C'est un record dont se passerait bien la coalition au pouvoir en Allemagne. En 2021, le gouvernement allemand (celui d'Angela Merkel puis celui d'Olaf Scholz) a accordé un nombre record de licences individuelles pour l'exportation d'armements. Des licences qui ne veulent pas forcément dire commandes signées. Elles ont néanmoins atteint une valeur d'environ 9,35 milliards d'euros l'année dernière, selon le rapport sur les exportations allemandes d'armements. « Ce montant approuvé est historiquement le plus élevé, nettement supérieur à celui de 2020 avec environ 5,8 milliards d'euros et à la moyenne des cinq dernières années (6,85 milliards d'euros) », est-il écrit dans ce rapport.
Basée sur les calculs du SIPRI (Institut de recherche sur la paix de Stockholm), la part de l'Allemagne dans les exportations mondiales d'armements au cours de la période 2017-2021 s'élève à 4,5 %. Les trois principaux pays destinataires des exportations allemandes sur cette période, selon le SIPRI, sont la Corée du Sud (24,7%), l'Égypte (14,4%) et les États-Unis (6%).
L'Égypte, le client le plus important de Berlin en 2021
Le client le plus important de l'industrie d'armement allemande est l'Égypte avec un volume de 4,34 milliards d'euros, dont 3,1 milliards pour du matériel de guerre (frégates Meko et missiles Iris-T). Un client qui semble être gênant pour la coalition, qui goûte peu de livrer des armes à certains pays dirigés par des hommes forts comme l'Égypte. Le gouvernement actuel, qui n'est pas à une contradiction près - Olaf Scholz est attendu samedi en Arabie Saoudite, à qui l'Allemagne a refusé des licences d'exportation d'une valeur de 186,2 millions -, se défausse d'ailleurs sur celui d'Angela Merkel. Il souligne dans le rapport que « le gouvernement fédéral précédent a délivré des licences pour de gros volumes au profit de l'Égypte d'une valeur d'environ 4 milliards d'euros pour le secteur maritime et la défense aérienne ».
Faut-il pourtant rappeler qu'Olaf Scholz siégeait au conseil de sécurité du 7 décembre et devenait chancelier le lendemain. Mais, selon le rapport, « seuls environ 3% des licences d'exportation (309 millions d'euros) ont été approuvées en 2021 par le nouveau gouvernement fédéral après son entrée en fonction (8 décembre 2021). Il s'agit presque exclusivement d'exportations vers l'Union européenne et l'OTAN ou des pays équivalents à l'OTAN ».
Derrière l'Égypte, arrivent au deuxième rang les Etats-Unis (1 milliard d'euros), puis les Pays-Bas (821,3 millions), Singapour (629,6 millions), l'Australie (264,1 millions) et le Royaume Uni (225,7 millions). La France arrive seulement au 15e rang (69,6 millions). Sur l'ensemble des licences accordées en 2021, 36,4% en valeur (49,9% en 2020) ont été attribuées à des pays de l'UE, de l'OTAN ainsi qu'aux pays équivalents à l'OTAN. En outre, des licences d'exportation d'un montant total de 5,95 milliards d'euros (contre 2,92 milliards en 2020) ont été délivrées au profit de pays en voie de développement, dont l'Egypte (soit 63,6 % du total des licences). Ce montant en valeur est très largement supérieur à la moyenne de la période 2017/2021 (3,74 milliards d'euros).
Plus de 5 milliards de licences accordées en 2022
Selon des chiffres préliminaires pour 2022 (arrêtés au 30 août), les licences pour l'exportation d'armements délivrées atteignent une valeur de 5,28 milliards d'euros (2,72 milliards d'euros pour les armes de guerre et 2,56 milliards d'euros pour les autres armements). 76,1 % de ces armes sont destinées à des pays de l'UE, de l'OTAN et aux pays équivalents à l'OTAN. Un projet de contrat de grande envergure et pluriannuel aux Pays-Bas joue un rôle clé dans ce montant.
En outre, l'Allemagne a accordé des licences d'une valeur d'environ 724,5 millions d'euros en faveur de l'Ukraine, selon le rapport. Depuis la fin août, ce chiffre a très légèrement augmenté (733,6 millions au 19 septembre 2022). Parmi les licences approuvées au profit de Kiev, Berlin va livrer des armes légères et des pièces d'armes légères d'une valeur de 143,9 millions d'euros.
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