Alors que les compagnies aériennes, dans l'incapacité de réduire leurs coûts au niveau de la chute vertigineuse de leur recettes, brûlent 13 milliards de dollars de trésorerie par mois, Airbus a mis fin à l'hémorragie de cash. Après avoir consommé 12,4 milliards d'euros de cash au cours des six premiers mois de l'année, essentiellement à cause de l'effondrement des livraisons d'avions civils, le groupe européen d'aéronautique-défense est parvenu à dégager un flux de trésorerie positif de 600 millions d'euros au troisième trimestre de l'année (juillet-septembre). Airbus est même un petit peu en avance sur son plan de marche. En effet, quand le groupe indiquait au printemps vouloir neutraliser sa consommation de cash au deuxième semestre, les analystes financiers tablaient sur une petite sortie de cash au troisième trimestre (juin-septembre) suivie par un flux de trésorerie positive au quatrième trimestre. Airbus table sur un free cash flow stable au cours des trois derniers mois, mais certains observateurs misent sur un excédent.
Boeing consomme encore beaucoup de trésorerie
Réalisée quelques mois seulement après l'annonce du plan de réduction de 40% de la production d'avions civils en avril, la performance est de taille au regard de la taille du groupe et son organisation. Elle doit faire pâlir Boeing qui a encore brûlé 4,8 milliards de dollars de cash au cours du troisième trimestre. Cette performance s'explique par une hausse du nombre d'avions livrés. Si, sur les neuf premiers mois de l'année, les livraisons ont chuté d'environ 40%, elles n'accusent au troisième trimestre qu'un recul de 20% par rapport à la même période de l'année précédente, avec 145 appareils livrés, contre 74 au deuxième trimestre. Boeing n'a quant à lui livré que 28 appareils.
"Le fait qu'Airbus ait pu diminuer son stock d'avions en livrant une partie des avions stockés constitue l'un des éléments essentiels de la génération de cash réalisée par Airbus", explique Yan Derocles, analyste chez Oddo-BHF.
Le groupe n'a pas fourni de prévisions sur ses livraisons pour 2020, mais des observateurs du secteur estiment qu'il pourrait viser entre 500 et 550 livraisons cette année, contre 863 en 2019.
Hausse de la production à partir de l'été 2021
Avec la trentaine de milliards d'euros de liquidités en caisse, cette évolution positive permet au groupe d'être bien armé pour affronter la crise qui va durer. Malgré la deuxième vague et les premiers reconfinements de population, Airbus estime toujours que le trafic reviendra à son niveau d'avant-crise entre 2023 et 2025, avec une reprise qui concernera d'abord les vols intérieurs, et donc les avions monocouloirs comme l'A320. Surtout, l'avionneur a maintenu son discours sur une possible montée en cadence en passant d'une production mensuelle de 40 avions monocouloirs actuellement à 47 à partir du début troisième trimestre 2021 (juillet). Airbus a demandé aux sous-traitants de se préparer à ce scénario.
"Il est important que nos fournisseurs soient prêts pour la reprise", a déclaré Guillaume Faury, le directeur général d'Airbus, aux analystes.
En tout cas, l'hypothèse d'une baisse de cadence reste peu probable aujourd'hui.
"La cadence 40 est solide", a ajouté Guillaume Faury.
Autre signe encourageant, Airbus maintient également les cadences de production des gros-porteurs. Alors que Boeing réfléchit à baisser à nouveau les cadences du B787, l'avionneur européen maintient une cadence de 5 A350 par mois et de deux pour les A330.
Airbus va pouvoir compter l'an prochain sur une forte baisse de ses coûts, notamment de personnel, avec la suppression de 15.000 postes pour laquelle il a passé une charge exceptionnelle d'1,2 milliard d'euros.
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