Cybersécurité : pourquoi Thales s'est offert la pépite Imperva

Patrice Caine fait le pari de développer un pôle cybersécurité hyper lucratif au sein de Thales. Le groupe de technologies se voit comme un peu comme un laboratoire pharmaceutique capable de sortir des produits et solutions de cybersécurité à l'image - toute proportion gardée - d'un médicament « blockbuster ».
Michel Cabirol
(Crédits : Martin Bureau / AFP)

Quand Patrice Caine présentera aujourd'hui les très bons résultats 2023 de Thales, il ne pourra évidemment pas oublier l'acquisition très audacieuse du groupe de cybersécurité américain Imperva (500 millions de dollars de chiffre d'affaires), qui a beaucoup surpris à l'été 2023. Non seulement Thales est entré avec panache dans le top cinq des groupes de cybersécurité mondiaux mais cette emplette de 3,6 milliards de dollars renforce la stratégie ciblée du PDG de Thales dans la cybersécurité, un secteur encore très fragmenté. Car le groupe de technologies poursuit un plan bien précis depuis plus de dix ans dans le domaine lucratif des produits et des solutions en pleine croissance.

 Cyber : docteur ou laboratoire ?

Si le groupe ne délaisse pas les services, qui représentent environ 400 millions sur les 2,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires qu'il devrait réaliser en 2024, il se concentre sur le segment le plus lucratif de cette filière : les produits, les solutions, le chiffrement (soit plus de 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires, Imperva compris). Pour Patrice Caine, la cybersécurité peut se comparer au secteur de la santé : le docteur, qui soigne et rend un service, et le laboratoire, qui développe et conçoit un médicament.

In fine, le laboratoire gagnera largement mieux sa vie qu'un médecin, encore plus s'il réussit à développer un blockbuster à l'image de Moderna. C'est en ce sens que Thales se différencie aujourd'hui de plus en plus des groupes comme Atos, ou encore Orange, qui proposent « des ordonnances » à leurs clients pour être mieux protégés avec des « médicaments » développés par Thales, entre autres. Ainsi, le groupe français vend les fameux boîtiers HSM, qui génèrent des clés de chiffrement pour protéger les données dans le cloud ou sur les serveurs. C'est typiquement ce que fait Imperva.

« Imperva, c'est 100 % de médicaments, souligne Patrice Caine, que La Tribune a rencontré en novembre dernier. Imperva vend des solutions pour protéger contre les attaques dites saturantes par déni de service, les attaques par bot, etc... »

Imperva, un nouveau filon pour Thales ?

Si les activités de services dans la cybersécurité dégagent peu de marges en raison de la multiplicité de l'offre, ce n'est pas le cas dans les activités de cybersécurité de Thales qui peuvent réaliser jusqu'à 80% de marge brute. Pourquoi ? « Ce sont les domaines les plus technologiques qui créent des barrières à l'entrée et qui génèrent de la propriété intellectuelle et des brevets », explique Patrice Caine. Imperva est l'illustration la plus visible de la stratégie du groupe, qui achète 500 millions de dollars de chiffre d'affaires dans les produits et les solutions de cybersécurité. Une stratégie qui colle très bien à l'ADN de Thales, qui se revendique comme un groupe de technologies.

« Qui dit technologies dit barrière à l'entrée. Qui dit barrière à l'entrée dit capacité à dégager des marges, à réinvestir et à se développer là où les activités de services dans la cybersécurité sont assez peu susceptibles de croître de façon organique », estime Patrice Caine.

A côté des activités de cybersécurité, Thales a également développé une expertise de très haut niveau dans la cyberdéfense, notamment les activités de chiffreurs militaires et de cryptage pour la France. Thales dispose également d'un autre centre d'expertise de niveau mondial en Norvège, qui conçoit quasiment tous les chiffreurs pour l'OTAN aux normes OTAN. Pour autant, ces activités restent dans le pôle défense du groupe en dépit de certaines synergies.

Michel Cabirol

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Commentaires 4
à écrit le 05/03/2024 à 19:45
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Thales ... cédé aux Allemands à l'horizon 2030 (voir le traité d'Aix la Chapelle)

à écrit le 05/03/2024 à 7:59
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Parce qu'ils ont beaucoup de pognon grâce à leur énorme réseau. Et si on passait à des gens qui réussissent par eux-mêmes pour changer ? A ce niveau là ce n'est pais intéressant, réussir avec l’État derrière c'est facile. "Partout où quelque chose ne...

le 05/03/2024 à 10:54
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Non, simplement qu'il est possible d'avoir des capitaux plus facilement par exemple avec les livrets dont l'argent est a présent mis entre les mains des vendeurs d'armes ! du coup, c'est la fête au village ! Dites vous que votre argent au lien d'...

le 06/03/2024 à 9:19
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"Dites vous que votre argent au lien d'investir dans l'hôpital et l'école, le logement, vers les entreprises d'armes !" Non cela va bien plus loin que cela, notre argent entretien les multinationales et grandes fortunes privées, donc nos dirigeants q...

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