Bourse : malgré le sérieux coup de frein de l’économie, le CAC 40 a bondi de 16,52% en 2023

L'indice phare de la Bourse de Paris, le CAC 40, a terminé 2023 à 7.543,18 points, soit un gain de 16,52% sur l'année, sa troisième meilleure performance sur les dix dernières années grâce notamment au reflux de l'inflation et aux perspectives de baisse des taux l'an prochain. L'année a également été excellente pour les autres Bourses mondiales, à l'exception de la Chine.
(Crédits : CHARLES PLATIAU)

Article publié le 29 décembre à 19h30 et mis à jour le 30 décembre à 00H30

Selon une enquête publiée la semaine dernière par l'Autorité des marchés financiers (AMF), les épargnants n'ont jamais été aussi nombreux qu'en 2023 à être intéressés par les investissements en Bourse. Un « regain d'intérêt » porté notamment « par les moins de 35 ans en 2023 ». Au regard du millésime 2023 du CAC 40 et du SBF 120 ou des autres places financières mondiales -sauf en Chine-, difficile de leur donner tort, sauf évidemment à avoir misé sur les mauvais chevaux. Ce vendredi, en clôturant en hausse de 0,11%, l'indice phare de la Bourse de Paris a terminé à 7.543,18 points, soit un gain de 16,52% sur l'année, sa troisième meilleure performance sur les dix dernières années grâce notamment au ralentissement de l'inflation. En prenant en compte le versement des dividendes, le gain pour un investisseurs dépasse même 20 %. L'indice élargi de la Bourse de Paris, le SBF 120, gagne lui 15,26% en 2023. Largement au-dessus des rendements de n'importe quel autre placement. Un paradoxe, alors que l'économie française (et européenne) est bord de la récession, contrairement aux Etats-Unis qui ont réussi à vaincre l'inflation en maintenant une croissance solide.

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Stellantis signe la plus forte progression

Pour les actionnaires du constructeur automobile Stellantis, le cours de Bourse a bondi de 59,34%, la meilleure progression du CAC. L'année a également été un excellent millésime pour le spécialiste des matériaux de construction Saint-Gobain (+46,02%) et le géant de la publicité Publicis (+41,37%). Au total, douze groupes ont progressé de plus de 30% sur l'année. A l'inverse, six ont vu leur action reculer, et même dégringoler comme Alstom, plombé par des difficultés commerciales et financières, qui a perdu plus de 46% de sa valeur boursière sur l'année. Même chose pour Teleperformance (-40,70%) et Worldline, (d'ailleurs sorti du CAC mi-décembre) qui a vu son action plonger de 57,10% sur l'année. Côté valorisation, le podium est raflé par les entreprises du luxe : LVMH (+7,90% sur l'année) reste l'entreprise dont la valeur en Bourse est le plus importante parmi celles cotées à Paris (368 milliards d'euros), devant l'Oréal (240 milliards, +35,09%) et Hermès (200 milliards,+32,79%). LVMH a aussi battu le record de valorisation pour une entreprise européenne, dépassant les 500 milliards de dollars en avril, mais a depuis perdu son trône de première capitalisation européenne au profit du laboratoire danois Novo Nordisk.

La bonne performance du CAC 40 confirme la tendance de la désinflation tout au long de l'année. Grâce à cela, les investisseurs sont désormais convaincus que les banques centrales ont la voie dégagée pour baisser leurs taux directeurs après les avoir vivement remontés depuis 2022, et avoir fait une pause en deuxième partie de 2023. Cette conviction a fait fortement baisser les taux d'intérêt des Etats. L'emprunt français à échéance dix ans, celle qui fait référence, termine l'année autour de 2,56%, un net regain en deux jours mais très loin de son pic d'il y a deux mois, à près de 3,60%.

Le reste de l'Europe également dynamique, sauf Londres

Ailleurs en Europe, les indices boursiers ont progressé légèrement vendredi pour embellir un peu plus leur bilan de 2023. Francfort, dont l'indice est calculé en dividendes réinvestis contrairement à Paris, termine sur un gain de 20,31% et Milan de 28,03%. Les indices pan-européens Eurostoxx 50 (+19,19%) et Eurostoxx 600 (+12,74%) signent tous deux leur troisième meilleure performance sur les dix dernières années. A Londres, le FTSE 100 est resté en retrait, ne signant qu'une progression de 3,78%.

En Asie, l'indice vedette Nikkei de la Bourse de Tokyo n'a pas brillé vendredi (-0,22%), mais il a accompli un bond de 28,2% en 2023, meilleure performance annuelle depuis dix ans. A Hong-Kong, le Hang Seng a vécu une quatrième année de déclin (-13,82%), la Chine restant boudée des investisseurs en raison d'une reprise économique moins dynamique que prévu, des fragilités de l'immobilier et de l'absence de plan de relance massif des autorités.

Les « Sept Magnifiques » de l'intelligence artificielle

Aux Etats-Unis, l'indice Dow Jones a cédé vendredi 0,05% à 37.689,54 points. Le Nasdaq, à forte coloration technologique a reculé de 0,56% à 15.011,35 points et le S&P 500, à seulement 1% de son record historique, a lâché 0,28% à 4.769,83 points.

Mais sur l'ensemble de l'année, porté par le ferme espoir que l'économie va atterrir en douceur après avoir terrassé l'inflation, le Dow Jones gagne presque 14%. Le S&P 500, le plus représentatif du marché, est à 1% de son plus haut historique de janvier 2022, en progrès de 24% sur l'année. Le Nasdaq quant à lui, dopé par la performance des « Sept Magnifiques » - les mégacapitalisations de la technologie liée à l'intelligence artificielle, Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, Tesla, Nvidia), s'est envolé de 43%. Au sein des indices boursiers, les rois de 2023 sont en effet les entreprises liées à l'intelligence artificielle (IA). Leader du marché des semi-conducteurs utilisés pour le développement de l'IA générative, Nvidia a vu sa valeur plus que triplée en Bourse, pour atteindre 1.220 milliards de dollars, soit la sixième plus grosse entreprise au monde en termes de capitalisation boursière.

La Bourse à la cote chez les Français

Les épargnants français, et surtout les personnes de moins de 35 ans, se sont de nouveau intéressés à la Bourse en 2023, après avoir un peu boudé les placements en actions l'année dernière, selon une étude de l'AMF, le gendarme boursier français, parue le 22 décembre. Parmi les 2.386 personnes qui ont répondu à un questionnaire de l'Autorité des marchés financiers (AMF), 32% se disent intéressées par les placements en actions, ce qui est le pourcentage le plus élevé depuis la création de ce baromètre de l'épargne et de l'investissement.

En 2022, seulement 25% des personnes interrogées avaient montré de l'intérêt pour l'investissement dans des actions. L'intérêt pour la Bourse est encore plus marqué chez les personnes de moins de 35 ans, dont 43% s'intéressent aux actions cette année, soit 13 points de pourcentage de plus qu'en 2022.

« Après une forte baisse constatée en 2022, les épargnants sont plus nombreux en 2023 à envisager d'investir en actions », un « regain d'intérêt » porté notamment « par les moins de 35 ans en 2023 », selon le baromètre de l'AMF.

Cependant, les connaissances de ces épargnants concernant les marchés financiers n'ont pas progressé aussi vite que leur intérêt.

Seulement 11% des personnes sondées ont bien répondu à trois questions sur des principes fondamentaux d'épargne. Ils étaient 12% en 2022. Et la règle selon laquelle plus un placement rapporte, plus il est risqué, n'est connue que de 59% des Français interrogés, une proportion en baisse par rapport à 2022 (69%). Pourtant quatre personnes sur dix considèrent « s'y connaître » en « produits d'épargne et des placements financiers ».

Parmi les répondants, 15% ont été victimes d'une escroquerie. Là aussi le phénomène concerne plus fortement les moins de 35 ans. Ces chiffres inquiètent la présidente de l'AMF, Marie-Anne Barbat-Layani. Citée dans un communiqué du gendarme boursier, elle met « particulièrement en garde les plus jeunes contre les informations et offres qui circulent sur les réseaux sociaux, parfois relayées par des influenceurs ».

(AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 30/12/2023 à 14:18
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chaque fois qu'une action se prend une gamelle, on la sort de l'indice et on la remplace.Ouste Atos, Worldline etc. Avoir la performance des valeurs constituant l'indice au 1er janvier 2023 arrivée à la fin de l'année donnerait une meilleure vision d...

le 30/12/2023 à 17:56
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La bourse n'est que le reflet de la confiance qu'ont les acteurs dans l'économie du futur. Ce n'est qu'anticipation. Il arrive plus d'une fois que l'épargnant se trompe.

à écrit le 30/12/2023 à 13:31
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Pendant ce temps le Nasdaq américain a pris 46¨%. Content d'avoir des actions étrangères !

à écrit le 30/12/2023 à 7:41
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Une déconnexion de la finance avec le réel débutée depuis belle lurette, c'était un outil particulièrement prometteur cette finance mais nos oligarchies en ont fait un véritable cauchemar pour l'humanité. Nietzsche nous avait prévenu.

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