Le marché de l'aviation d'affaires contraint Dassault à piloter à vue

Les incertitudes du marché de l'aviation d'affaires, qui représente près de 70 % du chiffre d'affaires de Dassault Aviation, obligent l'avionneur à prévoir moins de livraison de Falcon en 2014.
Michel Cabirol
Le Falcon 5X, dont le premier exemplaire sera livré en 2017, est le fer de lance commercial de Dassault Aviation

"Le marché de l'aviation d'affaires est convalescent", a constaté à regret jeudi lors de la présentation des résultats 2013 le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier, qui s'appuie sur l'indicateur commandes/livraisons (book to bill). En 2013, les livraisons de Falcon sont encore restées supérieures aux commandes et le book to bill a été inférieur à 1 (0,83). Une situation qui dure depuis 2009 et la très grave crise financière qui avait fait plonger le marché de l'aviation d'affaires dans les abimes en 2009 (un solde négatif de 163 appareils), puis 2010 (- 9).

Ce déficit de commandes érode lentement mais surement le carnet de Dassault Aviation, qui est également impacté par les livraisons du Rafale pour l'armée française (pas de nouvelle commande depuis 2009) : 12,32 milliards en 2009, 9,4 milliards en 2010, 8,75 milliards en 2011, 7,99 milliards en 2012 et, enfin, 7,3 milliards en 2013. Soit cinq milliards en moins entre 2009 et 2013. Toutefois, les Falcon représentaient encore 45 % du carnet de commandes l'an dernier, contre 52 % en 2010. "L'obtention de commandes supérieures aux livraisons est un des challenges de 2014", a assuré Dassault Aviation dans un communiqué sur les résultats 2013 publié ce jeudi.

Vers une baisse du chiffre d'affaires en 2014

Le marché de l'aviation d'affaires oblige quelque peu Eric Trappier à piloter à vue même si, comme il le rappelle, "la crise est derrière nous". Ces trois dernières années, le constructeur a su redresser les prises de commandes (36 en 2011, 58 en 2012 et 64 en 2013) mais pas aussi vite qu'il l'aurait souhaité en raison de la mollesse du marché, bien secoué par ailleurs fin 2013 par la crise du "shutdown" américain (arrêt total ou partiel de services publics fédéraux et administrations qui ne sont pas jugés indispensables).

Du coup, le célèbre avionneur a dû mal, comme d'ailleurs ses concurrents, à regagner l'altitude de croisière qui était la sienne avant la crise financière de fin 2008 (212 commandes en 2007 et 115 en 2008). Aussi, le patron de Dassault Aviation prévoit de livrer en 2014 moins d'avions d'affaires Falcon qu'en 2013, "environ 70, sous réserve de la reprise du marché de l'aviation d'affaires" contre 77 appareils l'année dernière et 66 en 2012. Et comme les avions d'affaires représentent plus des deux tiers des ventes de Dassault Aviation (69 % en 2013), le chiffre d'affaires 2014 devrait logiquement baisser par rapport à 2013 (4,59 milliards d'euros pour un résultat net ajusté de 487 millions d'euros en baisse de 5 %).

Les raisons d'inverser la tendance

En dépit du ralentissement de l'activité aviation d'affaires, Dassault Aviation accélère ses efforts d'investissements en matière de Recherche et Développement (482 millions d'euros en 2013, soit 10,5 % du chiffre d'affaires, contre 387 millions en 2012 et 233 millions en 2011). Et ce pour disposer des produits, à l'image du 5X, qui lui permettront de coller au mieux aux attentes du marché quand il sera enfin en rythme de croisière. L'avionneur a dévoilé en novembre dernier un nouvel appareil haut de gamme, le 5X, qui doit entrer en service en 2017. Dassault Aviation compte réussir l'assemblage du premier avion cette année. Eric Trappier a indiqué que son groupe avait déjà pris "beaucoup de commandes pour un début de programme", sans pour autant donner de chiffres.

Eric Trappier a également annoncé jeudi que l'avionneur allait "lancer durant le prochain salon Ebace un nouveau modèle de Falcon baptisé M1000". Sans autres précisions. Pour autant, selon le magazine "Air&Cosmos", tout semble indiquer que le M1000 est en fait le nom de code d'une nouvelle version du triréacteur long-courrier Falcon 7X. Cet appareil, qui a été mis en service en juin 2007, totalise 211 exemplaires en service. Ce qui confirme le très beau succès commercial du 7X. Enfin, Dassault Aviation réfléchit déjà en amont au futur Falcon.

En cas de besoin, l'avionneur peut s'appuyer sur sa trésorerie disponible consolidée qui s'élevait fin 2013 à 3,7 milliards d'euros mais en légère baisse par rapport à fin 2012. Un recul qui s'explique en partie par l'accroissement des investissements. Des efforts de R&D qui pèse aussi sur la distribution en 2014 du dividende en baisse (8,90 euros, contre 9,30 euros en 2013).

Michel Cabirol

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