Polluer avec Elon Musk et les « mineurs » de bitcoin chinois

EDITO. Votre Tribune de la semaine. Nous vous proposons chaque samedi ce nouveau rendez-vous éditorialisé, pour y faire le récit de l’époque, comprendre les grandes tendances de l’économie et vous projeter dans l’avenir avec le meilleur de La Tribune et de ses journalistes.
Philippe Mabille
(Crédits : DR)

Ne dites plus « je spécule sur les cryptos » mais « je pollue avec Elon Musk dans une « mine » à charbon chinoise ». Depuis que le fondateur de Tesla s'est rendu compte que sa proposition de payer sa voiture électrique en bitcoin avait un bilan carbone désastreux, rien ne va plus pour la monnaie digitale. Coup de com' du trublion ou, comme l'affirme dans notre interview un expert acquis à la cause, les conséquences des « pressions » menées par les anti-bitcoins ? Preuve, s'il en est, que le bitcoin, qui représente déjà la consommation énergétique de l'Italie, devient un problème macro et politique.

Que s'est-il passé entre le 24 mars, lorsque le fantasque milliardaire a lancé sur Twitter son « you can now buy a Tesla with bitcoin » et son changement de pied de cette semaine ? Réponse : 1 milliard de dollars de gains sur son investissement de 1,5 milliard dans la crypto-vedette et surtout une volée de bois, vert évidemment, de la part de quelques détracteurs qui ont fait les comptes : comme le mix énergétique en Chine utilise principalement des centrales à charbon, il y a là de quoi remettre en cause la lutte contre le réchauffement de la planète. Tout cela en quelques clics...

> Pour recevoir « Votre Tribune de la semaine » chaque samedi à 8 heures, cliquez ici.

La transition verte n'est pas un gadget de com


Cette mauvaise publicité pour le roi de la transition énergétique n'empêche pas la voiture électrique de rester à la pointe de l'innovation. Ainsi, raconte Nabil Bourassi, Michelin développe une nouvelle gamme de pneus pour économiser l'énergie de ce type de véhicule. Une façon aussi de reconquérir un marché dominé par la concurrence des pneus low cost... chinois.

Car la transition verte n'est pas un simple gadget. Juliette Raynal salue l'initiative French Tech Green 20, lancée par le gouvernement et destiné à favoriser l'émergence et l'industrialisation de technologies de pointe au service de l'environnement et du climat. Les vingt sociétés lauréates, sur près de 200  candidates, ont été sélectionnées selon leur impact environnemental ainsi que sur leur capacité à se développer rapidement à grande échelle.

La transition écologique devient la nouvelle réalité de notre époque. Première à prendre cette initiative, l'industrie chimique a dévoilé, dans une feuille de route de décarbonation, les grandes lignes des futures étapes de sa stratégie pour réduire d'au moins 26% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 par rapport à 2015. Elle s'appuie sur la mobilisation de leviers déjà matures, mais aussi des technologies de rupture comme l'hydrogène ou le stockage de CO2, explique Marine Godelier.

Décarboner, oui, mais il faut tenir compte de tous les acteurs. En Bretagne, dans la Baie de Saint-Brieuc, les pêcheurs de coquilles Saint-Jacques s'opposent bruyamment à un projet d'éolienne en mer. Un des nombreux sujets politiques qui divise les Bretons à l'approche des élections régionales et que décrypte notre correspondante à Rennes Pascale Paoli-Lebailly.

Reste que l'éolien flottant en mer fait partie de la panoplie indispensable pour atteindre la neutralité carbone en France. Même si d'autres solutions moins agressives visuellement sont mises en place, à l'exemple de l'hydrolien près de La Hague où circule le plus puissant courant marin d'Europe, explique Nathalie Jourdan en Normandie.

Du 11 au 24 octobre prochain aura lieu la COP 15 sur la biodiversité à Kunming en Chine. Dans une enquête sur la façon dont se prépare cet événement, Patrick Cappelli a constaté les retards pris par les entreprises dans la lutte contre les atteintes à la biodiversité. Nous avons aussi interrogé Véronique Andrieux, directrice générale du WWF qui milite pour la création d'une réglementation européenne qui interdise la mise sur le marché européen des produits liés à la déforestation. Selon elle, « en continuant à déforester, nous créons les conditions idéales pour la prochaine pandémie ».  

Bref, si payer sa Tesla en bitcoin ne fera pas avancer la cause de la planète, si Elon Musk n'est sans doute pas le champion du monde de la RSE, l'important est que l'intéressé s'en rende compte à temps. C'est la force de l'époque actuelle que de générer des contre-pouvoirs et de la transparence. Sylvain Rolland raconte comment de plus en plus d'entrepreneurs réclament une réforme des critères de sélection des startups du Next40 et du French Tech 120, pour passer à des critères extra-financiers, comme le climat.

Pour en finir avec cette chronique écolo de la semaine de La Tribune, vous pouvez aussi écouter ce week-end le podcast que nous avons enregistré avec notre partenaire l'institut Sapiens : ESS et économie à impact, un remède pour une croissance durable.

Et si vous n'en avez pas assez, branchez-vous jeudi prochain sur la tribune.fr pour suivre les débats de notre forum « RSE, le temps des actes »... et des preuves. Le 20 mai, avec La Tribune, Partageons l'économie !



Philippe Mabille

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 7
à écrit le 16/05/2021 à 23:30
Signaler
ah ah ! Musk s'est fait 1 milliard (de dollars bien classiques) en 7 semaines en manipulant le Bitcoin. Phase 1 : il achète en douce plein de Bitcoin pas cher. Phase 2 : il fait une déclaration publique tonitruante sur l'avenir radieux du Bitcoin. P...

à écrit le 16/05/2021 à 12:50
Signaler
Il est bon de rappeler que pour l'écologie politique française, macroniste ou non, il n'y a pas de fumée, donc ça ne pollue pas. Fin du débat. 😁

à écrit le 15/05/2021 à 16:35
Signaler
Ce qui consomme cette énergie ce n’est pas les Bitcoins, c’est la technologie Blockchain dont l’architecture même est énergivore et donc sans avenir. Pas besoin de Blockchain pour acheter et vendre des Euros et des Dollars.

le 16/05/2021 à 9:38
Signaler
C'est l'élément qui donne justement le plus de valeur au bitcoin, à savoir sa traçabilité notion qui manque singulièrement au dollars et à l'euro surtout bordées de dettes. Si ces monnaies n'avaient pas été autant affaiblies par la finance le bitcoin...

à écrit le 15/05/2021 à 12:05
Signaler
L’électricité n’est qu’un moyen de de transporter l’énergie. Si elle provient de centrales à charbon, à fuel ou même à gaz mieux vaut alors mettre de l’essence directement dans le réservoir de votre voiture. En revanche, si la production de l’élect...

à écrit le 15/05/2021 à 10:49
Signaler
Le problème est là où on veut le voir. Le Bitcoin consomme à son maximum 150 TWh jusqu'à aujourd'hui quand l'Europe consomme 50TWh uniquement à cause des appareils laissé en veille... (la France : l'équivalent de 2 centrales nucléaires). Je ne parle ...

à écrit le 15/05/2021 à 10:19
Signaler
"Preuve, s'il en est, que le bitcoin, qui représente déjà la consommation énergétique de l'Italie, devient un problème macro et politique" C'est énorme et Musk devait forcément le savoir avant, maintenant, plutôt que de spéculer sur les intention...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.