Armées : "quand les menaces augmentent, les moyens doivent suivre" (Emmanuel Macron)

La France va réévaluer ses dépenses militaires, entrant dans une "économie de guerre" à l'aune de l'invasion russe de l'Ukraine, selon Emmanuel Macron. Le président a renouvelé son appel à construire une industrie européenne de défense "beaucoup plus forte".
Michel Cabirol
Nous entrons dans une économie de guerre, ce qui est un changement pour beaucoup d'entre nous, soyons lucides, qui va nous obliger à investir davantage pour les États, a expliqué Emmanuel Macron.
"Nous entrons dans une économie de guerre, ce qui est un changement pour beaucoup d'entre nous, soyons lucides, qui va nous obliger à investir davantage pour les États", a expliqué Emmanuel Macron. (Crédits : Elysée)

Les armées doivent faire face à un nouvel ennemi insidieux, l'inflation galopante, qui rogne aussi bien sa remontée en puissance que ses ambitions. Dans les armées, l'inquiétude monte. Et le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Pierre Schill l'a très clairement confirmé dans une interview accordée à La Tribune : "Il s'agit d'un sujet de préoccupation""Cette inflation est aujourd'hui d'une ampleur telle que cela commence évidemment à avoir des effets sur la programmation, estime-t-on d'ailleurs dans les armées. À ressources constantes, il y aura probablement des sujets à revoir". Lors de l'inauguration d'Eurosatory, le premier salon mondial de l'armement terrestre, Emmanuel Macron a affirmé que la France prendrait "les décisions, les investissements et nous aurons aussi les exigences qui vont avec".

Une inflation galopante

En 2022, la croissance du budget des armées (1,7 milliard d'euros supplémentaire) doit s'élever à 4,3%. C'est beaucoup moins que la dernière prévision d'inflation de l'INSEE (5,2% en mai sur un an). Cette poussée de l'inflation est générée par la guerre en Ukraine, qui a en outre obligé les armées françaises à consacrer des moyens en Roumanie et en Estonie dans le cadre d'un ensemble de mesures de réassurance, qui n'avaient pas été prévus dans l'élaboration du budget de 2022.

"Nous nous rendons compte qu'il sera nécessaire d'ajuster nos capacités. Les questions qui se posent sont : quels choix budgétaires faut-il envisager ? Quelle sera leur ampleur ?", s'interrogeait ainsi dans La Tribune le général Pierre Schill. Aussi, la question est de savoir si ces dépenses supplémentaires seront couvertes par un redéploiement des crédits budgétaires du ministère des armées ou par des ressources extérieures. "Nous verrons bien si nous allons pouvoir nous payer le carburant nécessaire pour faire nos entraînements", fait-on observer dans les armées. Un enjeu d'importance cruciale pour les armées qui veulent se mettre au niveau des exigences de la guerre de haute intensité, qui a resurgi sur le continent européen avec l'invasion russe en Ukraine.

"Les moyens doivent suivre" (Emmanuel Macron)

Le président de la République, qui est le chef des armées, a apporté lundi lors de l'inauguration du salon de l'armement terrestre Eurosatory, un certain nombre de réponses. "Quand les menaces augmentent, ce qui était déjà le cas dès 2017, les moyens doivent suivre", a assuré Emmanuel Macron, qui a demandé au ministre des Armées et au chef d'état-major des armées, le général Thierry Burkhard "de pouvoir mener dans les semaines qui viennent une réévaluation à l'aune du nouveau contexte géopolitique de cette loi de programmation", a-t-il annoncé.

"Nous entrons dans une économie de guerre, ce qui est un changement pour beaucoup d'entre nous, soyons lucides, qui va nous obliger à investir davantage pour les États", a expliqué Emmanuel Macron.

Ce travail de réévaluation donnera lieu dans quelques semaines, a-t-il précisé, à "une nouvelle planification et à un investissement dans la durée clair et fort de la nation pour pouvoir accompagner ces bouleversements du monde, consolider notre modèle d'armée complète, mais aussi nous positionner encore plus fortement sur l'évaluation à la fois de la menace et des réalités que nous sommes en train de vivre, aussi bien sur le théâtre sahélien que dans cette guerre de haute intensité revenue sur le sol européen".

Souveraineté européenne

"Dépenser beaucoup pour acheter ailleurs n'est pas une bonne idée", a jugé Emmanuel Macron, qui se félicite du réarmement des nations européennes. "Ne repartons pas de l'avant pour reproduire les erreurs du passé", a-t-il insisté. Il préconise de réfléchir à une "stratégie industrielle et d'innovation à l'échelle européenne", qui sera bénéfique aux industries de l'armement et à l'emploi. Pour autant, il sera "plus exigeant" avec les industriels, qui doivent s'améliorer. Selon lui, ils doivent "être encore plus innovants, plus rapides, à changer parfois le mode de relation pour pouvoir répondre beaucoup plus rapidement aux besoins et aider à avoir des équipements qui correspondent aux besoins de l'armée parfois de court terme". "Nous avons besoin de renforcer une industrie et une base industrielle et technologique de défense européenne beaucoup plus forte, beaucoup plus exigeante", a-t-il souligné.

"Je serai intraitable sur ce sujet (de la souveraineté, ndlr). Sinon, nous construirons les dépendances de demain dans un monde géopolitique, où ce que nous croyons impensable naguère est à peu près à chaque fois arrivé. (...) Bâtissons ce socle de souveraineté d'indépendance européenne, française si on le peut avec des partenariats que je souhaite à travers le monde. J'aime construire des partenariats que je choisis. J'aime moins les dépendances que nous avons massivement et méthodiquement, parfois préparées.

Emmanuel Macron poursuit inlassablement depuis cinq ans son ambition européenne dans le domaine de la défense. Le président estime que l'Europe doit "bâtir des vraies offres européennes, une vraie standardisation européenne. C'est la clé pour investir massivement, pour être au rendez-vous, en particulier face aux transformations du cyber, face aux transformations dans le spatial et dans le maritime (...)". Enfin, Emmanuel Macron a fustigé la taxonomie européenne qui "ne peut ni ne doit disqualifier nos industriels, ou seulement même les mettre en difficulté. Nous ne pouvons pas laisser cela avancer". Car l'industrie d'armement est "une des industries d'avenir qui doivent continuer à rester attractives".

"J'entends des voix qui s'élèvent et qui parfois jettent le doute sur le secteur avec une forme parfois de complexité, qui m'échappe dans certains esprits. Au moment, où on dit tous il faut réarmer et il faut nous protéger, (...) j'entends des voix qui jettent le doute en disant que ce secteur est un peu compliqué et que la taxonomie ne doit pas être favorable".

Michel Cabirol

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Commentaires 9
à écrit le 15/06/2022 à 15:01
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quand les bandits inventent de nouvelles menaces pour se gaver toujours plus au détriment des français qui en crèveront !!!

à écrit le 14/06/2022 à 21:21
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On prépare artificiellement les virus qui déclencheront la troisième guerre mondiale . Tout cela est dépassé ,nous sommes dans la mondialisation .Plus besoin de guerre, les pays les plus petits changerons de main . Que cela soit par l'argent, les d...

à écrit le 14/06/2022 à 20:53
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Bonjour, Quand la réactivation de la conscription.... 3 mois de formation élémentaire pour tout le monde et 9 mois de plus pour les jeunes français sans emplois... La au moins ils y aurai des troupes au cas où...

à écrit le 14/06/2022 à 9:50
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Une vraie politique serait de réduire les menaces..

à écrit le 14/06/2022 à 9:38
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Il va falloir choisir où nous voulons mettre l’argent! Et il va falloir aussi cesser ces pratiques de communications qui n’ont qu’un seul objectif: peser sur les élections en faisant peur au citoyen lambda! La destruction de notre lien social (politi...

à écrit le 14/06/2022 à 9:26
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Pour une industrie plus forte, il suffit de lui passer des commandes autrement qu'à dose homéopathique et selon un rythme "administratif ou politique". On attend trop avec les programmes européens fumeux...

à écrit le 14/06/2022 à 9:02
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ca doit suivre ' quoi qu'il en coute aux allemands', vu qu'il n'y a plus un rond et que la france a fait du social reenchante au lieu de regarder le vrai monde........vu qu'il n'a prevu aucune economie, je suis curieux de savoir quels impots vont fla...

le 14/06/2022 à 18:34
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Ce n'est pas grave. Le Maire (de droite) continue à creuser.

à écrit le 14/06/2022 à 8:10
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Avec la disparition de la Diplomatie, on médiatise son inaction, on cherche a se rassurer dans une coalition et on enfume les contribuables!

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