SG, déclinée en région avec les enseignes régionales (SG Courtois par exemple). Cette carte présente des « avantages exclusifs », notamment l'accès à des caisses rapides dans les boutiques officielles, mais la banque n'a pas été jusqu'à proposer des cartes uniquement adossées au réseau Mastercard.

Visa Only

Le groupe BPCE (Banques populaires, Caisses d'Epargne), partenaire premium des JO, n'a lui pas hésité à lancer une émission de trois millions de cartes « Visa Only » - uniquement adossé au réseau Visa sans passer par le réseau CB - à l'occasion des olympiades. L'initiative a été d'ailleurs fraîchement accueillie par la communauté bancaire française, sans parler des représentants des principales enseignes marchandes.

Principal émetteur de cartes Visa en France, BPCE a toujours été soupçonné d'incliner en faveur de Visa, une accusation que le groupe mutualiste a toujours réfuté avec force, cherchant à montrer sa solidarité avec les projets interbancaires. Mais parfois les politiques commerciales diffèrent d'une banque à l'autre. BPCE a notamment refusé de commercialiser la fonction de paiement mobile de la solution interbancaire Paylib.

Cependant, c'est bien Visa qui compte bien rentabiliser au maximum son partenariat en imposant un paiement par carte Visa dans les stades et dans les boutiques officielles des JO (la possibilité de payer en cash demeure, c'est même obligatoire selon la loi, malgré le développement des festivals cashless).

Cette émission de cartes « Visa Only » commence d'ailleurs à se généraliser en France, via notamment des banques en ligne qui, comme Boursorama, ne proposent que des cartes (souvent gratuites) Visa et non plus co-badgées Visa et CB. Les marchands n'apprécient guère car ils estiment que les commissions prélevées par Visa sont plus élevées que celles de CB.

Le réveil de CB

Ces offensives commerciales de Visa et de Mastercard, y compris d'ailleurs dans le virement P2P (pair-à-pair), comme Paylib, ont eu au moins l'avantage de « réveiller » le GIE CB. « Il est important que CB soit plus proactif en termes de développement de business alors que le GIE était jusqu'ici plutôt passif », avance un responsable monétique d'une grande banque. « Les adhérents nous demandent un changement de posture », a reconnu, en février dernier, Philippe Laulanie, administrateur du GIE CB lors d'une session de France Payment Forum.

De fait, le GIE CB a arrêté fin 2022 un nouveau plan stratégique qui vise à la fois à accélérer sur le numérique et à accroître la notoriété de la marque CB. Le premier chantier concerne la prochaine migration de toutes les banques françaises sur une plateforme de paiement mobile unique dans les 18 mois. Cela permettra de traiter les paiements mobiles, comme Apple Pay, qui sont pour l'heure largement assurés par Visa ou Mastercard. Pour l'heure, seules deux banques, Crédit Agricole et Société Générale, utilisent déjà ce type de plateforme (qui reposent sur les technologies de tokenisation). L'idée serait de terminer ce chantier d'ici novembre 2024 pour les 40 ans de la création du GIE CB.

Made in France

Autre chantier, celui du passage pour les cartes bancaires à la norme européenne CPACE, pour faciliter l'interopérabilité des différents schemes européens. Ce projet a été relancé car le projet européen EPI a abandonné l'idée de créer un scheme de carte européen pour se recentrer sur un portefeuille numérique de paiement instantané. Egalement au menu, la mise en œuvre du « PIN online » (possibilité de payer au-delà de 50 euros sans insérer la carte) ou du « click to pay » (payer en seul clic sans saisir le numéro de carte), un chantier qui traîne depuis 2016.

Lire aussi« Notre solution est une alternative à la carte bancaire » (Martina Weimert, directrice générale d'EPI)

Enfin, il s'agit d'investir dans le marketing et de promouvoir la marque CB auprès des commerçants. Une petite révolution culturelle au sein du GIE ! Cela commence par un manifeste, histoire de rappeler aux commerçants de mettre en avant l'option de paiement CB : «Payer avec CB, c'est payer "made in France" », sous-entendu moins cher. Et CB se lance même  dans le sponsoring sportif : il a signé un partenariat avec l'équipe de cyclisme féminin FDJ-Suez !

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Commentaires 4
à écrit le 05/09/2023 à 8:45
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On comprend pas trop pourquoi ces marques qui ont une forme de monopole gaspillent leur argent en sponsoring alors qu'elles ne parlent pas aux gens alors que ce sont les banquiers qui le décident pour nous. Jamais un concurrent ne nous est proposé !

à écrit le 05/09/2023 à 8:26
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Pas dans la cible , je fuis les manisfestations de populeux braillards et avinés … rien à cirer du rugby- à fric ou des Jo 2024 qui vont nous coûter 10 milliards et sans doute raison de la réforme des retraites passées et à venir. Que pour les mas...

à écrit le 05/09/2023 à 7:14
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Pas concerne, je n'ai que KBE et AMEX. Visa, connais pas.

le 05/09/2023 à 12:39
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Vous si prompt à critiquer les usa vous avez l émanation du produit yankee Amex .. lol vous n êtes pas à une contradiction prêt ….

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