Lutte contre la fraude : la Fintech Bleckwen, spécialiste de l’IA, lève 9 millions d’euros

Née au sein de l’entreprise de cybersécurité Ercom, la jeune pousse développe des solutions d’analyse comportementale pour lutter contre la fraude dans les paiements et la criminalité financière. Elle compte déjà deux banques françaises clientes et se développe à l'international.
Juliette Raynal
Bleckwen est une spin-off de l'ETI française Ercom, spécialisée dans la cybersécurité pour les gouvernements et dont l'activité principale a été rachetée en janvier dernier par Thales.
Bleckwen est une spin-off de l'ETI française Ercom, spécialisée dans la cybersécurité pour les gouvernements et dont l'activité principale a été rachetée en janvier dernier par Thales. (Crédits : bleckwen)

Les levées de fonds se succèdent dans l'écosystème de la Fintech française. Alors que la dernière étude Pulse of Fintech France de KPMG dénombre 39 levées de fonds pour un montant total de 354 millions d'euros au cours du premier semestre de l'année (un record), une autre startup du monde de la finance vient d'officialiser un tour de table. Il s'agit de Bleckwen. Cette Fintech francilienne a levé 9 millions d'euros à l'occasion d'une opération menée par le jeune fonds parisien Ring Capital aux côtés de Bpifrance, Tempocap et Ineo. Les managers de la jeune entreprise participent également à cette augmentation de capital.

Spécialisée dans la prévention et la détection de la fraude dans les paiements, Bleckwen n'avait encore jamais fait parler d'elle. Et pour cause : il s'agit d'un spin off d'Ercom, une ETI française de 200 personnes spécialisée dans les solutions de cybersécurité pour les gouvernements. "Bleckwen a pris son indépendance en janvier dernier lorsqu'Ercom a été rachetée par Thales", précise Yannick Martel, responsable des produits, de la stratégie et de la data science chez Bleckwen.

Déceler les comportements anormaux

Fraîchement créée, la Fintech emploie d'ores et déjà 35 personnes et développe des solutions à destination des banques afin que ces dernières proposent des services complémentaires à leurs clients particuliers et entreprises. "Il arrive qu'un directeur financier d'une entreprise croie effectuer un paiement à son fournisseur alors qu'il s'agit d'une fausse facture. Notre technologie permet aux banques de détecter ce genre de fraude en décelant des comportements anormaux", illustre Yannick Martel. Si la solution détecte un événement inhabituel, l'opération de paiement est mise en attente avant d'être étudiée en middle office ou que la banque rappelle son client pour la confirmer ou non.

La solution de Bleckwen utilise des technologies d'intelligence artificielle afin d'analyser dans un premier temps des milliards d'opérations de paiement pour développer des modèles de prédiction puis pour détecter, lors de la transaction, un comportement anormal en temps réel.

Deux grandes banques françaises clientes

"Nous commercialisons notre solution via une licence par abonnement, dont le montant est compris entre quelques centaines de milliers d'euros et quelques millions d'euros par an selon le volume de paiements traités", précise Yannick Martel.

Quel intérêt pour les banques de se doter d'une telle brique technologique ? "Bien souvent, que ce soit sur le marché des particuliers ou des entreprises, les jurisprudences indiquent que c'est à la banque de prendre la perte à sa charge", répond Yannick Martel, qui précise que deux grandes banques françaises, sans les nommer, ont participé au co-développement de cette offre et en sont désormais utilisatrices.

Grâce aux fonds levés, Bleckwen entend se développer à l'international et vise en priorité le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Pays-Bas et les marchés nordiques. Cet argent frais sera aussi utilisé pour étendre son approche technologique à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. "Les banques disposent déjà de systèmes, car c'est une obligation réglementaire, mais ces derniers génèrent beaucoup de fausses alertes ce qui rend le travail assez manuel", expose Yannick Martel, qui rappelle que 4.000 milliards de dollars sont détournés et blanchis chaque année dans le monde au travers du système financier.

Elue Fintech de l'année

Basée à La Défense, Bleckwen prévoit d'employer une cinquantaine de personnes d'ici la fin de l'année. La startup vient d'être élue Fintech de l'année par l'Association bancaire pour l'euro (EBA) et espère profiter de cette exposition pour séduire rapidement de nouveaux établissements bancaires.

"Bleckwen conjugue le meilleur des deux mondes. C'est la combinaison d'une technologie de pointe et d'un top management doté d'une dimension internationale avec l'arrivée, en tant que directeur général, de David Christie, qui a participé au développement international de plusieurs Fintech", commente Thomas Marsal de Ring Capital.

Créé il y a 18 mois, ce fonds d'investissement est spécialisé dans les startups françaises en hyper-croissance. Il a déjà investi dans neuf entreprises dont Adikteev et Tiller. Bleckwen marque sa première incursion sur le terrain de la Fintech.

Juliette Raynal

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Commentaire 1
à écrit le 20/06/2019 à 10:16
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En parlant de fraude: Depuis la crise financière, l'administration fiscale s'est dotée de nombreux outils lui permettant d'améliorer ses contrôles , sous l'effet d' une transparence accrue à l'échelle internationale . Echange automatique d'inform...

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