Guido Crosetto en a très, très envie. Et le ministre de la Défense italien, qui en parle régulièrement au ministre des Armées français Sébastien Lecornu, fait le forcing pour entrer dans le programme franco-allemand MGCS (Main Ground Combat System), le système de systèmes du futur dans le combat terrestre. Mais il doit convaincre Berlin de lui faire une place « au plus tôt » dans ce programme, incroyablement complexe à lancer entre la France et l'Allemagne, et donc de faire sauter le verrou allemand bien verrouillé pour le moment, explique-t-on à La Tribune. Et pas n'importe quelle place. Selon des sources concordantes, les Italiens revendiquent un tiers de MGCS, sans d'ailleurs passer par un statut d'observateur, pour participer à ce programme dès son développement.
Un scénario quasi identique à ce qu'avait réussi à obtenir l'Espagne dans le programme SCAF (Système de combat aérien du futur), qui avait lui aussi été initialement lancé en franco-allemand. L'Italie a mis dans la balance l'achat de chars Leopard AX, qui doit en principe renouveler le parc composé actuellement d'Ariete et de Leopard 1, et compléter la capacité de combat des forces blindées italiennes. Cette acquisition de chars Leopard AX devra « créer des conditions avantageuses pour l'élargissement du partenariat au programme de développement du futur MBT (char de combat) européen et des plateformes dérivées associées (...) en respectant le concept et les principes développés dans le cadre du projet franco-allemand MGCS », a expliqué le ministère de la Défense italien dans son document programmatique pluriannuel (DPP) 2023-2025.
« La coopération stratégique et industrielle avec les pays alliés et partenaires sera renforcée, positionnant la Nation comme contributeur et bénéficiaire des développements futurs dans le segment de capacité des véhicules lourds/blindés », a précisé le ministère dans le DPP.
Fusion des activités dans l'armement terrestre
Au préalable, selon ces mêmes sources, le gouvernement italien Rome souhaite faire fusionner les deux industriels transalpins, Iveco Defence Vehicles (IDV), la filiale dédiée aux véhicules militaires (véhicules blindés, amphibies...) d'Iveco Group (100%), et les activités dans l'armement terrestre de Leonardo (anciennement Oto Melara). « L'Italie souhaite constituer une entreprise issue des activités de Leonardo et d'Iveco Defence Vehicle sur le modèle de KNDS », explique-t-on à La Tribune. Cette opération devrait être facilitée par la coopération étroite engagée entre les deux groupes.
Ils travaillent déjà ensemble depuis 1985 au sein d'un consortium Iveco-Oto Melara (CIO) détenu à parts égales par Iveco Group et Leonardo pour le développement et la fabrication de véhicules blindés tels que le Centauro (I et II) et le support des véhicules. Au sein de ce consortium, Iveco Defence Vehicles s'occupe des moteurs, de la partie mobilité, de tous les composants automobiles, de l'intégration finale des véhicules blindés à roues tandis que Leonardo est responsable des systèmes d'armes, des systèmes de visée et de contrôle des tirs, ainsi que de l'intégration finale des véhicules blindés à chenilles.
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