Florence Parly en Inde pour renforcer le partenariat stratégique entre Paris et New Delhi

Au-delà des discussions sur de prochains grands contrats en Inde (Rafale, sous-marins conventionnels, hélicoptères), la France pourrait aborder lors de la visite de la ministre des Armées une coopération dans le domaine des sous-marins nucléaires d'attaque. Aukus a semble-t-il été un électrochoc pour la France et l'Inde.
Michel Cabirol
L'Inde et la France vont-elles plonger ensemble dans la propulsion nucléaire ?
L'Inde et la France vont-elles plonger ensemble dans la propulsion nucléaire ? (Crédits : Ministère des Armées)

En visite en Inde jeudi et vendredi, Florence Parly ne va pas perdre son temps pour son troisième déplacement chez un des grands partenaires stratégiques de la France en Indo-pacifique. La ministre des Armées va rencontrer l'ensemble des responsables de la politique de sécurité nationale indienne, à commencer par le Premier ministre Narendra Modi. Elle a également rendez-vous avec les ministres de la Défense, des Affaires extérieures et des Finances, respectivement Shri Rajnath Singh, Subrahmanyam Jaishankar et Nirmala Sitharaman. Enfin, elle va rencontrer le conseiller à la Sécurité nationale (National Security Advisor), Ajit Doval, l'un des hommes qui compte auprès du Premier ministre, Narendra Modi.

Sous-marin nucléaire d'attaque ?

Un contrat d'envergure est-il sur le point d'être signé ? Non, assure-t-on au cabinet de la ministre. Les discussions sur une nouvelle commande de Rafale (Dassault Aviation), de sous-marins Scorpène (Naval Group) et de plusieurs types d'hélicoptères (Caracal et Panther d'Airbus Helicopters) se poursuivent et sont encore loin d'être matures pour la signature d'un contrat à ce stade. En revanche, selon nos informations, qui n'ont pas été confirmées par le ministère, les discussions entre les deux pays pourraient porter sur un éventuel accord sur des sous-marins d'attaque (SNA) à propulsion nucléaire.

L'Inde, qui loue déjà des sous-marins nucléaires d'attaque à la Russie et qui a déjà construit des sous-marins nucléaires lanceurs d'engin (SNLE), en rêve. La France pourrait l'aider à y accéder. Comment ? A voir selon les discussions entre Paris et New Delhi. La donne semble avoir changé après AUKUS, la nouvelle alliance annoncée en septembre entre la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l'Australie, qui a balayé le partenariat stratégique entre Paris et Canberra. D'autant que les chaufferies des SNA français utilisent pour leur propulsion navale de l'uranium enrichi autour de 5%, contrairement aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne (plus de 90 %) et la Russie (entre 20% et 90%). La résolution 1887 du Conseil de sécurité des Nations Unies, le Sommet sur la sécurité nucléaire de 2012 et le rapport final de la Conférence d'examen du TNP 2010 (Action 61 du plan d'action) ont appelé à minimiser l'utilisation de ce combustible. La France semble être dans les clous.

Rafale en 2023 ?

Aujourd'hui Dassault Aviation participe à deux appels d'offres, l'un pour l'armée de l'air pour 114 appareils, l'autre pour la Marine (entre 26 et 57 appareils). Dans ce cadre, le constructeur du Rafale va participer à des essais en janvier à Goa sur une plateforme terrestre à des essais du Rafale Marine, qui est adapté à la configuration d'un porte-avions indien en termes de gabarit, explique-t-on au cabinet de la ministre. Son concurrent américain, le F-18 de Boeing a déjà quant à lui fait des essais en décembre.

Selon nos informations, un contrat Rafale n'est pas attendu avant 2023/2024 en Inde, qui a reçu en décembre son 33e Rafale sur les 36 commandés en 2016 (les trois derniers seront livrés en 2022). Au cabinet, on se contente de souligner que l'Inde est maître des horloges.

Sous-marins conventionnels et hélicoptères

New Delhi a également mis en service le troisième sous-marin Kalvari (Scorpène) fabriqué dans les chantiers de Mazagon Dock Limited (MDL) grâce aux transferts de technologies (ToT) supervisés par Naval Group. "Les Indiens utilisent beaucoup les deux premiers sous-marins déjà livrés", avait expliqué en mars dernier dans une interview accordée à La Tribune, le PDG de Naval Group, Pierre Eric Pommellet. Naval Group est en compétition pour fournir des sous-marins à propulsion conventionnelle dans le cadre du programme P75i (six sous-marins). Le groupe tricolore est opposé au russe Rubin (sous-marin Amur 1650), à l'allemand ThyssenKrupp Marine Systems (Type 214), au coréen DSME (KS-III), à l'espagnol Navantia (S80).

"Nous sommes capables, en fonction de leur demande, de répondre à la fois aux besoins actuels et futurs, avait expliqué le patron de Naval Group. Nous pouvons poursuivre notre coopération avec notre partenaire MDL (Magazon Dock Limited) que nous continuons d'accompagner. L'Inde témoigne vraiment de la réussite d'un transfert de technologies, le chantier local MDL ayant vraiment pris la main pour construire seul le troisième bateau et les suivants. Nous travaillons également sur l'indianisation des fournisseurs afin de constituer une base industrielle et technologique navale, en liaison avec des chantiers comme MDL ou L&T, afin d'être en meilleure position pour satisfaire aux exigences du "Make in India" et gagner les compétitions en cours ou futures".

Enfin, s'agissant des hélicoptères, des compétitions de très longue haleine sont actuellement en cours. Airbus Helicopters participe à deux campagnes majeures pour la marine (100 appareils) et pour les Indian Coast Guard. Dans le premier, il propose en partenariat avec l'indien Mahindra, le Panther. "Cette campagne peut durer encore quelques années", avait estimé le PDG d'Airbus Helicopters, Bruno Even, dans une interview accordée à La Tribune. Dans le second, il propose le Caracal (environ 18 appareils) qui "répond parfaitement au besoin des Indian Coast Guard. Nous estimons que nous sommes bien placés pour être sélectionné", a estimé Bruno Even. Des campagnes d'essais en vol sont prévues en 2022, sur lesquelles Airbus Helicopters sera présent.

Michel Cabirol

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Commentaires 7
à écrit le 17/12/2021 à 21:12
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Faudrait quand, peut-être un peu, changer de système de croyance. Les capitaux sont un élément de la croissance. La valeur fétichiste que l’on attache à une monnaie aussi. Disposer de matière première, de force de travail, de machines, de technologi...

à écrit le 17/12/2021 à 7:28
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En quoi un représentant de commerce est-il un stratège militaire?

à écrit le 17/12/2021 à 5:36
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L’Inde poursuit sa politique étrangère indépendamment des USA, avec une alliance de revers Indo-Russe, que les USA n’ont jamais réussi à entamer. La politique étrangère de l’Inde est subtile. Ils donnent quelques commandes aux USA, mais ne veulent ...

à écrit le 16/12/2021 à 12:31
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L'allié indéfectible de l'Inde c'est les Etats Unis, comme la Corée du Sud, le Japon et l'Australie venons nous de découvrir dernièrement. Avec un voisin aussi puissant que la Chine, l'Amérique faisant seule la course mondiale en tête côté armement, ...

le 16/12/2021 à 16:46
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Les états unis n'ont pas la confiance de l'inde. Les USA avaient pris des sanctions contre l'inde suite à des tests de bombe atomique par l'inde... les indiens ne prennent de l'armement américain que pour des produits secondaires, pas pour du matéri...

le 17/12/2021 à 5:48
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Les USA sont un acteur pour l’Inde, mais pas un allié. L’armement du Pakistan est composé de nombreux F16. Les USA sont client numéro 1 de l’industrie chinoise. Les USA ont des doubles discours dans la région. Ils essaient de construire des rivalités...

le 17/12/2021 à 8:54
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"Les états unis n'ont pas la confiance de l'inde. " Oui actarus tu dois y croire ! ^^ "Ceux sont les USA qui ont besoin de maintenir leur hégémonie, les Indiens s’en tapent." N'importe quoi, sans les banques américaines ils peuvent dire bye bye à leu...

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