Deutsche Bank va-t-elle devenir une holding ?

La première banque allemande songerait à une restructuration qui permettrait de séparer ses activités banque de détail et banque d’investissement. Une modification censée faciliter la fusion de l’établissement avec un concurrent, alors que les rumeurs d’un rapprochement avec Commerzbank se font de plus en plus insistantes.
Estelle Nguyen
Ces derniers mois, Deutsche Bank avait déjà pris des mesures laissant présager une séparation de ses divisions, avec l'introduction en Bourse de sa filiale de gestion d'actifs, Deutsche Asset Management rebaptisée DWS, en mars dernier.
Ces derniers mois, Deutsche Bank avait déjà pris des mesures laissant présager une séparation de ses divisions, avec l'introduction en Bourse de sa filiale de gestion d'actifs, Deutsche Asset Management rebaptisée DWS, en mars dernier. (Crédits : Denis Balibouse)

Une transformation pour se relancer ? Deutsche Bank, qui souhaite tourner la page de trois années de pertes consécutives et de plusieurs milliards de dollars d'amendes, réfléchirait à devenir une société holding. Selon des sources proches du dossier citées par Reuters et Bloomberg, l'établissement bancaire allemand envisagerait de se réorganiser en trois différentes entités : la banque d'investissement, la banque de détail et la gestion d'actifs. Une réunion entre le directoire et le conseil de surveillance du groupe est prévue ce vendredi 14 septembre à Hambourg pour discuter de cette éventualité. Deutsche Bank s'est refusée à tout commentaire.

Cette séparation pourrait favoriser l'adossement de l'établissement allemand à un concurrent. Commerzbank est souvent citée comme un possible fiancé. En début de semaine, les rumeurs d'un mariage entre les deux principales banques allemandes ont d'ailleurs été relancées par le journal Spiegel, qui affirmait qu'elles étaient de plus en plus ouvertes à cette idée.

À Francfort, le titre Deutsche Bank, qui devrait très probablement sortir de l'indice Euro Stoxx 50 le 24 septembre prochain, gagne plus de 1,8% à 9,82 euros à un peu plus d'un heure de la clôture ce 13 septembre.

Une transformation souhaitée par les régulateurs

Cette structure de holding, qui serait « comme un chapeau recouvrant des entités séparées » selon Reuters, permettrait à Deutsche Bank de se doter d'un modèle d'organisation calqué sur celui des banques américaines, à l'image de JPMorgan Chase. Selon Bloomberg, les régulateurs seraient demandeurs d'une telle transformation, estimant qu'elle représenterait un moyen de scinder plus facilement des établissements en cas de crise, afin d'éviter que les épargnants soient affectés par les difficultés de la banque de marchés, par exemple.

« Les holdings bancaires non opérationnelles offrent une flexibilité stratégique et peuvent aider les banques à répondre aux exigences des régulateurs », a expliqué Jan-Alexander Huber, associé et expert bancaire chez Bain & Co, cité par Bloomberg.

Selon des sources de Bloomberg, le passage à cette structure se heurterait toutefois à des difficultés réglementaires. Les sources citées par Reuters précisent également que plusieurs interrogations restent encore en suspens sur la manière dont la holding fonctionnerait et qu'aucune décision n'a encore été prise. D'autant plus que la direction ne considère actuellement pas ce changement comme une priorité absolue.

Introduction en Bourse de la gestion d'actifs

Ces derniers mois, Deutsche Bank avait déjà pris des mesures laissant présager une séparation de ses divisions. En mars dernier, elle a introduit en Bourse sa filiale de gestion d'actifs, Deutsche Asset Management rebaptisée DWS, dont elle a cédé 22,25% du capital, empochant au passage 1,4 milliard d'euros. Elle a aussi engagé une fusion de ses activités de banque de détail, sous sa marque propre et celle de Postbank.

Après l'arrivée d'un nouveau directeur général, Christian Sewing, en avril dernier, le géant bancaire allemand avait annoncé une restructuration en profondeur de son activité de banque d'investissement. Cette réorganisation visait à ramener ses effectifs mondiaux en dessous de 90.000, soit environ 7.000 de moins qu'au début de l'année. Ces coupes concernaient notamment certaines activités à risque situées essentiellement aux États-Unis et en Asie.

Les investisseurs semblent attendre de voir les résultats de cette nouvelle cure minceur. Deutsche Bank a vu sa capitalisation fondre de près de 30% en un an, en-dessous de 20 milliards d'euros.

Estelle Nguyen

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Commentaires 3
à écrit le 16/09/2018 à 10:02
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Deutsche Bank fait courir un réel risque systémique à l'Europe. Son mariage avec Commerzbank fait penser au mariage d'un grabataire avec un malade. La question à se poser est : Dans quel état est le système financier allemand? La réponse est connu :...

à écrit le 14/09/2018 à 15:27
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Un contre exemple de l’orthodoxie Allemande ? La logique voudrait qu’il y ait une restructuration, depuis le temps … mais faut-il les marier ou au contraire les séparer ? A se demander pourquoi ils ne l’ont pas recapitalisé plus tôt. En Allemagne ...

à écrit le 13/09/2018 à 18:47
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Toutes les banques le savent, le premier risque est devenu le risque Juridique.. alors, on s'organise. Nul besoin de chercher d'autres raisons improbables...

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