
C'est une énorme surprise pour la France et Dassault Aviaiton. La présidence de la Colombie a annoncé ce mercredi avoir présélectionné le Rafale pour remplacer les 18 derniers chasseurs Kfir C10/COA et TC12/COD de sa force aérienne. Des négociations seraient actuellement menées pour acquérir 16 appareils pour un montant de l'ordre de 2,96 milliards d'euros (15 milliards de pesos) pour défendre son territoire, lutter contre le crime organisé et effectuer une surveillance aérienne. Ce que ne peuvent plus effectuer les Kfir. Si un accord devait être conclu, un premier lot composé de trois à cinq Rafale, pourrait être livré dès 2023 pour un coût estimé à un peu plus de 639 millions d'euros, selon le journal Infodefensa.
« C'est une pré-négociation. Il s'agit de la poursuite d'un processus qui a commencé il y a 12 ans, par l'intermédiaire du ministère de la Défense et de l'armée de l'air colombienne », a expliqué le gouvernement..
Le gouvernement colombien a étudié trois offres (États-Unis, France et Suède) et a finalement procédé à la présélection de la proposition présentée par le gouvernement français, pour l'acquisition de 16 Rafale. Les autres options présentées à la Colombie étaient les avions Gripen (Saab) et F-16 (Lockheed Martin). Bogotá penchait naturellement pour des F-16. Le groupe suédois proposait quant à lui à la Colombie des Gripen E fabriqués chez son grands voisin, le Brésil. Les Colombiens comptent à travers cette acquisition bénéficier d'un transfert de technologies pour générer « une plus grande croissance dans les secteurs de l'aéronautique, de la cybersécurité et de la défense et de l'aérospatiale ».
Un retour de Dassault en Amérique du Sud
Le Rafale a de bonnes chances d'atterrir en Colombie. Si cela se confirmait, ce serait le retour de Dassault Aviation sur le continent sud-américain, là où les différentes versions des Mirage ont fait longtemps les beaux jours des armées de l'air sud-américaines (Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Équateur, Pérou, Venezuela). La Force aérienne colombienne (FAC) avait encore de Mirage 5 en service jusqu'en 2011. Dassault Aviation avait adressé une offre de vente de 15 Rafale neufs (+ 9 en option) pour remplacer une vingtaine d'antédiluviens Kfir ("lionceau" en hébreu), un chasseur-bombardier israélien conçu à partir du Mirage 5 et livré à Bogotá à partir de 1975.
Le gouvernement colombien a assuré que le renouvellement de la flotte d'aviation de combat est « nécessaire ». Car la flotte actuelle a plus de 42 ans d'utilisation, dont plus de 30 ans de fonctionnement en Colombie. « Leur exploitation et leur entretien coûtent cher et peuvent être risqués. La Colombie est aujourd'hui pratiquement le seul opérateur de la plateforme Kfir. Cela signifie qu'aucun avion, ni pièce de rechange n'est produit. Il s'agit d'une capacité qui n'est pas durable », a expliqué la présidence de la Colombie. Le ministre de la Défense a expliqué que le Rafale était « la meilleure option pour le pays en termes de prix, d'efficacité et d'opérabilité ». Selon lui, « une heure de vol d'un avion Rafale est environ 30% moins chère que l'heure de vol d'un Kfir (estimée à 89 millions de pesos) ».
Le ministre de la Défense a affirmé qu'il est « important pour le gouvernement de posséder des Forces militaires modernes, renforcées et capables, non pas pour la guerre, mais pour garantir la souveraineté nationale et la sécurité des citoyens ».
Une acquisition qui ne pèsera pas sur les dépenses sociales
Lors de son élection à la présidence de la Colombie, Gustavo Petro avait annoncé qu'il ne souhaitait pas que son pays achète pour le moment des avions de combat en vue de remplacer une vingtaine de Kfir. Il souhaitait mettre l'accent sur les réformes sociales nécessaires selon lui pour le bien-être de son pays et de ses habitants. Il a visiblement changé d'avis. Le président de la République a néanmoins insisté mercredi sur le fait que le processus de renouvellement de la flotte de supériorité aérienne, ne sacrifiera pas des ressources qui sont aujourd'hui essentielles pour les dépenses sociales en Colombie.
"Pas un seul peso ne sera dépensé pour la réforme fiscale ou l'investissement social dans les avions de combat. Les priorités de mon gouvernement sont et seront la réforme agraire, la faim zéro, la gratuité de l'enseignement supérieur, le bien-être des mères chefs de famille et de la jeunesse du pays", a écrit le chef de l'État sur son compte Twitter.
Le ministre de la Défense Iván Velásquez a expliqué mercredi que la dette liée à l'acquisition de ces appareils « commencera à être payée d'ici cinq ans, dans le but de ne pas sacrifier les ressources qui sont aujourd'hui indispensables aux dépenses sociales ».
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