Boeing : le régulateur désavoue les procédures de sécurité de l'avionneur et lui donne six mois pour les améliorer

Le dispositif de Boeing en matière de sécurité présente des lacunes, selon une commission indépendante désignée par le régulateur aérien (FAA) et qui a pointé, lundi, des procédures « complexes » semant parfois la « confusion » chez les salariés. Boeing dispose désormais de six mois pour élaborer un plan d'action et un calendrier pour mettre en œuvre les recommandations.
Les rapporteurs ont « observé une déconnexion entre les hauts dirigeants de Boeing et les autres membres de l'entreprise concernant la politique de sécurité » ainsi qu'une mise en œuvre « inadéquate et déroutante » des différents piliers de cette politique.
Les rapporteurs ont « observé une déconnexion entre les hauts dirigeants de Boeing et les autres membres de l'entreprise concernant la politique de sécurité » ainsi qu'une mise en œuvre « inadéquate et déroutante » des différents piliers de cette politique. (Crédits : JASON REDMOND)

Boeing va devoir revoir sa copie. Lundi, une commission indépendante désignée par le régulateur aérien (FAA) a affirmé que le constructeur a mis en place des procédures « complexes », qui sèment parfois la « confusion » chez les salariés.

Les procédures du (système de gestion de la sécurité, SMS) de Boeing ne sont pas structurées d'une façon « qui assure que tous les employés comprennent leur rôle » dans ce dispositif, explique cette commission dans son rapport de cinquante pages publié lundi par l'agence américaine de l'aviation. Dans ses conclusions, le panel relève que « les procédures et la formation (du personnel) sont complexes, changent en permanence, ce qui crée de la confusion chez les employés en particulier au sein des différents sites de production et des équipes ».

Les experts ont mené leurs investigations entre mars 2023 et février 2024. Leur mission découle d'une loi de 2020 adoptée après deux accidents de Boeing 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, qui ont fait 346 morts.

Le constructeur compte étudier « attentivement » ce rapport

Le constructeur compte étudier « attentivement » ce rapport et « apprendre de ses conclusions, tandis que nous poursuivons nos vastes efforts pour améliorer nos programmes sécurité et qualité », a-t-il réagi. De son côté, le régulateur entend « commencer immédiatement un examen approfondi de ce rapport et déterminer les prochaines étapes concernant les recommandations ». « Nous continuerons à jauger Boeing sous les plus stricts standards et nous nous attacherons à ce que le groupe intègre totalement ces recommandations », a-t-il ajouté.

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Par ailleurs, le panel a « observé une déconnexion entre les hauts dirigeants de Boeing et les autres membres de l'entreprise concernant la politique de sécurité » ainsi qu'une mise en œuvre « inadéquate et déroutante » des différents piliers de cette politique. Et les experts ont aussi trouvé « des problèmes supplémentaires (...) qui affectent la sécurité aérienne », notamment une prise en compte « inadéquate des facteurs humains » et « le manque d'implication de pilotes dans la conception des avions et leur exploitation ».

Pas de mention de l'incident sur le vol d'Alaska Airlines

Le rapport ne fait pas mention de l'incident survenu le 5 janvier sur un vol de la compagnie américaine Alaska Airlines, lorsqu'une porte-bouchon s'est détachée de la carlingue après le décollage. Dans la foulée, la FAA a cloué au sol les 171 737 MAX 9 disposant de cette configuration et lancé une enquête sur le contrôle qualité du constructeur, qui a subi plusieurs problèmes de fabrication depuis un an sur son avion vedette.

Le panel souligne ne pas s'être penché sur un incident ou un accident spécifique, tout en notant que, durant son examen, de « graves problèmes de qualité » chez Boeing ont émergé. Des problèmes qui ont « amplifié les inquiétudes de la commission d'experts au sujet de messages ou de comportements liés à la sécurité qui ne sont pas appliqués par l'ensemble des employés ». Par ailleurs, elle a considéré insuffisantes les protections contre les représailles pour les employés signalant des problèmes de sécurité. Elle précise avoir édicté 53 recommandations pour remédier aux 27 constatations insatisfaisantes. Boeing dispose désormais de six mois pour élaborer un plan d'action et un calendrier pour les mettre en œuvre, qu'il devra partager avec la FAA.

Départ du responsable du programme 737 MAX

L'avionneur enchaîne les déconvenues liées aux problèmes réguliers observés sur son programme 737 MAX. Face à ces difficultés, le constructeur a annoncé la semaine dernière le départ du responsable du programme après « près de 18 ans de service dévoué à Boeing ». Le groupe a par ailleurs annoncé une réorganisation de la direction, avec notamment la nomination d'Elizabeth comme vice-présidente en charge de la qualité, début février.  Les 737 MAX avaient été immobilisés pendant près de deux ans après les crashs de deux appareils, le premier, fin 2018, de la compagnie indonésienne Lion Air, le second, début 2019, de la compagnie éthiopienne Ethiopian Airlines, entraînant plus de 350 morts. Dans les deux cas, un problème lié à un nouveau logiciel était à l'origine des crashs.

Airbus « en bonne voie » pour réussir la montée en cadence de sa production d'avions

Les retards et surcoûts de programmes de satellites d'Airbus ont privé d'un nouveau bénéfice record en 2023 le géant européen, qui s'affiche néanmoins en forme et « en bonne voie » pour réussir la montée en cadence de sa production d'avions malgré des difficultés persistantes de certains fournisseurs. L'avionneur européen a publié mi-février un bénéfice net de 3,8 milliards d'euros, en baisse de 11% par rapport au record de 2022. Une situation qui contraste avec celle de Boeing, qui a essuyé une perte de 2,2 milliards de dollars l'an passé, dans le rouge pour la cinquième année consécutive.

Après avoir raté sa cible de livraisons d'avions en 2022, Airbus est parvenu à remettre 735 avions à ses clients en 2023 en dépit de difficultés persistantes de sa chaîne de fournisseurs à suivre sa remontée en cadence. Et il prévoit d'en livrer « environ 800 » en 2024, soit le nombre d'avions livrés en 2018, avant que la pandémie ne torpille le secteur aéronautique. L'avionneur a par ailleurs engrangé 2.094 commandes nettes l'an passé, pulvérisant son précédent record de 2013. Airbus a surfé sur les succès de ses monocouloirs de la famille A320 et ses long-courriers A350.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 27/02/2024 à 11:54
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Et dire que toutes les "intelligences artificielles" vont être gavées de ces principes de gestion "déconnectés", "inadéquats" et " déroutants".

à écrit le 27/02/2024 à 9:22
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O'Leary va devoir encore attendre pour ses 737 Max! Va fumer l'Irlandais😆

à écrit le 27/02/2024 à 8:53
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Je pense que les américains ont du nettoyer en profondeur tout cette corruption qui a mené à produire et vendre un avion défectueux dont ils n'arrivent pas à se dépêtrer. Des têtes ont du tomber, alors qu'en UE on aurait récompensé les fléaux corromp...

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