Engagement social et environnemental des entreprises : les Français n'ont pas confiance

Les Français ont une vision pessimiste de l'engagement - social et environnemental - des entreprises et ne font pas confiance aux communications de celles-ci en la matière, d'après une enquête menée par l'ObSoCo. Autre enseignement révélé par l'étude : la grande majorité de la population n'est pas familière des notions de RSE, d'ISR, de « raison d'être » ou d'entreprise « à mission », et seuls 16% des Français sont capables de citer spontanément une entreprise engagée.
(Crédits : SARAH SILBIGER)

C'est une conclusion plutôt cinglante : les Français sont emprunts d'une forte sensibilité sociale et environnementale, et émettent de sérieux doutes sur la sincérité des entreprises prétendument engagées. Voilà ce que révèle l'étude menée par l'Observatoire Société et Consommation (ObSoCo) - et Trusteam Finance - société de gestion indépendante - auprès de 2000 personnes. Objectif de la consultation menée du 27 mai au 7 juin 2021 : mesurer la perception de l'engagement social et environnemental des entreprises auprès des Français, et leur niveau de connaissances en matière de RSE.

Une forte sensibilité environnementale et sociale de la population

Selon l'étude, les Français sont très attachés aux considérations environnementales. 78% se disent ainsi assez ou très préoccupés par les questions écologiques, et ⅓ d'entre eux déclarent avoir le réflexe de s'informer sur l'impact environnemental au moment de choisir un produit.

La sensibilité sociale est également très marquée et partagée par une large majorité de Français. À titre d'exemple, 95% des sondés se disent attachés à ce que les petits agriculteurs et les petites entreprises puissent dégager un profit raisonnable, et ⅔ des Français sont favorables à la fixation d'un salaire-plafond, afin de limiter les inégalités.

Des choix de consommation et d'épargne pas toujours concordants

Cette sensibilité environnementale et sociale affichée par les Français ne se traduit cependant pas toujours dans les actes de consommation. Si l'impact environnemental constitue un critère d'achat, seul un Français sur cinq est prêt à payer plus de 10% plus cher pour un produit doté d'un meilleur impact environnemental.

L'impact social est aussi un critère d'achat, mais il est moins pris en compte dans les choix de consommation des Français que les considérations environnementales, avec uniquement 13% des sondés prêts à payer plus de 10% plus cher pour un produit ayant un impact social positif.

Outre la consommation, très peu de Français incorporent la RSE dans leur épargne. 50% estiment qu'ils ne l'ont pas ou peu intégrée dans le choix de leurs produits d'épargne, contre 3% qui jugent l'avoir pleinement prise en compte.

Une connaissance imparfaite des acronymes d'engagement (RSE, ISR, entreprise « à mission », « raison d'être »...)

Aussi surprenant que cela puisse paraître, la signification de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) est peu connue des Français. À peine un Français sur dix sait réellement ce que veut dire le sigle, alors que 83% des sondés avaient pourtant le sentiment d'en connaître la signification.

Pour le sigle ISR (Investissement Socialement Responsable), le constat est encore plus alarmant : 6% des Français connaissent réellement sa signification et ce chiffre est à peine plus élevé (7%) pour les Français qui épargnent. Le manque d'information à ce sujet est d'ailleurs cité par la moitié des Français comme étant la cause principale de l'absence d'ISR dans leur épargne.

En outre, 77% des Français n'ont jamais entendu parler du statut d'entreprise « à mission ». La notion de « raison d'être » est un peu mieux connue que celle d'entreprise « à mission » : pour autant, près des deux tiers des Français n'en ont jamais entendu parler et seul un Français sur dix connaît bien sa signification.

Et si les Français sont enthousiastes sur la propension des entreprises « à mission » et ayant une « raison d'être » à proposer une offre plus respectueuse de l'environnement, ils se montrent en revanche plus réticents à l'idée de payer plus cher les produits d'une entreprise disposant de l'un de ces statuts. ⅔ des Français confient ainsi ne pas être prêts à dépenser davantage pour une entreprise s'étant fixé une « raison d'être » ou étant « à mission ».

Les Français très pessimistes sur l'implication des entreprises pour l'intérêt général

Outre leur manque de connaissance des acronymes attestant de l'engagement social et environnemental des entreprises, les Français ont une perception négative de l'implication de celles-ci. Seuls 14% des Français considèrent que les entreprises sont suffisamment impliquées en faveur de l'intérêt général. À l'inverse, 23% d'entre eux estiment qu'elles ne le sont pas du tout assez en matière d'environnement, chiffre qui monte à 26% concernant l'implication des entreprises sur le plan social.

Invités à noter de 0 à 10 les entreprises de différents secteurs selon la perception de leur degré d'engagement, les Français n'ont donné la moyenne à aucun secteur. Même les enseignes de la grande distribution alimentaire et les entreprises de transport de personnes, qui arrivent en tête, ne dépassent pas les 4,6 sur 10.

Enfin, 84% des Français ne sont pas capables de citer une entreprise engagée. 25% d'entre eux peuvent en revanche évoquer spontanément une société nuisant à l'intérêt général.

Les grandes entreprises critiquées pour leur manque de probité

Dans le peloton de tête des entreprises citées pour leur impact environnemental et social négatif, on retrouve notamment Total, Amazon, Monsanto, Ferrero, Apple, ou encore Zara. Cette liste est assez révélatrice du manque de confiance particulièrement fort des Français dans les engagements des grandes entreprises notamment, qui contraste avec une confiance assez élevée sur les PME.

Au-delà de la perception négative de l'activité des grandes entreprises, c'est leur communication autour de l'engagement qui est pointée du doigt. Les Français doutent massivement du respect des avancées sociales et environnementales vantées par les entreprises. Ils sont ainsi près de la moitié à dénoncer un manque de crédibilité des engagements annoncés par les marques, et plus des ⅔ à émettre des soupçons de greenwashing. Selon l'étude, une meilleure communication des entreprises, plus transparente et plus démocratisée, s'impose donc.

Des attentes importantes en matière d'engagement environnemental

Plus largement, les Français affichent des attentes importantes envers les entreprises. Selon eux, les entreprises sont, après l'État - et avant les consommateurs -, les acteurs les mieux placés pour résoudre les problèmes sociaux et environnementaux. Plus de la moitié des Français sont d'ailleurs partisans d'une réglementation plus contraignante pour les entreprises, quitte à porter atteinte à leurs profits et à l'emploi.

En somme, c'est bien une crise de confiance des Français envers les entreprises et en particulier les plus grandes d'entre elles, que l'étude met en lumière. Si ce manque de confiance est symptomatique d'un problème de fond sur la probité des entreprises en matière d'actions et de communication, l'enquête de l'ObSoCo révèle également une tendance des consommateurs à juger très sévèrement certaines entreprises par manque de connaissance de leurs engagements. Reste donc aux entreprises concernées de déployer les moyens les plus judicieux pour faire connaître leurs engagements au plus grand nombre, et pouvoir ainsi espérer restaurer une relation de confiance avec leurs consommateurs.

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Commentaires 4
à écrit le 08/09/2021 à 11:54
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Normal vu que les entreprises ne font rien et pire elles font payer bien souvent plus cher les grosses quantités aux petites. Sans parler du plastique toujours ultra présent.

à écrit le 08/09/2021 à 9:13
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Les français n'ont pas confiance, et pourtant..., même les "écologistes" sont pour "le laisser faire et laisser passer" pour n'en gérer que les conséquences!

à écrit le 08/09/2021 à 8:54
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Quand on voit que les hypermarchés sont en train de retirer les produits de C'EST QUI LE PATRON de leurs rayons à cause de la pression des concurrents, c'est évident que le monde des entreprises est régi par la loi du fric et que l'engagement social ...

le 08/09/2021 à 9:29
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J'en ai vu récemment au rayon poulet chez Lec*, je vais surveiller dans le futur si ce que vous dites se confirme. Retirent parce que ne se vendent pas, ou DLC atteinte ? "à cause de la pression des concurrents" vous avez demandé au directeur du maga...

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