Énergie, transport, formation : comment l’ex-base aérienne de Châteaudun veut attirer les entreprises

La communauté de communes du Grand Châteaudun, en Eure-et-Loir, accélère la reconversion de son ancienne base aérienne pour en faire un vrai outil de rayonnement économique et de désenclavement géographique. En ligne de mire, la création à moyen terme 1.500 emplois sur le territoire.
Le maire DVG de Châteaudun a rallié l’opposition de droite sur son projet de redynamisation de l’ancienne base aérienne, nouveau fer de lance économique du Grand Châteaudun qui compte 40 000 habitants.
Le maire DVG de Châteaudun a rallié l’opposition de droite sur son projet de redynamisation de l’ancienne base aérienne, nouveau fer de lance économique du Grand Châteaudun qui compte 40 000 habitants. (Crédits : Reuters)

Il s'agit d'un beau cadeau de Noël pour Fabien Verdier, président du Grand Châteaudun qui fédère 23 communes autour de la sous-préfecture d'Eure-et-Loir. Le projet de centrale photovoltaïque porté par le territoire depuis plusieurs mois a été retenu fin décembre 2023, parmi une trentaine d'autres dans l'Hexagone, par les services de Christophe Béchu au Ministère de la transition écologique.

La construction de ce dispositif de 196 000 panneaux solaires par EDF Renouvelables représentera une emprise de 83 hectares sur les quelques 400 de l'ex-base aérienne militaire 279, fermée en 2021. Prévue pour entrer en phase de production au troisième trimestre 2025, la centrale, qui mobilisera un investissement de l'ordre de 95 millions d'euros de la part de l'opérateur public, injectera une puissance de 106 Mégawatt-crête (MWc) au sein du réseau électrique régional. « Elle permettra d'une part au Grand Châteaudun d'assurer son auto-consommation et de devenir ainsi un nouveau territoire à énergie positive, se félicite Fabien Verdier. D'autre part, la location de l'espace rapportera 600.000 euros de recettes annuelles pendant 30 ans. Cette centrale constituera l'une des briques essentielles du nouvel écosystème économique en construction sur le site de l'ancienne base militaire ».

Gommer son image de territoire enclavé

En devenant propriétaire du foncier le 1er octobre 2022 de la base aérienne, fermée un an plus tôt, le Grand Châteaudun nourrissait un objectif bien précis : sa transformation en petit aéroport civil durable et tourné vers l'innovation. Une évolution qui devra non seulement servir d'appel d'air pour des activités connexes au secteur aérien, mais aussi pour renforcer l'attractivité économique d'ensemble du territoire.

Situé hors des grands axes routiers et ferroviaires, sans autoroute ni desserte TGV, mais à seulement 130 km de l'Ile-de-France, il compte ainsi gommer concrètement son image de territoire enclavé. Dans ce chantier de réhabilitation, le Grand Châteaudun est largement soutenu à la fois par l'Etat via le Contrat de redynamisation de sites de défense (CRSD), par la région et par le département d'Eure-et-Loir. L'enveloppe totale de subventions s'élève à plus de 10 millions d'euros.

Répondre à la saturation des parkings d'avions à Orly et Roissy

La réussite espérée de la mutation du site s'appuie sur des infrastructures de niveau supérieur par rapport aux standards du secteur, selon Fabien Verdier. La piste d'atterrissage de 2.300 mètres et la surface de hangars de quelque 70.000 m2 sont ainsi ses deux atouts majeurs par rapport à d'autres aéroports équivalents. De quoi accueillir à terme un flux significatif d'avions d'affaires, et servir de lieu de garage pour les compagnies commerciales dans un contexte de saturation des parkings des aéroports parisiens d'Orly et de Roissy-Charles de Gaulle.

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Pour les attirer, une zone d'activité de maintenance aéronautique (MRO) sera parallèlement installée dans le périmètre. Des discussions avancées seraient déjà même engagées avec un groupement d'entreprises du secteur. Un Institut de formation de niveau BAC +3 lié à l'aéronautique doit également voir le jour sur le site. « Entre l'aviation d'affaires et le parking des premiers appareils, le chiffre d'affaires s'est déjà élevé à deux millions d'euros en 15 mois, affirme l'élu. Nous tablons sur un triplement des recettes d'ici deux ans, ce qui permettrait d'atteindre l'équilibre d'exploitation dès 2024 ».

Avion à l'hydrogène

Le souffle apporté par le site en reconversion doit aussi en principe se traduire par de nouvelles arrivées d'entreprises oeuvrant hors du secteur aérien. Séduit par les ambitions affichées par le président du Grand Châteaudun en matière d'aviation à l'hydrogène, qu'il veut développer rapidement sur l'aéroport civil, le producteur d'énergie renouvelable CVE, basé à Marseille, a déjà franchi le pas. Il installera sa future usine de fabrication d'hydrogène à Châteaudun.

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L'unité située sur une parcelle de 6.000 m2 verra le jour à l'horizon 2027-2028. « Le territoire a déjà récolté les premiers dividendes du nouveau projet sur l'aérien avec l'annonce de la construction à dix kilomètres de la base d'une deuxième usine du groupe allemand Vorwerk, assure Fabien Verdier. Nous tablons désormais sur l'arrivée régulière de nouveaux acteurs entraînant à plus ou moins long terme la création de 1.500 nouveaux emplois sur le bassin économique ».

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