Face à la « débâcle » de Boeing, Ryanair demande des compensations financières

Une fois encore, le fantasque Michael O'Leary n'a pas mâché ses mots. Face à des journalistes, le patron de Ryanair a tancé les retards de livraisons du 737 MAX dus aux problèmes de qualité à répétition chez Boeing. De quoi l'obliger à revoir à la baisse son programme de vols cet été. Et il demande désormais publiquement des compensations.
Léo Barnier
Michael O'Leary a dénoncé la débâcle de Boeing sur le 737 MAX.
Michael O'Leary a dénoncé la "débâcle" de Boeing sur le 737 MAX. (Crédits : Francois Lenoir)

La crise du 737 MAX n'a pas fini de créer des turbulences chez Boeing. Outre la dimension sécuritaire, qui est sans aucun doute la plus importante, le constructeur américain doit faire face à la grogne des compagnies. Jamais avare de paroles lorsqu'il s'agit de mettre la pression sur un concurrent comme sur un partenaire, Michael O'Leary, directeur général de Ryanair, a fustigé la « débâcle » de Boeing qui a enchaîné problèmes de qualité et retards de production. Le patron de la compagnie irlandaise entend désormais obtenir des compensations financières face à cette situation qui a entraîné des annulations de vols.

Michael O'Leary a ainsi déclaré : « les contrats de Boeing et Airbus prennent en compte des retards excusables, mais si on perce des trous au mauvais endroit et que ça entraîne des retards, est-ce excusable ou pas ? Nous pensons très fermement que c'est inexcusable » avant d'ajouter qu'il pensait « obtenir une compensation modeste de Boeing ». Ces propos, rapportés par l'AFP, ont été tenus lors d'une table ronde organisée vendredi avec des journalistes au siège de la compagnie à bas prix à Dublin.

Le patron de Ryanair ne s'en est pas pris directement au 737 MAX et à ses qualités, ce qui serait malvenu pour la compagnie qui a commandé pas moins de 360 exemplaires fermes plus 150 en options. Elle espère ainsi exploiter plus de 500 exemplaires d'ici 10 ans et en avait déjà 136 en flotte fin 2023. « Il n'y a rien de fondamentalement problématique avec l'appareil (...) mais une approche médiocre des contrôles de qualité », a insisté Michael O'Leary.

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Impacts indirects

Ryanair n'a pas commandé de 737 MAX 9 et n'est donc pas concerné directement par l'incident survenu début janvier avec la perte d'un bouchon de porte par un appareil d'Alaska Airlines, qui a entraîné une suspension des vols pour une partie de la flotte. Mais cet événement a retardé les livraisons pour l'ensemble de la gamme, dont les 737 MAX 8-200 opérés par la compagnie low cost. Celle-ci s'attend dorénavant à recevoir la livraison de 40 ou 45 appareils pour l'été au lieu des 50 escomptés.

« Nous sommes à peu près sûrs d'en obtenir entre 30 et 40. Nous sommes raisonnablement sûrs d'en avoir entre 40 et 45. Et maintenant, nous sommes beaucoup moins sûrs d'obtenir entre 45 et 50 », a déclaré Michael O'Leary.

Selon Reuters, cela pourrait conduire la compagnie à réduire son programme cet été. La compagnie a aussi revu légèrement à la baisse ses prévisions de trafic pour son exercice 2023-2024 à 183,5 millions de passagers à l'occasion de la présentation des résultats de son troisième trimestre fin janvier, contre 185 millions auparavant.

Retards fréquents

Ce n'est pas la première fois que Ryanair dénonce les retards de Boeing. La compagnie fait systématiquement le point sur ses prévisions de livraisons dans ses annonces de résultats intermédiaires, et dénonce régulièrement des incertitudes dues aux problèmes de production chez Boeing et leur impact sur sa montée en puissance.

Lire aussi737 MAX : empêtré dans ses problèmes de qualité, Boeing renonce à monter les cadences de production

Cela devrait perdurer encore quelque temps. Au vu des problèmes de qualité à répétition connus par le programme 737 MAX, Boeing a décidé de geler pour le moment sa montée en cadence. Après avoir peiné à stabiliser sa production en sortie de crise sanitaire, puis à atteindre le rythme moyen de 38 appareils par mois, le constructeur renonce pour le moment à se projeter vers la cadence 50. Cet objectif, prévu à l'horizon 2025-2026, n'est pas abandonné pour autant.

Cela ne devrait pas non plus faciliter la certification du 737 MAX 10, que Ryanair a commandé à 150 exemplaires en mai dernier (plus 150 en options). Celle-ci traîne en longueur depuis des années, avec un contrôle renforcé de la part de l'Administration fédérale de l'aviation américaine (FAA), suite aux dérives connues pour l'homologation des premiers modèles de 737 MAX qui ont conduit à deux accidents mortels.

Léo Barnier

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Commentaires 9
à écrit le 29/02/2024 à 11:24
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Ryanair est controlé par des actionnaires US le president pendant 26 ans fut un proche de Netanyahou Israel est armé par Boeing Quasi pas d Airbus.., Ryanair a les mains liées

à écrit le 27/02/2024 à 4:41
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Pour ma part je n'ai jamais volé et ne volerai jamais avec Ryanair. Pour les vols long courriers en business class TA est imbattable et pour les vols moyens courriers sur l'arc méditerranéen AF toujours en BC. Le low cost ,très peu pour moi👎

à écrit le 26/02/2024 à 17:26
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Toujours comique ce genre de news, quand on nous dit par ailleurs qu'il ne faut plus utiliser de pétrole pour nos voitures

à écrit le 26/02/2024 à 14:32
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En tant qu'europeen, il devrait déjà voler avec des avions européens Airbus par exemple. De plus on devrait lui faire payer une taxe pour chaque avion acheté à l'étranger

à écrit le 26/02/2024 à 13:43
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Le magazine World's Travellers a procédé à une étude concernant la clientèle des compagnies aériennes low-cost. Selon celle-ci 75% des passagers jettent leurs déchets depuis leur automobile, 80% sont supporters d'une équipe de foot, 72% sont homopho...

à écrit le 26/02/2024 à 13:00
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Prendre Ryanair et monter dans un 737 Max pour moi c'est niet !

à écrit le 26/02/2024 à 12:20
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Ça fera toujours quelques avions en moins dans le ciel. Merci Boeing.

le 26/02/2024 à 12:55
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Et aussi quelques avions en moins éparpillés sur le sol.

à écrit le 26/02/2024 à 11:37
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Et il a entièrement raison, si d'ailleurs les entreprises privées respectaient leurs contrats elles seraient beaucoup moins couteuses, beaucoup moins polluantes et beaucoup plus sûres mais voilà comme nos politiciens leurs garantissent un rembourseme...

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