Les hackers de Colonial Pipeline ont vu s'envoler plus de la moitié de la rançon grâce à la blockchain

Longtemps décrit comme un repère de criminels en tous genres, le Bitcoin, et la technologie de la blockchain sur laquelle il repose, a pourtant permis aux autorités américaines de retracer les transactions opérées par les pirates avec l'argent de la rançon.
Avec le bitcoin, le registre qui enregistre les transactions ne demande pas aux utilisateurs de révéler leur identité. En revanche, la blockchain est aussi publique : tout le monde peut la télécharger.
Avec le bitcoin, le registre qui enregistre les transactions ne demande pas aux utilisateurs de révéler leur identité. En revanche, la blockchain est aussi publique : tout le monde peut la télécharger. (Crédits : Steve Marcus)

Le Bitcoin est-il en train de s'offrir une nouvelle réputation ? La cryptomonnaie reposant sur le registre de comptes numérisés de la blockchain, a permis de récupérer 2,3 millions de dollars sur un total de 4,4 millions de rançon versée aux hackers qui ont mis hors service les oléoducs de l'Américain Colonial Pipeline, a indiqué le ministère de la Justice américain. Grâce à la traçabilité, inscrite dans le principe de la blockchain, qui enregistre instantanément chaque information échangée, le groupe de cybercriminels DarkSide s'est en effet vu capter une partie de son butin payé en bitcoins par les autorités, qui ont retracé leurs transactions financières, a déclaré la ministre adjointe de la Justice Lisa Monaco.

Le 7 mai, Colonial Pipeline, le plus grand exploitant d'oléoducs pour produits raffinés aux États-Unis, avait été victime d'une cyberattaque sur son système d'oléoducs, provoquant une ruée dans les stations services. Pour rétablir les failles provoquées dans le système de l'opérateur, les pirates que le président Joe Biden a rattaché à la Russie, avaient demandé le paiement d'une rançon.

Comment l'opération a-t-elle été possible, tandis que le Bitcoin n'est régit par aucune norme d'identification de type KYC (Know Your Customer) du monde financier traditionnel ? Cette complexité hors du système avait d'ailleurs été pointée du doigt en France, en 2020, lorsque le ministre de l'Economie Bruno Maire l'accusait, à cause de son principe d'anonymat, de participer au financement du terrorisme.

La blockchain publique renseigne sur les propriétaires des comptes

De fait, pour un paiement bancaire classique, la police peut se tourner vers la banque qui a envoyé ou reçu l'argent. Mais pour le Bitcoin, le registre qui enregistre ces transactions ne demande pas aux utilisateurs de révéler leur identité.

En revanche, la blockchain est aussi publique : tout le monde peut la télécharger, observer ses transactions et ensuite essayer de deviner à qui appartiennent les adresses anonymes où arrivent les bitcoins.

Ainsi, si certains utilisateurs mettent leurs bitcoins à l'abri sur un portefeuille hors-ligne, telle une clef USB ou un disque dur, ceux de Darkside étaient toujours liés à un compte en ligne, dont les autorités américaines affirment avoir récupéré la clef, sans préciser si elles ont piraté le compte des pirates ou si un informateur leur a envoyé ce sésame.

De quoi faire reculer les activités criminelles liées aux cryptomonnaies ? C'est ce qu'observe Chainalysis, un cabinet spécialisé de l'analyse de la blockchain, selon lequel ces activité ont chuté à 0,34% du volume mondial de transactions en 2020, soit environ 10 milliards de dollars. En 2019, ces financements - principalement des escroqueries - et transactions illicites pesaient 2,1% du volume global, selon son « Crypto Crime Report 2021 ».

Trump qualifie le bitcoin d'escroquerie

« Les cryptomonnaies gardent un attrait pour les criminels, principalement à cause de leur anonymat et de la facilité qu'il y a à envoyer des fonds à travers le monde et ce, malgré leur nature transparente et traçable », y explique le cabinet.

L'ancien président américain Donald Trump a d'ailleurs qualifié le bitcoin d'« escroquerie » qui faisait « concurrence au dollar » lors d'une intervention sur la chaîne de télévision Fox Business.

Le prix du bitcoin retrouvait quelques couleurs mercredi (36.540 dollars) après avoir failli passer sous le plancher des 30.000 dollars, ce qui ne lui est plus arrivé depuis le mois de janvier.

Entre le début de l'année dernière et son pic, atteint mi-avril à 64.870 dollars, le cours du bitcoin a gagné près de 800%. Depuis, la cryptomonnaie a perdu plus de 50%.

(Avec AFP)

Lire aussi 5 mnLes cryptomonnaies: l'argent des criminels?

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Commentaires 5
à écrit le 15/06/2021 à 10:18
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<a href="https://yanrefitness.fr/">À mon avis, le bitcoin est sous le contrôle étroit des États-Unis qui suivent toutes les transactions importantes. </a>

à écrit le 10/06/2021 à 9:50
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<a href=”https://yanrefitness.fr/”>Bel article. Merci </a>

à écrit le 09/06/2021 à 21:55
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Dans cette histoire il faut bien comprendre une chose: les hackers ne sont pas stupides, ils connaissent la traçabilité du bitcoin et visiblement elle n'a pas été un problème. L’intérêt du bitcoin c'était de déplacer l'argent d'un point A à un point ...

à écrit le 09/06/2021 à 19:03
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A mon avis, le bitcoin est sous contrôle étroits des USA qui suivent toutes les transactions d'importance. Comme l'histoire des téléphones anonymisés....

à écrit le 09/06/2021 à 18:45
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Bitcoin piège à co(i)ns.

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