Ce seront les nouveaux yeux de l'armée française depuis l'espace. Avec le satellite d'observation CSO-2, qui devrait être lancé lundi depuis Kourou, elle pourra ainsi identifier la présence d'armements sur un pick-up dans un environnement urbain. L'observation, et plus particulièrement la très haute résolution, est bien au cœur des trois axes de la stratégie spatiale militaire de la France. Des satellites certes classiques mais d'une efficacité redoutable pour l'appui des opérations de l'armée française et la veille stratégique à partir de l'espace. Le satellite CSO-2 "symbolise le renouveau de nos capacités spatiales et marque avec la création du commandement de l'espace il y a un peu plus d'un an maintenant le début de la montée en puissance du spatial militaire en France", assure le commandant du commandement de l'espace (CDE), le général Michel Friedling.
Le ministère des Armées, qui ne disposait début 2019 que des deux satellites Helios, poursuit le renforcement de ses capacités d'observation spatiale avec le lancement du deuxième des trois satellites de la constellation CSO (Composante Spatiale Optique) dans le cadre du programme Musis (Multinational Space-based Imaging System). Un satellite critique pour la France qui sera pourtant mis sur orbite par le lanceur russe Soyuz. En dépit des discours sur l'autonomie stratégique, la France ne maîtrise pas encore totalement l'accès indépendant à l'espace en attendant l'arrivée d'Ariane 6, dont le premier vol a été repoussé à 2022. Un vrai risque quand on connait l'intimité entre un lanceur et son satellite embarqué : les interfaces techniques sont telles que disposer d'un lanceur souverain constitue une protection contre le risque de voir une puissance tierce limiter l'usage d'un satellite ou capter ses données en lui confiant le lancement d'un satellite critique.
CSO-2, le nouveau plus pour l'armée française
Placé à une altitude plus basse à 480 km que CSO-1 et le futur CSO-3 (800 km), le satellite CSO-2 va offrir à l'armée française "une résolution encore meilleure pour les besoins de la mission Identification, explique la directrice du programme Musis-CSO à la Direction générale de l'armement (DGA). Il permettra aux utilisateurs de déterminer par exemple la présence d'un armement sur un pick-up en environnement urbain. Un tel niveau de détail est un véritable atout opérationnel et ses performances font de CSO un système unique en Europe". Les images de CSO-2 vont permettre d'améliorer la précision des analyses du commandement de l'espace (CDE).
"Le système CSO, dont le deuxième satellite est lancé aujourd'hui et dont les performances sont sans commune mesure avec ce que nous avons connu auparavant, contribue directement au premier axe capacitaire de notre stratégie nationale", affirme le général Michel Friedling.
De jour comme de nuit, CSO-1, lancé en décembre 2018, garantit déjà plus d'images par rapport aux satellites Helios, de meilleure qualité et disponibles plus rapidement. C'est ce que confirme l'officier de programme Musis-CSO au CDE : "Depuis deux ans CSO-1 nous procure des images en couleur d'une qualité inédite par la richesse des informations qu'elles contiennent. Cette qualité est au rendez-vous dans des modes de prises de vue variés aussi bien dans le domaine visible qu'infrarouge. CSO nous procure des images en plus grand nombre que le système précédent grâce à son agilité et à sa réactivité".
France : une ambition spatiale renforcée
L'ambition de la France se concrétise par les moyens qu'elle met pour le spatial militaire. Soit 5,3 milliards d'euros sur toute la durée de la loi de programmation militaire (LPM), a affirmé lors du Paris Air Forum organisé par La Tribune, le général Michel Friedling. "On n'a pas un problème de ressources, avait-il estimé. Cet argent nous permet déjà de faire beaucoup de choses sur la durée de la LPM". D'ailleurs, cette ambition a fait l'objet d'une impulsion budgétaire supplémentaire de 700 millions d'euros dans la cadre de la revue spatiale par rapport aux efforts déjà consacrés au spatial dans la LPM (3,6 milliards d'euros).
D'où viennent ces 5,3 milliards d'euros ? C'est l'ensemble des programmes de la mission défense qui y contribue : programme 144 (études amont), programme 146 (3,6 milliards pour le renouvellement des capacités), programme 191 (programme dual CNES/défense) et programme 178 (achats de services spatiaux, l'une des nouvelles priorités de la stratégie spatiale de défense). L'Agence de l'innovation de défense (AID) met quant à elle sur la table 491 millions d'euros dédiés au spatial.
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