Airbus a fait fort en 2020. Malgré la crise sans précédent qu'a traversé le secteur de l'aviation, le groupe aéronautique européen a réussi la prouesse de livrer 566 appareils aux compagnies aériennes. Soit près de trois avions livrés tous les deux jours!
Performance remarquable
Conformément à la baisse de 40% de production mise en place en juin dernier pour répondre à la crise, cette performance est évidemment en retrait de 34% par rapport aux 863 appareils livrés l'année précédente. Mais, même si Airbus est revenu à des niveaux qu'il a connus il y a une dizaine d'années, la baisse des livraisons n'est heureusement pas proportionnelle à la dégringolade du trafic aérien mondial, lequel est tombé non pas à son niveau de 2010, mais à celui de... 2002.
Par ailleurs, au regard de la situation financière des compagnies aériennes qui ont vu (et continuent de voir) leur cash partir en fumée à la vitesse de l'éclair, la performance d'Airbus est remarquable. Elle lui a permis de générer des cash flow positifs dès le troisième trimestre de l'année dernière.
Numéro 1 mondial
Airbus surclasse une nouvelle fois son rival Boeing, lequel, en plus de la crise sanitaire, a été pénalisé par la suspension des livraisons du Boeing 737 MAX. Interdit de vol pendant 20 mois à cause de deux accidents mortels, l'appareil n'a été remis en service qu'en décembre dernier. Si Boeing n'a pas encore communiqué ses résultats, il n'avait livré fin novembre que 118 appareils.
Entre les annulations de commandes, les demandes de reports de livraisons, le stockage des appareils construits mais non livrés (en raison de l'impossibilité des compagnies de se déplacer ou en raison d'un problème de financement), l'avionneur a trouvé la bonne formule pour limiter la casse. Le développement des livraisons électroniques a concerné 25% des livraisons.
L'avionneur européen a par ailleurs réussi à trouver le bon équilibre dans les négociations entre le rappel des engagements contractuels à certaines compagnies pour qu'elles prennent leurs appareils et l'acceptation de décaler les livraisons des clients les plus fragiles.
À cela, s'est ajouté le rôle des sociétés de location d'avions qui ont multiplié les opérations de "sale and lease back", permettant aux compagnies d'engranger du cash tout en recevant leurs avions. En effet, avec ce système, les compagnies qui ont acheté leur appareil en propre les revendent aux sociétés de leasing, tout en conservant l'exploitation de l'avion, mais en location.
Reprise des marchés domestiques et régionaux
Enfin, dans les pays où le trafic est reparti aussi vite qu'il s'était effondré, comme la Chine et l'Inde, la prise de livraison répondait à un besoin. Le trafic international étant complètement plombé du fait des restrictions de voyages, les livraisons d'avions ont concerné essentiellement les avions court et moyen-courriers, de type A220 et A320. Depuis la baisse des cadences de production décidée au printemps dernier, Airbus a maintenu un rythme de production de 40 A320 par mois.
Disposant encore d'un énorme carnet de commandes (7.184 à fin décembre), les prises de commandes n'étaient pas la priorité l'an dernier. Néanmoins, Airbus a enregistré un total de 383 nouvelles commandes, dont 268 commandes nettes (après annulations). L'essentiel (296) porte sur des avions de la famille A320, dont 37 A321XLR. Avec une faible capacité (220-240 sièges) par rapport aux gros-porteurs, cette version long-courrier de cet appareil moyen-courrier aura beaucoup d'atouts au moment de la relance des vols de longue distance.
Augmentation des cadences au deuxième semestre
Et après?
"Sur la base de nos livraisons de 2020, nous affichons un optimisme prudent pour 2021, même si les défis et incertitudes demeurent nombreux à court terme", a déclaré dans un communiqué Guillaume Faury, le directeur général d'Airbus.
Et d'ajouter à l'occasion d'une conférence de presse téléphonique que "la cadence de production allait augmenter au deuxième semestre," sans donner plus de précisions. Une croissance appelée à continuer en 2022 et 2023.
Airbus a indiqué en octobre qu'il envisageait de passer de 40 à 47 appareils court et moyen-courriers par mois d'ici à l'été. Guillaume Faury a expliqué que le plan de livraisons était flexible et attend de voir l'évolution de la crise sanitaire. Les compagnies aériennes tablent sur une reprise à partir de l'été. Elles espèrent en effet un impact positif sur le trafic de la vaccination des populations.
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