Airbus Helicopters va-t-il arriver à sortir par le haut du bourbier émirien ? Les Émirats Arabes Unis mettent depuis plusieurs mois une très grosse pression sur le constructeur européen pour négocier à la baisse le montant du contrat portant sur la vente de 12 hélicoptères de transport tactique Caracal signé en décembre 2021. Un contrat estimé à l'époque entre 750 et 800 millions d'euros. Selon nos informations, les Émirats Arabes Unis (EAU), qui sont un client important pour Airbus Helicopters, voudraient ramener le montant du contrat à 620 millions d'euros.
Les demandes des EAU vont au-delà d'un simple rabais financier. Réputés particulièrement exigeants en matière de négociations, ils souhaiteraient également qu'Airbus Helicopters livre plus vite, augmente la durée du support de dix ans et transfère plus de technologies. Enfin, ils privilégient l'intégration sur le Caracal du missile israélien Spike ou d'un missile du groupe émirien Halcon.
Une relation stratégique à préserver
Ces exigences font logiquement grincer les dents du constructeur européen, qui veut néanmoins sauver cette commande stratégique. Mais pas à n'importe quel prix. Rencontré au salon de Dubaï (13-17 novembre), le PDG d'Airbus Helicopters Bruno Even, qui n'a pas souhaité très logiquement commenter « la dimension commerciale » de ce contrat, considère que « son rôle est de maintenir cette relation stratégique avec les Émirats Arabes Unis, de m'assurer que nous savons répondre aux demandes dans des conditions qui restent favorables pour chaque partie et, enfin, de pouvoir exécuter le contrat Caracal à son terme. Nous sommes en discussion ».
« Nous connaissons le client émirien depuis plus de 40 ans. Il vole sur de nombreux hélicoptères d'Airbus Helicopters. Le contrat Caracal a une dimension stratégique parce que c'est l'occasion pour le client émirien, comme pour nous, de réaffirmer notre partenariat pour les futures années », explique Bruno Even.
Pour sauver le contrat, Bruno Even s'est personnellement impliqué dans les négociations. Il n'a d'ailleurs pas hésité à mouiller sa chemise en faisant quelques allers-retours à Abu Dhabi. « Il n'y a pas de raison que nous ne trouvions pas de solution. C'est mon état d'esprit », explique-t-il. De leurs côtés, les EAU ont trouvé un moyen de pression sur Airbus Helicopters. Ils négocieraient avec le sud-coréen KAI l'achat de l'hélicoptère Surion, développé dans les années 2000 en partenariat... avec Eurocopter, devenu depuis Airbus Helicopters. Les EAU se servent-ils du Surion comme lièvre ? Cet hélicoptère est loin d'avoir les mêmes capacités que le Caracal.
En termes de capacités opérationnelles, de rayon d'action avec en particulier cette capacité de ravitaillement et de charge utile, le Caracal n'a pas d'équivalent, estime Airbus Helicopters. Il est le seul hélicoptère à être capable de transporter 26 personnes jusqu'à 1.000 nautiques. C'est d'ailleurs pour cela que les forces spéciales néerlandaises l'ont sélectionné aux dépens du Black Hawk de Sikorsky. Résultat, rien ne semble encore définitivement perdu à ce stade pour Airbus Helicopters. Mais la situation est extrêmement compliquée pour le constructeur, qui rêve également de vendre du NH90 Marine aux Émirats Arabes Unis. Un « prospect » qui intéresserait également KAI, avec une version marine dérivée du Surion (KUH-1E).
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