Régulation : « L'hyperprudence a un hypercoût »

La régulation des secteurs bancaires et assurantiels, avec Bâle 3 et Solvabilité 2, pourrait bien conduire à "credit crunch", selon le constat de différents intervenants à la conférence Solvabilité 2.
Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d'assurance, Copyright Reuters

L'impact de la régulation du secteur financier sur le financement de l'économie ne sera pas neutre. C'est le constat des différents intervenants à la 4ème conférence européenne sur Solvabilité 2, qui se tient ce vendredi 7 décembre 2012 à la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA).
Dans son discours d'introduction, Bernard Spitz, son président, n'aurait pas pu être plus clair au sujet de la future entrée en vigueur de Solvabilité 2 : "Une réforme mal conçue pourrait avoir des conséquences dramatiques. [...] Une mauvaise réforme entraverait la capacité des assureurs à faire leur métier, et fragiliserait aussi l'investissement de long terme dont nos économies ont tant besoin pour le redressement de la compétitivité". Il forme notamment le v?u d'une régulation contra-cyclique, qui ne viendrait donc pas amplifier la volatilité des marchés.

"Le premier credit crunch réglementaire de l'histoire"

"Notre position n'a pas bougé. Lors de la première conférence, nous prévenions que l'hyperprudence a un hypercoût. A la deuxième, nous mettions en garde contre les dangers du court-termisme. Et l'an dernier, nous nous demandions si la l'Europe était vraiment prête à assumer une pro-cyclicité excessive", ajoute Bernard Spitz.
En effet, tandis que les assureurs investissent une grande partie de leurs actifs sur des engagements de long terme, Solvabilité 2 les oblige à les comptabiliser chaque année en valeur de marché. D'où cette demande récurrente de contra-cyclicité de la part des assureurs.
Quant à l'impact sur le financement de l'économie, Lionel Zinsou, président de PAI Partners estime que Bâle 3 et Solvabilité 2 "nous préparent le premier credit crunch réglementaire de l'histoire".

L'augmentation des fonds propres a un prix

Alors que l'économie française est perfusée au crédit bancaire, la réglementation empêche les banques d'ouvrir en grand les vannes du crédit. "Bâle 3 a multiplié par sept les obligations de fonds propres des banques. Et la course aux ratios des bons élèves a un prix : la difficulté à lever des capitaux frais. Pour satisfaire à leurs obligations, les banques peuvent soit augmenter leur productivité et mettre en réserve leurs bénéfices, soit réduire le volume de leurs actifs, c'est-à-dire les crédits à l'économie. Et c'est justement ce qui se passe", constate Jacques de Larosière, président d'Eurofi et de l'Observatoire de l'épargne européenne.
En ce qui concerne les assureurs, la détention d'actions est quant à elle pénalisée dans le cadre de Solvabilité 2, du fait d'une charge en capital dissuasive.
"L'équilibre entre la sécurité et l'efficacité est toujours difficile à trouver. Il faut donner plus de flexibilité et de contra-cyclicité à des prises de risques limitées, mais essentielles au financement de l'économie. On ne peut pas passer du jour au lendemain d'une économie financée par les banques à une économie financée par les marchés !", conclut Jacques de Larosière.
 

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Commentaires 16
à écrit le 07/12/2012 à 19:25
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la connerie et l'incompetence du gouvernement aussi , a un prix , ce sont le francais qui trinquent

à écrit le 07/12/2012 à 14:52
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Je pense que l'excès de régulation nuit à l'activité économique et nous avons des banques et des compagnies d'assurances globalement en bonne santé. Pourquoi alors augmenter la régulation ? Surtout pour les assureurs qui ont démontré leur solidité au...

le 07/12/2012 à 16:23
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Lehman ... Ca vous dit quelque chose..?? Bonne crise à vous, néanmoins.

le 07/12/2012 à 17:35
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lehman etait aux us, reglementation differente . encore un qui confond tout..;

à écrit le 07/12/2012 à 13:17
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"credit crunch" = pénurie de crédit = resserrement du crédit = étranglement du crédit = limitation du crédit

le 07/12/2012 à 15:07
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= baisse des investissements = ruptures de trésorerie = dépôts de bilan = chômage = récession = pas grâve on a régulé.

à écrit le 07/12/2012 à 12:56
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"contre les dangers du court-termisme" ... magnifique. Soufflant. Extraextraordinaire. merveilleux. Il a raison, notez, d'être aussi gonflé. Ou alors est-ce "à cela qu'on les reconnait"..?? Jemeldemande.. Franchement : pourquoi avoir besoin d'un quel...

le 07/12/2012 à 13:22
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Pauvre France, quand je lis ce genre de commentaires...Attaquez vous à des sujets à votre portée, bâle 3 réduit de facto la capacité de financement des banques via le renforcement de l'allocation de fonds propres associés aux engagement consentis alo...

le 07/12/2012 à 14:29
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C'est une très bonne chose que l'on oblige les banques à augmenter et renforcer leurs fonds propores elles ont fait n'importe quoi ces dernières années et les gouvernements ont été là pour les soutenir. On parle de crédit crunch, mais j'espère que ca...

le 07/12/2012 à 14:57
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Vous dites absolument n'importe quoi, il ne m'appartient pas de vous faire un cours sur la formation des taux de crédit immobilier (refi+coût du risque+marge négative ou positive pour aller vite) le ratio crédit/épargne est environ à 110% en France ...

le 07/12/2012 à 15:57
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"elles ont fait n'importe quoi ces dernières années et les gouvernements ont été là pour les soutenir" le debut de l'histoire c'est: les banques ont trop soutenu les gouvernements et les collectivités qui ont fait n'importe quoi.

le 07/12/2012 à 15:58
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"scinder les banques de dépots et les banques d'investissements " c'est un "contresens ou une absurdité" d'après vous, très bien, je vois bien a qui j'ai affaire, mais vous savez même si vous avez un parti pris extremement fort pour ce libéralisme de...

le 07/12/2012 à 16:20
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Sternant : expliquez-nous donc pourquoi les banques réduisent DEJA l?accès au crédit alors que les "régulations" ne sont pas encore appliquées..?? Malaise, là, non..?? (ce qui, lorsque l'on connait l'avancée de la crise est plus que normal, d'ailleur...

le 07/12/2012 à 16:45
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Yvan ce n est pas le jour où ses mesures seront appliquées que les banques devront s en soucier Le boulot d une banque le fondamental véritable c est la gestion des risques dans son ensemble (conformité aux lois incluses bien evidement mais aussi vo...

le 07/12/2012 à 17:17
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Mordraqueen, depuis fin 2008, toutes les grandes zones économiques ont resserré leurs échanges commerciaux (parfois contre les accord OMC...) et le dollar est en perte de vitesse constante dans les échanges mondiaux. D'où le malaise de plus en plus g...

le 07/12/2012 à 17:41
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pour yvan les banques sont le grand mechant loup !!! ca sent le type qui se fait harceler par son gestionnaire car son compte est en vrac le 5 du mois.. ou le vieux rapiat plein de fric sous son matelas ..

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