Clarisse Magnin-Mallez, la patronne qui a surmonté la crise de McKinsey Paris

La première femme à diriger la filiale française du cabinet de conseil, nommée avant les scandales qui l’ont secoué, veut adapter le modèle pour attirer les meilleurs.
Le 14 novembre à Paris.
Le 14 novembre à Paris. (Crédits : © CORENTIN FOHLEN POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

La tempête médiatique s'est apaisée, mais d'autres vents contraires se sont levés entre-temps. Il en faudrait davantage pour que Clarisse Magnin-Mallez, première femme à diriger la filiale française de McKinsey, perde son sang-froid. Entrée en 2000, à sa sortie d'HEC, comme stagiaire chez le numéro un mondial du conseil en stratégie, cette mère de quatre enfants (« deux grands et deux petits ») y a gravi rapidement les échelons d'une carrière toujours très codifiée. Le dogme du « Up or out » - « plus haut ou dehors » - reste intangible au sein de ce géant né en 1926, qui a réalisé 15 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2022 et emploie 45 000 personnes dans les cinq continents.

Cette experte du pôle « consumer » (grande distribution, luxe, mode...), également spécialiste de l'agriculture, a été promue associée dix ans tout juste après ses débuts. Puis cooptée au sein du comité exécutif mondial en 2018 - la première Française à l'intégrer. Pour se voir enfin nommée en 2021 à la tête du bureau de Paris, qui emploie 800 consultants, pour un chiffre d'affaires de 450 millions d'euros.

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Rythmes de travail intenses

Une consécration. Mais elle a précédé de peu l'explosion d'une série de scandales. En France, concernant les impôts payés par l'entreprise et ses gains, jugés excessifs, de marchés publics. Et aux États-Unis, avec des accusations au sujet de son rôle dans la crise des opiacés, ou le profil sulfureux de certains de ses clients, dont l'Arabie saoudite. Encore peu connu du grand public à l'époque, McKinsey Paris a vu malgré lui son nom s'afficher un peu partout. Négativement.

Cette « crise réputationnelle », selon les termes de la dirigeante, a depuis été surmontée. À en juger en tout cas par deux critères clés. Tout d'abord l'attractivité intacte de « La Firme » auprès d'une cible essentielle : ses futurs salariés. « Nous recevons près de 12 000 candidatures par an, pour 100 à 150 recrutements annuels à Paris », souligne-t-elle. Mais aussi la fidélité de ses clients traditionnels, tout comme la conquête de nouveaux : dans le monde, plus de 6 000 entreprises ont choisi le numéro un du conseil ces cinq dernières années. « Nous réalisons la meilleure performance de notre secteur », dit Clarisse Magnin-Mallez.

Sa propre expérience lui inspire plusieurs décisions, notamment dans le domaine des ressources humaines. Réputée, comme les banques d'affaires, pour imposer à ses jeunes (et moins jeunes) recrues des rythmes de travail intenses, l'entreprise n'en a pas moins besoin d'écouter les demandes des nouvelles générations de consultants, si elle veut continuer à attirer les meilleurs.

« Notre modèle doit évoluer, estimet-elle. L'importance de la parentalité et les questions d'équilibre personnel sont des sujets majeurs, chez nous comme ailleurs. » Si le télétravail, la période de la crise sanitaire passée, n'est pas encouragé, la durée du congé de paternité a été augmentée à douze semaines. Tandis que celle du congé maternité s'élève à vingt-six semaines pour toutes les femmes dès le premier enfant. Et les réunions trop matinales ou trop tardives sont proscrites. « Attirer les talents, les développer et les conserver est primordial, précise la patronne du bureau de Paris. Nous exerçons un métier d'intensité qui s'apparente à la pratique d'un sport de haut niveau et exige un environnement adapté. »

Nous exerçons un métier d'intensité qui s'apparente à la pratique d'un sport de haut niveau

Clarisse Magnin-Mallez

Pour éviter de futures avanies, McKinsey (qui s'est retiré depuis un an des marchés publics) a mis en place des procédures inédites de gestion des risques et de conformité dans l'ensemble de ses bureaux, Paris compris, grâce à un budget global de 600 millions d'euros. « Les risques sont multiples, explique-telle. Le processus de sélection des clients doit être drastique » Face à des incertitudes croissantes, des enjeux de l'intelligence artificielle à ceux de la transition écologique, des crises géopolitiques aux évolutions démographiques, les grands groupes ont un besoin croissant d'y voir clair. « C'est dans ces moments que nous sommes le plus utile, estime Clarisse Magnin-Mallez. Car les décisions prises par les dirigeants engagent leurs entreprises au-delà de la durée de leur mandat. »

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Commentaires 6
à écrit le 27/11/2023 à 10:23
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La "crise" a été d'autant plus facilement surmontée que, malgré les efforts d'une poignée de sénateurs, la justice et les médias se sont désintéressés du recours abusif et coûteux aux cabinets de conseil. On se souviendra que pour quelques costumes ...

à écrit le 27/11/2023 à 0:14
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"Numéro un mondial du conseil en stratégie" Cela ne prouve en rien la compétence. La France en est la preuve tangible mais peut être que nos dirigeants n'ont pas suivi les conseil de Mckinsey ? Dans les deux cas, il ne sert à rien le cabinet. A part,...

à écrit le 26/11/2023 à 14:47
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Mc Kinsey = arnaque, conseil et macronie La Tribune = Empire Saade et macronie

à écrit le 26/11/2023 à 8:50
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Autant Goldman Sachs est une multinationale magnifique autant Mak Kinsey c'est trucage de chiffres, exploitation des salariés et discours creux à gogo, une machine financière, une énorme calculatrice orientée. Parlez moi donc d'un CV passé chez GS sv...

le 26/11/2023 à 11:45
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GS est une banque quand MK est un cabinet de conseil , rien de comparable .

le 26/11/2023 à 19:12
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Pourtant je demanderais volontiers des conseils aux cadres de chez GS mais pas à ceux de Mc Kinsey.

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