Commerce extérieur : nouvelles mesures de Bercy pour améliorer la compétitivité des exportations françaises

En matière de commerce extérieur, la France reste un mauvais élève, avec un solde toujours négatif entre ce qu'elle achète et ce qu'elle vend à l'étranger. Parmi les facteurs qui viennent expliquer cette faiblesse tricolore, celui de la complexité administrative pour les PME qui sont confrontées à de nombreuses normes, notamment sur la part du « made in France » pour obtenir des aides à l'export. Aussi, le gouvernement, en pleine croisade pour la « simplification » de l'économie, annonce une série de mesures.
Bruno Le Maire annonce de nouvelles avancées concernant la part française, comme plus de simplicité pour les déclarations des PME et ETI.
Bruno Le Maire annonce de nouvelles avancées concernant la part française, comme plus de simplicité pour les déclarations des PME et ETI. (Crédits : Reuters)

Coup d'envoi de la dixième édition de la conférence Bercy France Export qui réunit à Paris la communauté française de l'export. Plus de 500 participants se retrouvent ainsi au ministère de l'Economie : industriels et entreprises exportatrices, banquiers, assureurs... De quoi faire le point sur l'état de l'exportation française et surtout du soutien public à l'export.

Un rendez-vous annuel qui permet aussi à Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, d'annoncer une série de mesures de simplification concernant des outils de soutien à l'export avec notamment l'évolution des règles concernant la « part française ». Pour rappel, la part française désigne « la valeur ajoutée du projet réalisé sur le territoire français par une entreprise ». Dans le souci de favoriser les exportateurs français et la compétitivité de l'industrie française, cette part devient ainsi un critère déterminant qui conditionne les politiques publics de soutien à l'export. Pour bénéficier donc d'un soutien financier public, les projets doivent « comporter une part de marchandises ou de prestations pour lesquelles l'exportateur a effectué lui-même des opérations en France ou s'est approvisionné auprès de fournisseurs situés sur le territoire national », précise le communiqué de presse de Bercy.

« Notre politique de soutien export est indissociable de notre politique industrielle. C'est pourquoi la part française au sein des contrats à l'export reste la boussole pour dimensionner les garanties que l'Etat octroie et qui s'élèvent en 2023 à plus de 20 milliards d'euros, au bénéfice d'entreprises de toutes tailles », a alors déclaré Bruno Le Maire.

Dans les faits, cette part varie en fonction des différentes aides. Pour bénéficier du FASEP (le Fonds d'étude et d'Aide au Secteur privé), les entreprises sélectionnées portent des projets avec 85% de part française. Dans la même veine, les prêts du trésors, prêts entre l'Etat français et un Etat étranger pour financer un projet, sont conditionnés à une part française pouvant aller de 50 à 70% en fonction du type de prêt. Concernant les outils d'assurance, l'assurance-crédit, qui comme son nom l'indique couvre les risques liés à l'export nécessite une Part française de 20%.

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Mesures de simplification

Le ministre de l'Economie annonce ainsi de nouvelles avancées concernant cette part française, comme plus de simplicité pour les déclarations des PME et ETI. Mais également l'ouverture de l'assurance-crédit export aux entreprises étrangères. Sous condition qu'elles choisissent dans leur liste de sous-traitants des fournisseurs français. Objectif affiché : augmenter la part des entreprises françaises exportatrices. Une mesure de « niche », précise Bercy lors d'une conférence de presse qui a eu lieu la veille. Un dossier a notamment été accepté cette année avec l'entreprise étrangère Quantum.

Autre mesure de « simplification » sur la table : le seuil de chiffre d'affaires social qui permet de distinguer les régimes de soutien aux PME et ETI des grandes entreprises est relevé : il passe de 150 à 300 millions. Ce qui permet d'élargir à une plus grande population de PME et d'ETI des mesures de simplifications et des aides plus importantes, selon Bercy.

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Le déficit chronique du commerce extérieur

En outre, Bercy se félicite des aides octroyées pour soutenir la réindustrialisation via les entreprises exportatrices. « En matière de soutien financier, nous avons octroyé 542 millions d'euros de Prêts du Trésor et 19 milliards d'euros d'assurance-crédit export en 2023 », pointe Bruno Le Maire dans l'édition de Bercy France Export 2024. Parmi les autres mesures d'aides, 1 milliard d'euros a été octroyé vie l'assurance des cautions et préfinancements ou encore 30 millions d'euros ont servi au travers du FASEP. Des aides qui s'adressent aussi bien au PME et ETI, qui ont vu leurs exportations croître en 2022 de 13,7 millions en 2022 par rapport à l'année précédente, d'après le dernier rapport de Business France.

Mais alors que l'Etat se réjouit des aides octroyées, l'événement Bercy France Export se tient la veille de la publication des chiffres du commerce extérieur. Le déficit commercial en 2023 devrait déraper autour de 100 milliards d'euros, après un record en 2022 à 164 milliards d'euros, selon des statistiques mensuelles des douanes. D'après une note d'Olivier Redoules de Rexecode, la part de la France dans les exportations mondiales restent toujours inférieure à 2019, et notamment dans la zone euro. Elle perd ainsi des parts de marché contrairement à l'Irlande ou encore les Pays-bas.

« La trajectoire des parts de marché à l'exportation de biens et services de la France est la plus défavorable parmi les grandes économies de la zone euro sur les deux dernières décennies », pointe Olivier Redoules de Rexecode.

Pour autant, la France était en 2022 le cinquième exportateur mondiale de biens et de services. « On attend que les chiffres de 2023 viennent confirmer cette position », souligne Bercy. Elle était également, en 2022 et pour la quatrième année consécutive, le pays le plus attractifs en termes d'investissements direct à l'étranger. A voir si elle conserve cette place en 2024.

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Commentaires 12
à écrit le 06/02/2024 à 18:59
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Rappelons aux oublieux que jusqu'en 2007, la France était à peu près sur un pied d'égalité avec l'Allemagne (PIB industriel, dette....). Bien sûr, beaucoup de clignotants étaient déjà oranges/rouges, mais la situation était alors relativement enviab...

à écrit le 06/02/2024 à 16:40
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Il faudrait plutôt expliquer clairement aux chefs de PME qu'il n'est pas si compliqué d'exporter, les mettre en contact avec les bons transitaires et agents en douane et botter l'arrére train des services commerciaux de nos ambassades pour qu'ils leu...

à écrit le 06/02/2024 à 13:54
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Le Maire baisse les taxes?

le 13/02/2024 à 8:08
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Si le Maire baisse les taxes il augmente les impôts; mais il augmentera plutôt les deux. Pour exporter il faut prendre exemple sur le Japon qui avait crée un organisme d'exportation lequel promouvait aussi bien les voitures que d'autres produits ...

à écrit le 06/02/2024 à 13:31
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La complexité administrative a bon dos et sert d'excuse pour justifier le manque de dynamisme des chefs d'entreprises à l'export ils ont entre autres à leur disposition les V.I.E qui ne leur coutent rien .Vous avez de jeunes expatriés à Londres qui ...

à écrit le 06/02/2024 à 12:42
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Comme toujours en France, on arrose tout le monde avec de l'argent public en croyant que cela va changer la donne. Aucune réponse structurelle. Dépenser 19 milliards€ pour soutenir les entreprises ä l'export et rester le dernier en part de marché da...

à écrit le 06/02/2024 à 10:27
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[Parmi les facteurs qui viennent expliquer cette faiblesse tricolore, celui de la complexité administratives pour les PME] Rendez-vous compte que tout cet écheveau de complexité administrative irrationnelle a permis aux "apparatchiks des pouvoirs suc...

à écrit le 06/02/2024 à 9:48
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« La trajectoire des parts de marché à l'exportation de biens et services de la France est la plus défavorable parmi les grandes économies de la zone euro sur les deux dernières décennies », pointe Olivier Redoules de Rexecode. Rien à ajouter: nous ...

le 06/02/2024 à 9:53
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"nous sommes les plus mauvais et les moins compétitifs de tous." Ta ration quotidienne de flagellations je suppose ? "C'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute pardonnez moi seigneur !" LOL ! ^^

à écrit le 06/02/2024 à 9:19
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Des centaines et des centaines de milliards déversés chaque année sur l'économie privée qui termine souvent dans les paradis fiscaux par l'argent public qu'on nous ordonne de rembourser ! LOL ! Nos dirigeants publics et privés sont NULS.

le 06/02/2024 à 12:42
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Mon cher, sachez que votre pays n'attend que des gens competents comme vous, qui parlent plusieurs langues, maitrisent incoterms credocs forêx et consors, qui passeront 11 mois par an loin de leur famille et qui investiront eux mêmes leur temps et...

le 06/02/2024 à 19:37
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Je comprends rien ! ^^

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