Isar : la Formule 1 du NewSpace qui réussit une levée de fonds record (155 millions d'euros)

Depuis sa création 2018, la startup allemande a levé 330 millions de dollars. Du jamais vu. Le vol inaugural du mini-lanceur Spectrum est prévu dans le courant du deuxième semestre 2023.
Michel Cabirol
L'objectif d'Isar Aerospace est de monter à 40 lancements par an « entre 2025 et 2030 » sur deux pas de tir.
L'objectif d'Isar Aerospace est de monter à 40 lancements par an « entre 2025 et 2030 » sur deux pas de tir. (Crédits : Isar Aerospace)

Du jamais vu. Isar Aerospace est une véritable Formule 1 dans le NewSpace européen. Son PDG Daniel Metzler pilote la startup munichoise à un rythme d'enfer depuis 2018, année de sa création. Le constructeur allemand du mini-lanceur Spectrum a réussi une levée de fonds record de 155 millions d'euros soutenue par un groupe d'investisseurs internationaux (7-Industries Holding, Bayern Kapital, Earlybird Venture Capital, HV Capital, Lakestar, Lombard Odier Investment Managers, Porsche SE, UVC Partners et Vsquared Ventures). Soit en grande majorité des fonds allemands.

Selon Isar Aerospace, la série C de 165 millions de dollars (155 millions d'euros) représente « le tour de table le plus important dans le domaine de la SpaceTech au niveau mondial en 2023 ».

Depuis 2018, Daniel Metzler a réussi la gageure de lever 330 millions de dollars pour concevoir et développer Spectrum, qui sera capable d'arracher pour une mission en orbite terrestre basse (LEO) une charge utile pesant jusqu'à une tonne. « Isar Aerospace est la société indépendante la plus capitalisée d'Europe dans le domaine des nouvelles technologies spatiales », a assuré la startup.

Confiance des investisseurs...

Les retards sans surprise du vol inaugural de Spectrum attendu initialement au deuxième trimestre 2022 n'ont pas vraiment effrayé les investisseurs. Ce nouveau tour de financement confirme clairement la confiance des investisseurs dans Isar Aerospace et son jeune PDG emblématique, dont l'objectif est « de devenir leader du marché dans l'industrie spatiale ». Mais pour les startup du NewSpace dans le domaine des micro ou mini-lanceurs, les premiers arrivés auront pris un avantage indéniable commercialement dans un segment de marché, qui reste encore aujourd'hui étroit en dépit de l'arrivée prochaine des constellations, notamment. A condition de démontrer les performances et surtout la fiabilité de ces lanceurs, qui est le sésame du marché des lancements.

En retour de la confiance des investisseurs, Isar Aerospace promet une rentabilité de son lanceur (10.000 euros/kg mis en orbite) grâce à son modèle industriel vertical. Ainsi, la startup a installé sur un même site, à Munich, les opérations de conception, de production et d'essais. Isar Aerospace fabrique en interne 90% de son lanceur. La startup vante son « haut degré d'automatisation » qui permet « une évolutivité future pour répondre à la demande croissante du marché ». Cette nouvelle levée de fonds offrira l'opportunité de continuer à investir dans la R&D (Recherche et Développement) et de poursuivre son intégration verticale, en particulier ses capacités de production automatisée qui réduisent considérablement le coût de construction des mini-lanceurs.

... malgré les retards

Cette nouvelle levée de fonds va permettre à Isar Aerospace de poursuivre le développement de son mini-lanceur et surtout du moteur Aquila, qui donne encore du fil à retordre aux ingénieurs de la startup allemande pour réussir le vol inaugural attendu désormais dans le courant du deuxième semestre. Des problèmes techniques ont semble-t-il repoussé certains essais du moteur, explique-t-on à La Tribune. « Les essais à feu ont été suffisamment positifs » pour maintenir le calendrier du vol inaugural, rassure pour sa part le directeur financier d'Isar Arospace David Kownator, dans un entretien accordé à La Tribune.

En outre, ces nouveaux fonds vont permettre de financer la finalisation du pas de tir d'Andøya en Norvège ainsi que le développement de celui du Centre spatial de Guyane (CSG) estimé « entre 20 et 50 millions d'euros », précise David Kownator. Isar Aerospace prendra à sa charge une grande partie les investissements de ce nouveau pas de tir sur le site de Diamant au CSG, qui sera opérationnel dans le courant de l'année 2024.

Enfin, ces nouveaux fonds vont permettre d'assurer en partie la montée en cadence industrielle et opérationnelle très ambitieuse programmée par Isar Aerospace, qui a déjà dans son carnet de commandes l'équivalent de deux ans de lancements. Très prudent, le directeur financier, qui n'a pas voulu dévoiler la cadence de lancements des prochaines années, a simplement précisé que l'objectif était de monter à 40 lancements par an « entre 2025 et 2030 » sur les deux pas de tir. Une fourchette très, très large.

Michel Cabirol

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 28/03/2023 à 17:55
Signaler
Isar Aerospace est basé à Ottobrunn en Bavière. La même ville où a été délocalisé la production du moteur francais Vinci de Ariane 6 et où sont aussi effectués des tests du moteur Vulcain également développé à Vernon. Alors certes Isar Aerospace prét...

à écrit le 28/03/2023 à 13:49
Signaler
Une exemple de blanchiment d’argent.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.