Boeing prêt à racheter son sous-traitant Spirit pour tenter de mettre fin aux déboires du 737 MAX

Boeing et Spirit AeroSystems ont confirmé vendredi mener des discussions préliminaires en vue du rachat par le constructeur de son sous-traitant, sur la sellette à cause d'une série de problèmes de production sur les avions de Boeing.
En 2005, Boeing a revendu la Wichita Division au fonds d'investissement canadien Onex Corporation qui la rebaptise Spirit AeroSystems.
En 2005, Boeing a revendu la Wichita Division au fonds d'investissement canadien Onex Corporation qui la rebaptise Spirit AeroSystems. (Crédits : JASON REDMOND)

Réinternaliser la production pour éviter les déboires. Quitte à faire un grand mouvement en arrière et reprendre la main sur une activité qui avait été externalisée il y a près de vingt ans. C'est ce que tente de faire Boeing avec Spirit Aerosystems, son plus gros sous-traitant dont l'activité de production de fuselages d'avions faisait partie du périmètre de Boeing avant qu'elle ne soit cédée en 2005 dans le cadre d'une nouvelle stratégie mise en place avec le lancement du B-787.

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Problèmes en série

Ces discussions interviennent alors que le Boeing 737 MAX traverse une énième vague de turbulences en raison des difficultés rencontrées par Spirit AeroSystems, mis en cause sur plusieurs problèmes de production observés ces derniers mois sur l'avion.

« Nous confirmons que notre collaboration a abouti à des discussions préliminaires pour que Spirit Aerosystems fasse de nouveau partie de Boeing », explique l'avionneur dans un communiqué, confirmant les informations du Wall Street Journal. Selon Boeing, « la réunification (...) des opérations de production renforcerait davantage la sécurité de l'aviation, améliorerait la qualité et servirait les intérêts de nos clients, employés et actionnaires ».

Spirit AeroSystems est sous surveillance depuis un incident survenu le 5 janvier, lorsqu'une porte-bouchon de la carlingue d'un Boeing 737 MAX 9 d'Alaska Airlines s'est décrochée en plein vol. Dans la foulée, les pratiques industrielles de Boeing et de son sous-traitant ont été remises en question, l'agence américaine de régulation de l'aviation (FAA) lançant une enquête sur les contrôles de qualité mis en place par le constructeur. Boeing a également fait état, au fil de 2023, de problèmes de production, dont certains affectaient le fuselage, qui ont réduit sa cadence de production et ses livraisons.
En avril 2023, l'avionneur avait en effet signalé des défauts sur des pièces fournies par Spirit  pour « la partie arrière du fuselage » de certains 737. Quelques mois plus tard, le groupe avait justifié des retards de livraison du 737 MAX par un problème sur une cloison étanche. Fin décembre, il avait aussi évoqué un risque de « boulon desserré » sur le système de contrôle du gouvernail.

Boeing représente 60% du chiffre d'affaires de Spirit

Sur l'ensemble de l'année, Spirit a enregistré un chiffre d'affaires de 6,05 milliards de dollars (+20% sur un an). Il reste toutefois dans le rouge avec une perte de 633 millions de dollars, qui se creuse par  rapport à 2022. Boeing est de loin le plus important client de Spirit, dont les revenus provenaient à 60% de l'avionneur américain en 2022.

Ce n'est pas la première fois que Boeing remet en cause son modèle industriel. Dès 2008, alors que le 787 accumulait lui aussi les déboires, la direction avait reconnu être allée un peu loin dans l'externalisation de la production. Pour rappel, en lançant son B787 en 2004, Boeing a mis en place un nouveau système industriel pour répondre à ses difficultés de l'époque. L'américain avait choisi de se concentrer sur le design, la vente et l'assemblage des avions, et d'externaliser le reste. Ainsi, 70 % du 787 avait été « outsourcée » à une multitude de sous-traitants qui prenaient à leur charge une grande partie des coûts de développement (et dont le retour sur investissement dépend du succès de l'avion).

Lire ici : la saga du Boeing 787 : Des déboires industriels hors normes (6/7)

Le WSJ avançait également que Spirit AeroSystems étudiait aussi l'opportunité de céder des activités en Irlande, qui fournissent Airbus, le grand rival européen de Boeing.

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Commentaires 3
à écrit le 02/03/2024 à 19:40
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C’est Boeing qui a créé Spirit il y a 15 ans pour externaliser ses usines, et créer toujours plus de valeur pour l’actionnaire en devenant “asset light”, comme c’était la mode à l’époque. Autrement dit, la direction de Boeing était dans le business d...

à écrit le 02/03/2024 à 18:27
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A terme, soit Spirit perd 40% de son CA car il ne pourra rester filiale Boeing en même temps que continuer à fournir Airbus, soit Spirit sépare les activités entre ses 2 grands clients... il devra alors garder indépendant ses activités en Irlande, ou...

à écrit le 02/03/2024 à 17:43
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Bonjour, bon dire que cette entreprise a de gros problème avec ses sous traitant, et que le contrôle qualité n'est pas au point... Ne ne semble pas totalement faux... Donc des mesures très important doivent être envisagée...

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