Spatial militaire : la France passe à une doctrine offensive pour mieux protéger ses satellites

Emmanuel Macron a affirmé que la France va mieux protéger ses satellites, "y compris de manière active". Florence Parly doit prochainement annoncer la traduction concrète des orientations stratégiques présidentielles pour se défendre contre les éventuelles attaques des grandes puissances spatiales mondiales sur les satellites français.
Michel Cabirol
Nous renforcerons notre connaissance de la situation spatiale, nous protégerons mieux nos satellites, y compris de manière active, a assuré samedi soir Emmanuel Macron
"Nous renforcerons notre connaissance de la situation spatiale, nous protégerons mieux nos satellites, y compris de manière active", a assuré samedi soir Emmanuel Macron (Crédits : DR)

La France change de doctrine spatiale militaire. En tant que chef des armées, le Chef de l'Etat Emmanuel Macron a donné samedi soir dans les jardins de l'Hôtel de Brienne son feu vert pour ce changement de doctrine. De défensive, la doctrine spatiale devient offensive. Le président a fait court, très court. Ses mots ont été pesés au trébuchet. "La nouvelle doctrine spatiale et militaire qui m'a été proposée par la ministre (des armées Florence Parly, ndr), que j'ai approuvée, permettra d'assurer notre défense de l'espace et par l'espace", a-t-il indiqué. "Nous renforcerons notre connaissance de la situation spatiale, nous protégerons mieux nos satellites, y compris de manière active", a-t-il assuré. Clairement, la France se donne les moyens de riposter quand elle sera attaquée ou anticipera une attaque. Pour l'heure, elle n'en a pas encore la possibilité, faute d'armes disponibles dans les armées.

La France doit "répondre aux défis qui se posent dans les domaines terrestre, maritime et aérien, mais aussi dans les nouvelles zones de confrontation que sont l'espace cyber ou l'espace exo-atmosphérique", a rappelé Emmanuel Macron lors d'un discours au ministère des Armées.

A Florence Parly de décliner la nouvelle stratégie spatiale

Pour autant, le président a affirmé que "les nouveaux investissements indispensables seront décidés". Emmanuel Macron a promis que "l'effort budgétaire pour notre défense sera tenu", en référence à la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, qui prévoit une hausse des crédits aux armées. Il a toutefois laissé le soin à Florence Parly d'annoncer prochainement la traduction concrète des orientations stratégiques du président pour mieux se défendre contre les éventuelles attaques des grandes puissances spatiales mondiales (Etats-Unis, Chine, Russie). En septembre 2018, elle avait d'ailleurs accusé les Russes d'un acte d'espionnage contre le satellite militaire franco-italien Athena-Fidus en 2017. "La guerre des étoiles est bien autre chose qu'une fiction", avait-elle asséné.

"L'utilisation autonome et non contestée de l'espace passe par une connaissance et un contrôle de ce qui s'y passe", avait rappelé le 18 juin lors du 53ème Salon aéronautique du Bourget la ministre des Armées.

Florence Parly va donc s'appuyer sur les travaux réalisés par son ministère fin 2018. Ils ont permis d'identifier les menaces et d'y répondre sur le plan capacitaire aussi bien sur les segments sol et spatial mais aussi sur les liaisons de données entre le sol et l'espace, et dans la partie logicielle. Ces segments peuvent faire l'objet de menaces plus ou moins graves, qui vont de l'espionnage au déni de services en passant par la neutralisation d'un satellite. Ainsi, le ministère a mis des priorités sur les menaces, à la fois les plus graves et les plus probables.

Un commandement de l'espace créé

Emmanuel Macron a confié à l'armée de l'air les opérations spatiales. "Pour donner corps à cette doctrine et pour assurer le développement et le renforcement de nos capacités spatiales, un grand commandement de l'espace sera créé en septembre prochain" au sein de l'armée de l'Air qui "deviendra à terme l'armée de l'Air et de l'Espace", a-t-il expliqué lors de la traditionnelle réception donnée par le ministère des Armées à la veille du défilé sur les Champs-Elysées. Basé à Toulouse, ce grand commandement ne fera que remplacer l'actuel commandement interarmées de l'espace (CIE), piloté par le général Michel Friedling, qui va rester le patron des opérations spatiales.

La LPM actuelle prévoit un budget de 3,6 milliards d'euros pour le spatial de défense. Il doit notamment permettre de financer le renouvellement des satellites français d'observation CSO et de communication (Syracuse), de lancer en orbite trois satellites d'écoute électromagnétique (CERES) et de moderniser le radar de surveillance spatiale Graves. Florence Parly a annoncé au salon du Bourget qu'elle avait décidé début juin de lancer les études de deux nouveaux programmes spatiaux : Iris, qui succédera à CSO, est destiné à renouveler la capacité d'observation optique et Céleste, qui remplacera CERES, renforcera les capacités de renseignement d'origine électromagnétique de la France. Deux programmes pour garder "toujours l'avantage, pour que nos armées conservent leur supériorité sur le terrain", avait fait valoir la ministre.

Michel Cabirol

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Commentaires 11
à écrit le 16/07/2019 à 10:08
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A quoi serviront satellites, sous marins et porte avions dans la prochaine guerre qui sera une guerre civile ou plutôt une guerre de religion. Les sous marins et porte avions vont t'ils remonter la Seine ou le Rhône pour intervenir en Seine st Deni...

à écrit le 15/07/2019 à 12:08
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Le voilà reparti avec ses petits poings en avant: vous allez voir ce que vous allez voir! Pour le moment, cela reste à l'état de voeu pieux, la France étant déjà endettée à un degré abyssal! Malheureusement, M. Macron n'a pas les moyens de ses rêves ...

à écrit le 15/07/2019 à 7:44
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Et l'offensive pour mieux protéger notre territoire c'est pour quand ? Ce ne sont pas les satellites hostiles qui y orbitent !

à écrit le 14/07/2019 à 18:03
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Macron est en train de nous réinventer la guerre de l'espace, chère à Reagan et qui avait remis la guerre froide en marche en son temps puisque ça revenait à militariser l'espace. C'est gentil, mais ça commence à couter cher cette frénésie d'armem...

le 14/07/2019 à 23:19
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Au moins l'armée ne coulera pas. Et c'est plutôt rassurant. Macron n'invente pas la guerre de l'espace, elle existe déjà. Ce qui pas c.. c'est de protéger les satellites français ou européens pour ne pas les perdre. Ce serait dommage de les avoir fab...

le 15/07/2019 à 9:30
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La France ne fait que suivre la Chine, la Russie et les Etats-Unis. Et comme toujours la meilleure défense c'est la menace de répliquer, tout comme pour la dissuasion nucléaire. Dans le cyber comme dans le spatial, la France ne pouvait pas se conten...

le 15/07/2019 à 11:33
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Allez donc passer deux heures aux urgences, vous verrez comme il fait bon y vivre.

le 15/07/2019 à 16:33
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@ l'hurluberlu des 11:33 Ouais, et je vous garde une place au chaud

à écrit le 14/07/2019 à 17:07
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On recherche, en fait, a convaincre le public de financer le privé pour des projets dont nous (français) serons que des clients et non des usagers! C'est la fin de la notion France souveraine pour France, cette région dépendante!

à écrit le 14/07/2019 à 9:14
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Comme c'est original ! exactement le meme discours que Donald Duck (oncle Picsous) un an plutot. Les mecs se font piller par les US et ils identifient la menace comme étant les satellites russes... C'est toujours le pays de la 7ème compagnie. Cette ...

le 14/07/2019 à 23:22
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Pour votre info, la réflexion française était engagée avant les annonces de Trump. Et savoir qui nous espionne concerne aussi les USA.

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