![La parenthèse glaciale entre les deux président est enfin fermée avec la signature du contrat Rafale en Égypte.](https://static.latribune.fr/full_width/1092982/macron-appelle-sissi-a-agir-sur-les-droits-de-l-homme.jpg)
La parenthèse glaciale est enfin fermée avec la signature du contrat Rafale en Égypte. La France est vraiment de retour en Égypte, qui avait black-listé Paris à la suite de la visite d'Emmanuel Macron en janvier 2019 au Caire où le président français avait donné sans concertation une leçon sur les droits de l'homme au maréchal Abdel Fattah al-Sissi dans son pays. Une maladresse qui avait irrité fortement le président égyptien et gelé les relations franco-égyptiennes pendant deux ans environ. Deux ans pendant lesquels Le Caire a ostensiblement ignoré et laissé sur la touche les industriels de l'armement français. Deux ans pendant lesquels le président Sissi a acheté des systèmes d'armes russes (24 avions de combat Su-35) italiens (deux frégates FREMM et 24 hélicoptères AW149 et 8 AW189) et allemands (six frégates Meko). Et ce en dépit du partenariat stratégique qui lie la France et l'Égypte et qui nourrit une coopération opérationnelle très intense entre les deux armées.
La Turquie, le déclic
Toutefois, la Turquie, qui a montré en 2020 ses ambitions dans le bassin méditerranéen (Libye, champs gaziers au large de Chypre et de la Grèce...), a joué un rôle involontaire très important dans le réchauffement des relations entre la France et l'Égypte, qui ont un partenariat stratégique. Au printemps 2020, la posture ferme de Paris face à Ankara et la bienveillance de Rome vis-à-vis de Recep Tayyip Erdogan en Libye a été un déclic au Caire. "On partage avec Le Caire le souci de faire respecter la liberté de navigation et du droit international en Méditerranée orientale, explique-t-on au sein du cabinet de la ministre des Armées. On insiste sur la reconnaissance des droits des pays riverains, précisément au moment où certains - la Turquie - remettent en question ces principes-là".
En outre, Jean-Yves Le Drian, qui avait été l'architecte des premiers contrats français en Égypte en 2015, redevient à nouveau incontournable en Égypte lors de cette période. L'été 2020 scellera le rapprochement des deux pays grâce à l'entregent de Jean-Yves Le Drian. Le 8 novembre, le ministre des Affaires étrangères est au Caire où il voit le président égyptien dans un excellent climat de confiance. Pourtant la visite intervient au moment des tensions extrême entre Paris et le monde musulman autour de la publication de caricatures du prophète Mahomet. Toutefois, Paris et le Caire ont compris qu'ils ne pouvaient faire l'un sans l'autre sur le plan géopolitique, notamment en Méditerranée orientale face à la Turquie et en Afrique (Libye, Soudan...).
Un partenaire clé de la France
La visite à Paris début décembre du président égyptien à Paris scelle définitivement les retrouvailles entre les deux pays. Cette visite met fin à près de deux ans de bouderies entre les deux chefs d'État. C'est le retour à la realpolitik pour Emmanuel Macron, qui reçoit son homologue égyptien avec un luxe de petites et grandes attentions : accueil fastueux aux Invalides, dîner à l'Élysée et remise de la grand-croix de la Légion d'honneur. Le président français envoie une série de messages très clairs à son invité. "Je ne conditionnerai pas notre coopération en matière de défense comme en matière économique à ces désaccords (droits de l'homme, ndlr)", explique-t-il lors d'un point de presse avec Abdel Fattah al-Sissi.
"Il est plus efficace d'avoir une politique de dialogue exigeant qu'une politique de boycott qui viendrait réduire l'efficacité d'un de nos partenaires dans la lutte contre le terrorisme et pour la stabilité régionale, a-t-il précisé. (...) Ce serait inefficace sur le sujet des droits de l'homme et contre-productif dans la lutte contre le terrorisme", avait alors expliqué le président français.
Comme attendu, la visite du maréchal Abdel Fattah al-Sissi ne débouche sur aucune nouvelle commande d'armement. Mais des clarifications sont apportées sur plusieurs dossiers importants, notamment une éventuelle nouvelle commande de Rafale par l'Égypte. Cinq mois plus tard, le contrat Rafale "illustre le caractère stratégique du partenariat que la France entretient avec l'Égypte, alors que nos deux pays sont engagés résolument dans la lutte contre le terrorisme et œuvrent à la stabilité dans leur environnement régional", a expliqué le ministère des Armées dans un communiqué publié mardi. "Si on a un partenariat stratégique avec l'Égypte, c'est qu'on estime que ce pays est clé pour la préservation de nos intérêts de sécurité", rappelle-t-on au sein du cabinet de Florence Parly.
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