Kership, la filiale de Naval Group et Piriou, propose deux patrouilleurs à Chypre

La France pousse la vente de deux patrouilleurs à Chypre. Un prospect de 75 millions d'euros compliqué mais possible.
Michel Cabirol
L'OPV 50 de Kership (58,2 mètres, 550 tonnes) a pour mission de réaliser des opérations de maintien de l'ordre en mer et d'assurer la surveillance des côtes et des ZEE (Zone économique exclusive)
L'OPV 50 de Kership (58,2 mètres, 550 tonnes) a pour mission de réaliser des opérations de maintien de l'ordre en mer et d'assurer la surveillance des côtes et des ZEE (Zone économique exclusive) (Crédits : Kership)

La République de Chypre va-t-elle se laisser tenter par l'acquisition de deux patrouilleurs (OPV 50) fabriqués par Kership, la filiale de Piriou et de Naval Group, pour un montant évalué à 75 millions d'euros ? Paris pousse mais Nicosie traîne encore les pieds probablement pour des raisons financières. Et pourtant Chypre souhaite conclure un accord avec la France pour faire de la base navale de Mari une base régulière de mouillage des navires de guerre français. Lors de son passage à Paris, le 15 mai 2019, le ministre chypriote de la Défense, Savvas Angelides, et la ministre des Armées Florence Parly ont signé une lettre d'intention en ce sens. Chypre prévoit dans ce cadre d'agrandir la base navale de Mari.

"L'expansion de la base de Mari est liée à l'accord de coopération militaire avec la France", a déclaré le 23 mai dernier Savvas Angelides lors d'une conférence de presse.

Soutien de la France

La Marine nationale est prête à s'y engager mais à la condition que Nicosie fasse un geste et un choix clair en faveur de la France et de ses patrouilleurs. Ce qui ne semble pas être totalement le cas encore. L'OPV 50 de Kership (58,2 mètres, 550 tonnes) a pour mission de réaliser des opérations de maintien de l'ordre en mer et d'assurer la surveillance des côtes et des ZEE (Zone économique exclusive) grâce à sa grande polyvalence et une forte endurance. La France, qui devra certainement faire un effort sur sa proposition en matière de crédits et de garanties, doit se décider rapidement. Car Israël, les Etats-Unis et l'Italie sont en embuscade et guettent également l'occasion de capter à leur profit la défense de l'île et de ses ressources naturelles, dont des gisements de gaz très prometteurs convoités par la Turquie.

La France reste pour l'heure au soutien de Chypre. Ainsi, la frégate Auvergne a fait escale dans le port de Larnaca le 10 octobre. Puis le 12 octobre, la France a participé à des exercices navals avec une frégate Lafayette dans les eaux chypriotes, à la suite de l'envoi par la Turquie d'un navire de forage dans ce secteur.

Samedi 12 octobre, Florence Parly avait affirmé dans un tweet que "des exercices navals franco-chypriotes se déroulent actuellement dans les eaux chypriotes. Nous souhaitons permettre à Chypre, pays membre de l'UE, de pouvoir assurer ses responsabilités dans ses eaux de souveraineté", avait ajouté la ministre.

Des exportations d'armes très, très modestes vers Chypre

Les exportations des industriels de la défense français vers Chypre restent très, très modestes. Sur la période 2009-2018, la France a exporté pour seulement 39,7 millions d'euros, dont 19,4 millions d'euros en 2018. Au cours de la même période, ils ont livré pour 32,8 millions d'euros. La Commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG) a délivré 36 licences sur la période 2015-2018, dont 12 en 2018 pour un montant de plus de 1 milliard d'euros (principalement des munitions, des missiles et des patrouilleurs).

Proposé par la France et soutenu par la Belgique et Chypre, le projet EU BLOS (Tir Au-delà de la Vue Directe) est le premier projet de systèmes de missiles a être approuvé le 19 novembre 2018 parmi une liste de 17 projets de défense destinés à être mis en œuvre dans le cadre de la Coopération Structurée Permanente (CSP). L'objectif du projet EU BLOS est de développer une famille de missiles TAVD à retour image avec l'homme dans la boucle. Basée sur le système de missiles MMP, cette famille repose sur des produits totalement maîtrisés par l'industrie européenne, ce qui permet d'en garantir l'autonomie d'emploi, la sécurité d'approvisionnement et les capacités d'évolution, au profit des 25 pays membres de la CSP.

Michel Cabirol

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Commentaires 5
à écrit le 29/10/2019 à 17:29
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La Turquie islamiste se déclare désormais l'ennemi de l'Europe et de l'Occident. Chypre est un objectif de choix : pays européen minuscule, assez loin du continent européen, riche en ressources naturelles, ayant une position stratégique de premier ...

à écrit le 29/10/2019 à 13:57
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Pourquoi la base Mari n'est elle pas une base UE ????? A quand une DEFENSE européenne ??????????? dépendante des USA, ça leur suffit peut être !

le 07/11/2019 à 14:57
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Car il n'y a pas d'armée européenne et que les seuls pays qui iront à cette base sont probablement le trio France-Angleterre-Italie qui sont les seuls à avoir une flotte acceptable et qui peuvent se mobilisé pour Chypre,peut-être l'Espagne aussi,qui ...

à écrit le 29/10/2019 à 11:29
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Que l'Europe et la france n'arrivent pas à déloger la turquie de chypre est une faiblesse inacceptable. Fort avec les faibles, faibles avec les forts, on devrait pourtant pouvoir écraser la Turquie sans coup férir.

le 29/10/2019 à 14:13
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Auriez-vous un moyen plus rapide de donner les détroits du bosphore à la flotte russe de la mer noire? Sans parler de livrer en otage toutes les troupes se trouvant à Incrilik? La grêce pése moins lourd dans le dispositif stratégique de l'OTAN. Ca...

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