Les banques s'allient avec les Gafa pour accélérer dans le cloud

HSBC vient de nouer un partenariat avec Amazon web services (AWS), la branche informatique d'Amazon, pour accélérer sa transformation numérique. Ce partenariat n'est pas isolé et s'inscrit dans une tendance de fond. Surtout, il intervient quelques jours après que Deutsche Bank ait dévoilé un accord similaire avec Google Cloud. En France, les banques, elles aussi, se tournent vers des géants du web pour transformer leur informatique.
Juliette Raynal
HSBC a noué un partenariat stratégique avec Amazon web services (AWS), la branche informatique d'Amazon, pour accélérer dans le cloud.
HSBC a noué un partenariat stratégique avec Amazon web services (AWS), la branche informatique d'Amazon, pour accélérer dans le cloud. (Crédits : Pascal Rossignol)

C'est un paradoxe. Alors que les géants de la tech sont souvent présentés comme une nouvelle menace pour les banques traditionnelles, les partenariats entre les établissements bancaires et les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) se multiplient dans le cloud. Dernier exemple en date : l'accord passé, sur plusieurs années, entre la banque sino-britannique HSBC et Amazon web services (AWS), la branche informatique de l'e-commerçant, rendu public le 15 juillet dernier.

"HSBC a choisi AWS comme fournisseur de cloud stratégique à long terme pour conduire sa transformation numérique et fournir des services bancaires nouveaux et personnalisés", a annoncé dans un communiqué l'entreprise de Jeff Bezos.

Développer de nouveaux services bancaires

Le cloud computing (ou informatique dans les nuages en bon français) permet de stocker des données ou des capacités de calculs dans des serveurs. Celles-ci deviennent alors accessibles à la demande et en temps réel grâce à une connexion Internet. Cette technologie, que nous, particuliers, utilisons quotidiennement sans même nous en rendre compte (en consultant notre messagerie en ligne, en jouant à des jeux vidéo en réseau ou en visionnant un film en streaming) est également utilisée par les entreprises de tous les secteurs industriels, attirées par une informatique moins onéreuse et plus souple, y compris les banques.

Dans le cadre de ce partenariat, dont le montant n'a pas été révélé, HSBC prévoit d'utiliser la technologie d'Amazon "dans tous les secteurs d'activité de la banque, en commençant par les applications destinées aux clients et la modernisation des applications dans son activité Global Wealth & Personal Banking [gestion de fortune et finances personnelles, ndlr]", détaille le communiqué.

Lire aussi : Pourquoi les banques cèdent aux sirènes du « cloud »

Tendance de fond

Ce partenariat stratégique n'est pas isolé et s'inscrit dans une tendance de fond, la quasi totalité (97%) des grandes banques dans le monde ayant entamé une réflexion sur leur stratégie cloud, selon l'étude Cloud and Clear d'Accenture.  Surtout, il intervient seulement quelques jours après que Deutsche Bank ait dévoilé un accord similaire avec Google Cloud, qui doit encore être approuvé par le régulateur européen. Le 7 juillet dernier, les deux entreprises ont expliqué dans un communiqué de presse commun vouloir "créer la prochaine génération de produits financiers basés sur la technologie".

En France, les banques, elles aussi, se tournent vers les géants du web pour accélérer dans le cloud. Leur approche reste toutefois plus prudente, ces dernières ne souhaitant pas basculer toute leur informatique dans un cloud public, dont les serveurs sont gérés par un fournisseur spécialisé pour le compte de plusieurs entreprises.

Ainsi, si Société Générale s'est tournée vers Amazon et Microsoft, seule une part minoritaire de son informatique sera effectivement déléguée à ces fournisseurs de cloud public, la banque de La Défense privilégiant une logique de cloud privé, c'est-à-dire avec ses propres serveurs situés en interne. De son côté, BNP Paribas a opté pour une solution intermédiaire en construisant, en partenariat avec IBM, un cloud dédié afin de basculer 80% de son informatique dans les nuages à l'horizon 2022.

Une myriade de services autour des données

En ayant recours aux plateformes cloud des géants de la tech, les banques bénéficient de services supplémentaires, notamment autour de l'analyse de données, leur permettant de gagner en productivité.

« Ce sont des acteurs qui dépensent plusieurs milliards de dollars dans l'IA et dont les moteurs d'analyse permettent de mieux comprendre les données », nous expliquait précédemment Carlos Gonçalves, directeur des infrastructures informatiques de Société Générale.

Microsoft, par exemple, propose des solutions qui permettent de retranscrire automatiquement la voix, d'identifier instantanément des informations sur un document, comme le montant d'une facture et l'identité de son émetteur, ou encore d'évaluer le montant exact de la réparation d'un véhicule endommagé à partir d'une photo.

Lire aussi : Transition vers le Cloud, les défis qui s'imposent aux DSI

Générer des économies

En s'alliant à Google, Deutsche Bank assure ainsi qu'elle "aura également un accès direct à une science des données, à l'intelligence artificielle et à l'apprentissage automatique de premier plan mondial afin de fournir de meilleurs services aux clients". HSBC explique, elle aussi, qu'elle bénéficiera des capacités d'AWS dans des domaines comme le calcul, les bases et l'analyse de données ou encore l'apprentissage automatique et la sécurité.

Ce passage à l'informatique dans les nuages doit ainsi permettre aux banques de réaliser d'importantes économies. Chez Soc Gen, le plan de transformation de l'entité Global Technology Services, le centre de services partagés interne au groupe, pourrait permettre de dégager 100 millions d'euros d'économies chaque année. « La totalité des gains ne provient pas uniquement du cloud, mais il y participe indirectement », précisait à La Tribune Carlos Gonçalves.

De son côté, grâce à son alliance avec la firme de Mountain View, Deutsche Bank pourrait, elle, générer un bénéfice avant intérêts et impôts de plus d'un milliard d'euros sur dix ans, selon le quotidien allemand Handelsblatt.

La sécurité informatique et la souveraineté en question

A côté de ces avantages nombreux (gains de productivité, agilité, rythme d'innovation plus soutenu), le cloud soulève l'épineuse question de la sécurité des données. A cela s'ajoute des problématiques de souveraineté lorsque les banques ont recours au cloud public. En France, par exemple, tous les établissements se sont rapprochés de géants américains. Aucun ne travaille avec un acteur européen, encore moins français.

« La plupart des fournisseurs de cloud sont étrangers et, globalement, il faut rester vigilant quant à une éventuelle dépendance à une solution », reconnaissait,  Bernard Gavgani, directeur de l'informatique chez BNP Paribas.

Lire aussi : Axa Banque veut transférer ses activités informatiques à Arkéa

Juliette Raynal

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Commentaires 5
à écrit le 21/07/2020 à 9:36
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de ce que je peux savoir disons qu'il faut voir dans le confinement ce qui s'est passé entre eux sur la question informatique, non? Du coup, elles n'aurons plus le bout de leurs propres chaines, car en bas de la société, ce que je constate est de ...

à écrit le 21/07/2020 à 2:04
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HSBC est une banque en déclin . Les banques les plus performantes ont leur propre Cloud privé et ne souhaitent pas se faire espionner par la CIA donc évitent les Cloud des GAFA...

à écrit le 20/07/2020 à 17:13
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Ils étaient déjà alliés dans le fog des paradis fiscaux...

à écrit le 20/07/2020 à 15:23
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Même pas foutues d'acheter des serveurs ! Elles doivent continuer de communiquer entre elles en morse...

le 20/07/2020 à 18:40
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loool

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