Airbus et Thales vont devoir réviser à la hausse le prix des satellites de nouvelle génération (2/3)

Les activités spatiales ont privé Airbus d'un nouveau bénéfice record en 2023. Le constructeur a été obligé de prendre une provision annuelle de 600 millions d'euros. D'une manière générale, la base de coûts des satellites de nouvelle génération reconfigurables (SDS) pose question.
Michel Cabirol
Le bénéfice opérationnel d'Airbus Defence ans Space a fondu de 40% en 2023, à 229 millions d'euros, amputé par une charge de 600 millions d'euros dans l'activité spatiale.
Le bénéfice opérationnel d'Airbus Defence ans Space a fondu de 40% en 2023, à 229 millions d'euros, amputé par une charge de 600 millions d'euros dans l'activité spatiale. (Crédits : Airbus)

Les résultats 2023 d'Airbus ont confirmé la très mauvaise passe des deux constructeurs de satellites en France, en l'occurrence Space Systems, logé dans Airbus Defence and Space (Airbus DS), et Thales Alenia Space (TAS). Ainsi, le bénéfice opérationnel d'Airbus DS a fondu de 40% en 2023, à 229 millions d'euros, amputé par une charge de 600 millions d'euros dans l'activité spatiale. Cette charge correspond à la révision des estimations au terme de certains programmes de satellites, essentiellement ceux de la gamme OneSat, des satellites de télécoms géostationnaires sur lesquels Airbus a rencontré de nombreuses difficultés de développement en raison des technologies qui n'étaient pas assez matures (satellites Software Defined reconfigurables). Ce qui a entrainé des retards de livraison, donc des surcoûts, et, enfin, des provisions dans les comptes 2023.

Lire aussiL'inquiétant trou d'air des constructeurs de satellites tricolores (1/2)

« Nous avions des hypothèses trop optimistes » sur les coûts de développement de ces programmes au long cours et leurs perspectives commerciale, a reconnu jeudi Guillaume Faury lors de la présentation des résultats d'Airbus. « C'est aussi le prix à payer pour ces nouvelles technologies très innovantes et donc une prise de risque ».

Mêmes sanctions pour Thales Alenia Space (TAS) avec sa nouvelle ligne de satellites de télécoms « Space Inspire », sur lesquels le groupe a lui aussi rencontré des difficultés de développement en raison de technologies déployées ayant des niveaux de maturité technologique (TRL) trop bas. Thales Alenia Space espère industrialiser cette ligne de produits dans le courant de cette année, probablement en fin d'année. « Les difficultés de développement sont derrière nous », a-t-on assuré chez TAS à la Tribune. Mais selon d'autres sources, la livraison des « Space Inspire » pourraient cumuler des retards de deux ans et des... pénalités.

Une base de coûts à revoir

Soumis à la très forte concurrence de Starlink et de nouveaux opérateurs de constellations, les opérateurs de satellites classiques sont actuellement dans une phase d'attentisme. Ainsi, en 2023, les commandes sur le marché ouvert des satellites géostationnaires ont été ridiculement basses (trois satellites, plus sept microsatellites géostationnaires sur lesquels ni Thales, ni Airbus ne sont capables de remettre d'offre compétitive). Cela a obligé les deux français à réagir très rapidement pour ne pas être décrochés et à se lancer dans des solutions très innovantes avec un certain nombre de risques (satellites Software Defined).

« Je dis vraiment à mes collaborateurs qu'il n'y a rien de mal à prendre des risques. Il faut prendre des risques pour innover. Mais nous devons également comprendre très précisément et plus précisément ce que le développement coûtera ainsi que la mise en service et la montée en puissance des programmes. Ce que nous avons dans nos livres de comptes doit mieux refléter à l'avenir nos évaluations sur le coût de ces programmes », a expliqué Guillaume Faury.

Ainsi, Airbus et Thales ont engagé de lourds investissements sur des développements de technologies peu matures pour leur nouvelle ligne de produits (OneSat, Space Inspire). Avec des retards à la clé. Quoi qu'il en soit, ils doivent réviser leur base de coûts. Il est donc très probable que les prix de ces satellites vont augmenter de façon significative. Certains observateurs avertis estiment que les prix pourraient peut-être doubler pour passer de 150 millions environ à 300 millions d'euros. Ce qui change beaucoup la donne dans les « business plan » des opérateurs. Et les deux constructeurs qui parient sur le fait d'obtenir beaucoup de volumes, pourraient à nouveau déchanter. A voir...

Michel Cabirol

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Commentaires 9
à écrit le 16/02/2024 à 15:41
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Si vous aimez l'espace et l'actualité spatiale ,regardez Hugo Lisoir ou le journal de l'espace sur Youtube .

à écrit le 16/02/2024 à 11:12
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Le pragmastisme US est redoutable. SPACE X a batit sa propulsion sur une multitude de "petits" moteurs déjà au point, peu chers et redondants, si un tombe en panne les autres continuent le job. (comme les infrastructures ARRAY dans l'informatique). ...

le 16/02/2024 à 21:01
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On sent le connaisseur.....

à écrit le 16/02/2024 à 11:11
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Le pragmastisme US est redoutable. SPACE X a batit sa propulsion sur une multitude de "petits" moteurs déjà au point, peu chers et redondants, si un tombe en panne les autres continuent le job. (comme les infrastructures ARRAY dans l'informatique). ...

à écrit le 16/02/2024 à 8:29
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Étonnante cette volonté des américains de recycler leurs lanceurs, une très bonne idée mais de la part des hypers consommateurs qu'ils sont c'est étonnant, on aurait dit une idée française il faut croire que dans ce domaine nous n'avons même plus d'i...

le 16/02/2024 à 9:10
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La motivation c est pas le recyclage dont tout le monde se f… mais la diminution des coûts de lancement et la reprise du contrôle du marché civil laisse pour trop longtemps à Ariane a leur goût . Pour le coup c est très U.S.

le 16/02/2024 à 9:39
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Cela reste un changement total de paradigme, autrefois ils auraient construit à tout va. Mais bon quand le sage montre l'horizon du doigt abc regarde le doigt. ^^

le 16/02/2024 à 17:09
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« Changement de paradigme » , peste ça ronfle bien mais c est pas trop vrai. Le système de lancement reste le même en plusieurs étages. On sait faire en Europe mais ça correspond pas au modèle de fabrication développé pour Ariane notamment l usine de...

le 17/02/2024 à 9:04
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Changement de paradigme: Changer de façon de penser on ne pense plus gaspillage on pense économie. Si tu veux je peux t'expliquer tous les autres mots mais tu aurais du me le dire dès le départ que tu comprends rien, ne sois pas timide va.

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