MGCS (char du futur) : Paris et Berlin reprennent le manche pour piloter le programme

Paris et Berlin ont donné une nouvelle impulsion politique au projet de char du futur (MGCS) franco-allemand, enlisé dans les rivalités entre industriels, en s'accordant sur la définition des besoins attendus par les deux armées.
Le système de systèmes MGCS enclenche la marche avant
Le système de systèmes MGCS enclenche la marche avant (Crédits : DR)

Le système de systèmes MGCS (Main Ground Combat System) enclenche enfin la marche avant. Pour le système de combat terrestre du futur, ce qui s'est passé sur la base aérienne d'Evreux est à la fois un petit et un grand pas. Ainsi, la signature jeudi par le chef d'état-major de l'armée de Terre le général Pierre Schill et son homologue allemand du document de haut niveau HLCORD (High Level Common Operational Requirements Document), l'équivalent d'une fiche d'expression de besoins, est une percée indéniable après des mois et des mois d'incertitudes sur ce projet franco-allemand. Ce document fixe les « exigences opérationnelles communes » des deux armées pour ce programme, a expliqué le ministre des Armées, Sébastien Lecornu.

Un petit pas car cette percée demande encore à être confirmée. D'autant que le programme en est encore à ses balbutiements sept ans après son lancement en 2017 par Emmanuel Macron et Angela Merkel. Ainsi, ce document a « une vertu stratégique, il vient commencer à préfigurer de ce que va être le cahier des charges », a expliqué Sébastien Lecornu. « Cette étape va permettre le travail, jusqu'à fin décembre » de définition des différents piliers de blocs technologiques à développer et la responsabilité de chaque État, a expliqué de son côté le ministre de la Défense allemand Boris Pistorius, qui espère signer un contrat en 2024 avec les industriels. Selon le ministre des Armées français, le programme MGCS devrait être opérationnel à l'horizon 2040/2045 - soit « un calendrier souple et réaliste » - alors que l'armée de terre souhaite un premier système en service avant 2040.

Reprise en main politique

Un grand pas aussi parce que Sébastien Lecornu et son homologue allemand ont décidé d'une reprise en main de ce programme sur le plan politique comme le demandait d'ailleurs dans une interview accordée à La Tribune le directeur général de KNDS, Frank Haun, qui estimait que « bon nombre des frictions qui en découlent pourraient être surmontées par un leadership politique rigoureux ». C'est le message qu'a fait passer jeudi sur la base aérienne d'Évreux Sébastien Lecornu, qui a regretté la politisation des programmes de défense à l'approche des élections européennes :

« La réalité c'est que ce sont les deux États, qui sont porteurs du projet sur le terrain politique et diplomatique mais ce sont aussi les deux États qui seront les clients, les acheteurs pour nos propres armées de ce nouveau char ». Le programme reste sous leadership allemand et la charge de travail est répartie à 50/50 entre la France et l'Allemagne. Sébastien Lecornu .

Les industriels, notamment Rheinmetall, n'ont qu'à bien se tenir, les États ont décidé de piloter à nouveau ce programme qui était au bord du gouffre. « Un peu de lest a pu s'installer et, pour le coup, avec Boris (Pistorius, ndlr), on a décidé d'en tirer les conclusions » en prenant de façon plus ferme le manche du programme MGCS et en imposant comme référentiel celui du SCAF avec ses piliers. C'est à la direction générale de l'armement (DGA) et à son homologue allemand, le Bundesamt für Wehrtechnik und Beschaffung (BWB) de « veiller aux intérêts des deux États clients », a insisté Sébastien Lecornu. D'autant que la France met sur la table 500 millions d'euros pour le MGCS tout au long de la prochaine loi de programmation militaire (2024-2030). Le ministre français, avec Boris Pistorius, souhaite mettre la pression sur leurs équipes et les industriels de MGCS, le groupe franco-allemand KNDS et Rheinmetall :

« Nous nous sommes vus le 10 juillet à Berlin, a-t-il rappelé. Je serai à mon tour le 9 et 10 octobre en Allemagne pour le séminaire franco-allemand où nous aurons un temps bilatéral à nouveau et nous allons garder ce rythme pour tenir les délais des projets dans lesquels nous sommes engagés, ce qui nous permet à chaque fois de donner différents mandats à nos équipes civiles et militaires et en assurer le portage politique ».

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Commentaires 12
à écrit le 23/09/2023 à 21:04
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L'important est visiblement de ne pas être celui qui prendra la décision d'abandonner le projet de char franco-allemand : donc on raconte toutes les calembredaines qu'on veut et on gagne du temps. En réalité, on le perd, mais les dirigeants en place ...

à écrit le 22/09/2023 à 9:51
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Totalement absurde et hypocrite que la charge de travail soit de 50-50 sur ce projet entre la France et l'Allemagne. Il serait normal que l'Allemagne ait une large majorité du travail (70? 80?) et que la France ait une large majorité du travail sur l...

le 03/10/2023 à 13:49
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Absolument. Il doit y avoir une prime à la compétence, sinon on court à l'échec (particulièrement coûteux en l'occurrence) Et la charge de travail doit effectivement ressembler aux proportions que vous indiquez.

à écrit le 22/09/2023 à 9:36
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C'est toujours pareil, on perçoit le futur avec les moyens du passé en rajoutant des gadgets et de la com ! ;-)

le 22/09/2023 à 12:14
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Les Russes font 200 chars par ans en ce moment, nombre en croissance. La Corée du Sud fabrique 250 chars par an. Les USA qui ont 5000 chars lourds, de la Chine en produit de plus en plus de toute taille. Leurs décideurs ne les font pas pour rien. Tou...

à écrit le 22/09/2023 à 9:30
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Le char a t il encore une utilité à l'époque des drones et pour des pays qui n'ont pas l'intention d'attaquer leurs voisins?

le 22/09/2023 à 9:46
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Oui. Si le voisin a avancé, il faut bien reprendre le terrain perdu. On ne revient sur les débats stériles entre armes offensives et défensives. Les drônes, c'est bien, mais ça ne fait pas tout. Il faut aussi tenir le terrain. Le char reste un élémen...

à écrit le 22/09/2023 à 8:42
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Un projet que la France aurait pu faire bien et seule . Mais c'est pas grave, ça tombera à l'eau (encore une fois ) , ce sera un gouffre financier et on passera pour les mauvais face à la magnifique Allemagne qui bosse pour ses intérêts et ceux de U...

à écrit le 22/09/2023 à 7:31
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Bonjour, avant toute chose , la rivalité industrielle allemande ne fois pas tres un problème français... Chaqu'un dois etre responsable de sont développement... Le points important pour la france est avant toute chose l'expression de nos besoins ....

le 22/09/2023 à 9:48
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Le sujet, c'est la tourelle. Le partage était sur un chassis Allemand et une tourelle française. C'est ce partage qui a été challengé par la partie Allemande.

le 22/09/2023 à 13:07
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Bonjour, le partage de deux composants ( France la tourelle et Allemagne le châssis) est une très mauvaise idée... Je vois plus un partage d'éléments structurel... Canon, chargement automatique tourelle, chargement automatique caisse, GMP ( moteur e...

à écrit le 22/09/2023 à 7:23
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Bientôt même la photo virtuelle sera dépassée tellement ils trainent !

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