Boeing : nouveau dysfonctionnement sur le 787 Dreamliner, les avions non livrés seront "remaniés"

Boeing est de nouveau épinglé pour un défaut de fabrication sur son avion long-courrier 787 Dreamliner. Le dysfonctionnement porte cette fois-ci sur des éléments en titane qui ne répondent pas aux normes de solidité exigées. Boeing est sous étroite surveillance du régulateur américain, la FAA, depuis le crash de deux appareils 737 MAX, qui ont coûté la vie à 346 personnes. Dans cette affaire, la justice américaine a inculpé hier un ancien pilote d'essai de Boeing, accusé d'avoir induit en erreur l'autorité de certification.
(Crédits : Reuters)

Empêtré depuis plusieurs années dans des problèmes de sécurité sur certains de ses avions, les nuages noirs continuent de s'accumuler sur Boeing. Son très rentable long-courrier 787 Dreamliner fait de nouveau l'objet d'inquiétudes.

L'avionneur américain a confirmé hier un défaut de fabrication portant sur des éléments de l'appareil en titane qui ne répondent pas aux normes de solidité exigées pour ce type d'appareils construits ces trois dernières années.

Boeing a indiqué que les pièces ont été fournies par le groupe italien Leonardo SpA, après avoir été fabriquées par le sous-traitant Manufacturing Processes Specification (MPS), firme également basée en Italie. Leonardo a précisé que MPS ne faisait désormais plus partie de sa chaîne de fournisseurs.

"Une enquête est en cours, mais nous avons déterminé que cela ne présentait pas de danger immédiat de sécurité pour la flotte d'avions déjà en service, a expliqué un porte-parole du groupe auprès de l'AFP. "Les avions qui n'ont pas encore été livrés seront remaniés comme il se doit avant leur livraison aux clients".

Le régulateur américain, la FAA, informé de ces nouveaux dysfonctionnements liés à "des fixations au plancher en titane pour les avions 787 qui ne sont pas conformes aux normes d'ingénierie", a également estimé que "ce défaut ne remettait pas en question la sûreté des vols.

Le régulateur américain très présent

Pour autant, c'est une nouvelle zone de turbulences pour l'appareil long-courrier de l'avionneur américain. Les livraisons du 787 ont déjà été suspendues une première fois entre novembre 2020 et mars 2021 - à cause d'un dysfonctionnement sur le raccord d'une portion du fuselage et sur le stabilisateur horizontal - puis une deuxième fois en mai 2021 - deux mois seulement après la reprise des activités. En juillet dernier, le régulateur américain, au cours d'une inspection, avait également décelé un nouveau problème de fabrication situé "près du nez de certains 787 Dreamliner dans l'inventaire des avions non livrés de la compagnie".

La FAA suit, depuis plusieurs mois, les activités de Boeing de très près. Le régulateur multiplie désormais les vérifications sur les appareils en production, directement sur les sites industriels, ainsi que ceux déjà commercialisés. C'est traditionnellement une tâche dévolue aux employés du groupe.

Au regard de ces différentes inspections, la FAA a d'ailleurs ouvert une enquête le 18 août sur de possibles manquements aux normes de qualité de la part de Boeing dans sa division d'avions commerciaux. Selon le Wall Street Journal, qui publie cette information, le régulateur accuse notamment le constructeur d'avoir permis à des employés non qualifiés d'approuver des contrôles de qualité.

Un pilote inculpé

Outre les problèmes liées au 787 Dreamliner, un autre appareil est dans le viseur de la FAA : le 737 MAX, dont deux appareils se sont crashés en 2018 et 2019, faisant 346 victimes. Des ombres planent également sur les processus de validation du contrôle qualité.

Dans cette affaire, la justice américaine a inculpé hier un ancien pilote d'essai de Boeing, accusé d'avoir induit en erreur le régulateur américain de l'aviation au cours du processus de certification du 737 MAX. Mark Forkner, 49 ans, "a fourni à l'agence des informations fausses, inexactes et incomplètes sur une nouvelle partie du système de contrôle des commandes de vol du Boeing 737 MAX", le MCAS, justifie le ministère de la Justice dans un communiqué. Mark Forkner dirigeait l'équipe technique de vol du 737 MAX lors de sa mise en service.

Boeing a déjà reconnu sa responsabilité dans la manipulation des autorités et accepté en janvier de verser plus de 2,5 milliards de dollars pour solder certaines poursuites. Le géant aéronautique avait alors reconnu que deux de ses employés avaient induit en erreur la FAA.

L'avocat principal des familles des victimes du crash de 2019 en Éthiopie, qui avait coûté la vie à 157 personnes, a estimé hier que Mark Forkner n'a pas agi seul et demande à la justice américaine de poursuivre ses investigations.

"L'inculpation aujourd'hui de l'ancien pilote en chef de Boeing pour avoir trompé les autorités fédérales au sujet du 737 MAX vise à blanchir l'entreprise ("corporate whitewash"), a déclaré Robert A. Clifford, fondateur et associé principal de Clifford Law Offices. "La perte tragique de 157 vies aurait pu être évitée si Mark Forkner avait pris la parole, mais il n'a certainement pas agi seul [...] Je pense qu'ils découvriront que de nombreux responsables d'entreprise ont participé à la rétention d'informations critiques auprès de l'agence de certification."

Le 737 MAX, qui avait fait ses débuts opérationnels en 2017, avait été interdit de voler pendant 20 mois suite à ces deux accidents, avant une reprise des vols fin 2020. Des problèmes électriques dans les cockpits de certains de ces appareils ont conduit début avril 2021 à l'immobilisation temporaire d'une centaine d'exemplaires déjà livrés.

Lire aussi 5 mnBoeing 737 MAX 10 : Michael O'Leary (Ryanair) le juge trop cher et lâche l'affaire pour le moment

(avec agences)

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Commentaires 4
à écrit le 04/01/2022 à 16:05
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La sous-traitance est souvent une source de problemes, en matiere de qualite et de fiabilite. Si le maitre d'oeuvre confie les controles aux fournisseurs, il se rend complice des possibles defauts de fabrication qui nuiront en fin de compte a son ima...

à écrit le 15/10/2021 à 18:57
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Le 787 n'est pas un avion très rentable pour Boeing. Son développement chaotique avec plusieurs années de retard à coûté très cher à Boeing et à ses partenaires. Le seuil de rentabilité à été fixé de mémoire à partir du 1000eme avion. Le 737 lui est ...

à écrit le 15/10/2021 à 13:33
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Inquiétant ! . Chez Boeing, il semblerait qu'il n'y ait plus de service contrôle qualité … ! Les erreurs étant toujours possibles, si leur détection étaient du à une augmentation des contrôles, clle-ci serait même plutôt rassurante !! . . . s...

le 19/10/2021 à 10:55
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Mais vous ne comprenez rien, les pièces défectueuses sont fournies par un sous-traitant italien qui lui est censé faire le contrôle qualité... Certes, Boeing ce retrouve responsable car c'est le maître d'œuvre, mais ce n'est pas un défaut de design. ...

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