C919  : le concurrent chinois de l'A320 NEO d'Airbus prêt à sortir de Chine

Le C919 va-t-il connaître une carrière internationale ? Enfin entré en service en Chine, l'avion du constructeur étatique Comac va pour la première fois passer les frontières du pays... pour aller à Hong Kong. Derrière cette sortie symbolique, c'est surtout la volonté de Pékin de voir son avion sur le marché international qui s'exprime.
Léo Barnier
Le C919 est en service en Chine depuis mai, mais attend désormais de franchir les frontières.
Le C919 est en service en Chine depuis mai, mais attend désormais de franchir les frontières. (Crédits : CHINA STRINGER NETWORK)

C'est une première étape vers une carrière internationale pour le C919. L'avion moyen-courrier du constructeur chinois Comac - concurrent du 737 MAX de Boeing et de l'A320 NEO d'Airbus - s'apprête à franchir pour la première fois les frontières de l'Empire du Milieu... ou plus exactement de la Chine continentale. Le C919 va venir à Hong Kong et survoler les abords de la ville.

John Lee, chef de l'exécutif hongkongais, a déclaré que « le 16 décembre, le C919 effectuera un survol au-dessus du port de Victoria » ce mardi lors de sa rencontre hebdomadaire avec les médias, comme le rapporte l'AFP. Il a ainsi indiqué que Pékin « a choisi Hong Kong pour être la première ville que le C919 visitera en dehors du continent ». L'avion sera exposé sur l'aéroport international de Hong Kong du 12 au 17 décembre aux côtés de l'ARJ21, premier jet commercial développé en Chine et produit par Comac, a-t-il ensuite précisé.

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Première étape

Cette sortie peut sembler modeste, mais elle préfigure les velléités internationales du constructeur étatique et donc de Pékin pour cet avion. Entrée en service en mai dernier, quinze ans après le lancement du programme et six ans après son premier vol, il opère uniquement en Chine depuis lors. Hong Kong est donc un premier jalon.

Cela ne suffira pas pour s'imposer hors des frontières chinoises pour autant. S'il veut réellement avoir une carrière internationale, le C919 va devoir obtenir les certifications de l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) et de l'Administration fédérale américaine de l'aviation (FAA), les deux autorités de référence en la matière sur lesquelles se basent en général les autres pays pour autoriser à leur tour un avion à opérer dans leur espace aérien. Or, l'appareil de Comac n'a obtenu que le sésame de l'administration chinoise de l'aviation civile (CAAC) pour le moment, non sans mal, l'an dernier.

Ces certifications seront aussi indispensables pour que le C919 puisse être vendu à des compagnies étrangères. Comac revendiquait en début d'année environ 1.200 commandes et intentions d'achats avec l'objectif de produire 150 appareils par an d'ici cinq ans, selon son directeur général adjoint, Zhang Yujin, cité par l'AFP. Il a depuis reçu sa plus grosse commande en septembre avec 100 exemplaires pour China Eastern Airlines. Mais il s'agit presque exclusivement de contrats signés avec des compagnies ou des loueurs chinois. Seul le loueur irlandais AerCap s'est engagé pour quelques appareils tandis que la compagnie thaïlandaise City Airways et le futur opérateur brunéien GallopAir ont fait part de leur intérêt. C'est loin des milliers de commandes enregistrées par les A320 NEO et 737 MAX à travers le monde.

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Vers l'indépendance nationale

L'enjeu est fort pour la Chine : si l'ARJ21 fait figure de programme d'apprentissage, le C919 doit concrétiser la capacité de l'industrie nationale à réaliser un avion performant par ses propres moyens et à concurrencer ainsi les constructeurs occidentaux Airbus et Boeing, qui dominent le marché mondial mais aussi chinois.

Pour autant, le C919 s'appuie encore largement sur des technologies occidentales, à commencer par les moteurs Leap-1C de CFM International, coentreprise franco-américaine entre Safran et GE Aerospace, proche du Leap-1A de l'A320 NEO mais aussi du Leap-1B du 737 MAX. Le consortium chinois Aero Engine Corporation of China (AECC) s'est lancé dans le développement d'un moteur local, le CJ-1000A, mais il prendra encore plusieurs années avant d'être opérationnel. D'autres systèmes critiques sont également fournis par des équipementiers européens et américains.

Pékin veut aussi développer un avion long-courrier. Présenté il y a quelques années dans le cadre d'un partenariat avec la Russie sous le nom CR929, il est désormais porté en solitaire par Comac.

(Avec AFP)

Léo Barnier

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Commentaires 2
à écrit le 09/12/2023 à 11:09
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Bonjour, quel surprise.. Ils me semblent que lors de la constructions de l'usine d'airbus en chine , beaucoup avec prédit la naissance d'un future concurrent chinois ... Dire que cela était voulus...( lire le commentaire de Dossier 51). Personnel...

à écrit le 06/12/2023 à 8:06
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C'est une économie qu'adore nos dirigeants politiques et économiques parce que influençant directement les PIB des pays avec de tels prix, les chinois ont donc bien pris le temps de jouer le jeu à fond des occidentaux, cela leur permettra d'alimenter...

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