Comme l'a révélé La Tribune Dimanche, Emmanuel Macron, en compagnie de Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, et de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, visitera jeudi l'usine d'Eurenco, située à Bergerac, avant une séance de travail consacrée à l'économie de guerre avec des dirigeants d'industries de l'armement. Le Chef de l'État devrait rassurer les industriels sur la trajectoire de la loi de programmation militaire (LPM) au moment où des rumeurs annoncent des réductions du budget des armées. « Sur ce sujet, les chantiers ont été ouverts, les revues de dépenses ne portent pas sur la trajectoire de la LPM, qui n'a pas vocation à être revue, mais bien à ce que son exécution dans un contexte de hausse des risques stratégiques internationaux soit faite selon la trajectoire qui a été votée », assure-t-on à l'Élysée.
« 20,3 milliards d'euros de commandes en 2023, un budget de 100 milliards d'euros entre 2024 et 2030 pour les grands programmes d'armement : nous mettons en œuvre la LPM conformément au texte voté par le parlement. Les commandes 2024 sont passées comme prévu », avait réagi dimanche sur X (ex-Twitter), le Délégué général pour l'armement Emmanuel Chiva après l'article publié dans La Tribune.
Cette rencontre s'inscrit également dans le dialogue que le président a instauré depuis deux ans. Le 13 juin 2022 lors de l'inauguration du salon de l'armement terrestre Eurosatory, le chef de l'État a lancé le chantier de transformation de la base industrielle et technologique de défense (BITD) pour accélérer son passage en économie de guerre et retrouver une souveraineté dans des secteurs stratégiques (poudres...) dans le contexte du retour de la guerre en Europe.
Produire plus et plus rapidement
Après s'être fait présenter les premières évolutions mises en place le 27 octobre 2022 à Bourges, le Président de la République a convoqué les industriels du secteur à une réunion au palais de l'Élysée, le 28 mars 2023. Une rencontre destinée à faire un point sur les avancées des industriels sur l'accélération des cadences de production. Elle avait permis au président de rappeler les efforts de l'État réalisés au travers la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030.
Alors que la guerre en Ukraine se poursuit et que la souveraineté en matière de défense constitue une pierre angulaire de la sécurité nationale et européenne, le chef de l'État va conduire, dans la suite de son discours de Cherbourg du 19 janvier 2024, une session de travail avec les industriels de l'armement visant à accélérer les réponses aux besoins des armées et des partenaires de la France. « L'économie de guerre, c'est produire plus et plus rapidement », rappelle-t-on à l'Élysée.
Eurenco, une vitrine de l'économie de guerre
Avec cette visite, Emmanuel Macron pourra mesurer concrètement les avancées de la transformation de la BITD et poser la première pierre de la nouvelle usine de production de poudres d'Eurenco, à Bergerac. Leader européen de ce domaine, cette société détenue à 100% par l'État, va ainsi accroître sa production et relocaliser en France la fabrication de poudre. Eurenco a pour objectif de produire 1.200 tonnes par an à partir de 2025. En pleine pénurie mondiale de poudres, cette production représentera 500.000 charges modulaires qui sont glissées dans le canon derrière l'obus pour le propulser. Soit « 95.000 coups complets » (ou obus), selon Eurenco. Il faut jusqu'à six charges modulaires par obus. En 2026, la France produira 1,2 million de charges modulaires (contre 500.000 actullement).
C'est pour cela que le site d'Eurenco est « un site emblématique qui se trouve à la convergence de plusieurs chantiers nationaux », a expliqué l'Élysée : un chantier de réindustrialisation, un chantier d'économie de guerre, un chantier de souveraineté avec la relocalisation en France d'une unité de production de poudre et, enfin, une vocation européenne, Eurenco étant le fournisseur d'un très grand nombre de munitionnaires européens (Nexter, Ruag, Rheinmetall...). La société exporte 75% de son chiffre d'affaires. En outre, les explosifs, fabriqués par Eurenco, entrent dans l'ensemble des munitions françaises et dans beaucoup de munitions européennes, que ce soient des bombes, des têtes de missiles ou de torpilles, des obus et des munitions de moyen calibre.
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