Lanceur réutilisable : ArianeGroup met les gaz

ArianeGroup a annoncé le « succès » du premier allumage test d'un étage complet de lanceur spatial réutilisable (couple moteur Promotheus et étage réutilisable Themis). Un programme crucial pour l'Europe qui souhaite rattraper son retard dans les lanceurs réutilisables.
Michel Cabirol
Ces essais d'un étage complet est une « étape clé pour ces deux démonstrateurs européens (moteur Promotheus et étage réutilisable Themis, ndlr) destinés à développer les briques technologiques nécessaires à la réutilisation », selon ArianeGroup.
Ces essais d'un étage complet est une « étape clé pour ces deux démonstrateurs européens (moteur Promotheus et étage réutilisable Themis, ndlr) destinés à développer les briques technologiques nécessaires à la réutilisation », selon ArianeGroup. (Crédits : ArianeGroup)

C'était très attendu et c'est réussi. Selon ArianeGroup, la première campagne d'allumage du moteur réutilisable Prometheus sur le démonstrateur d'étage principal réutilisable Themis s'est déroulée « avec succès » sur le site de Vernon. Le moteur a fonctionné pendant 12 secondes. Ces essais d'un étage complet, qui fonctionne à l'oxygène et au bio-méthane liquides, constituent une première en Europe, assure le constructeur du futur lanceur lourd de l'Europe Ariane 6.

« Il s'agit d'une étape clé pour ces deux démonstrateurs européens (moteur Promotheus et Themis, ndlr) destinés à développer les briques technologiques nécessaires à la réutilisation », a précisé le maître d'oeuvre des deux programmes, ArianeGroup, qui a réalisé le 22 juin le dernier essai de la campagne d'allumage de Prometheus. Le moteur Prometheus et l'étage réutilisable Themis sont au cœur de la stratégie européenne de préparation des lanceurs futurs.

« Cette campagne d'essais qui se termine avec succès marque une première étape concrète dans le développement de lanceurs réutilisables  fabriqués en Europe. En particulier, l'essai complet du moteur Prometheus (...) était très attendu car il ouvre une voie prometteuse pour préparer la future famille des lanceurs européens », a expliqué le président exécutif d'ArianeGroup, Martin Sion.

Un moteur réutilisable cinq fois

Cette campagne d'essais a pu être réalisée grâce au soutien de France Relance, dont le CNES est opérateur pour la composante spatiale. Le contrat avait été signé en janvier 2021 entre le CNES et ArianeGroup dans le cadre de la composante spatiale de France Relance, portant sur les essais de Prometheus. Ce moteur réutilisable ainsi que Themis sont des programmes de l'Agence Spatiale Européenne (ESA). La poursuite des essais du couple Prometheus-Themis au banc PF20 de Vernon permettra de « caractériser le comportement du moteur et de l'étage sur un profil de mission étendu », a expliqué ArianeGroup. Les essais du moteur Prometheus se poursuivront fin 2023 sur le banc d'essai du site du DLR à Lampoldshausen, en Allemagne.

Développé depuis 2015 par ArianeGroup avec ses partenaires européens, Promotheus est un moteur de nouvelle génération, réutilisable cinq fois et de forte poussée (100 tonnes) utilisant l'oxygène liquide (LOX) et le méthane liquide (LCH4). L'allumage réussi de Prometheus constitue une première en Europe pour cette classe de moteur. Pour cette campagne, ArianeGroup utilise du bio-méthane comme carburant, confirmant ainsi sa volonté d'être précurseur en matière d'innovation environnementale. L'industriel vise pour ce moteur un coût de fabrication dix fois inférieur à celui du moteur Vulcain d'Ariane 5. Il a été construit en grande partie par fabrication additive par couches. Themis est  un démonstrateur d'étage de lanceur capable de revenir se poser avant d'être reconditionné pour être réutilisé.

Deux ans après la signature du contrat avec l'ESA, portant sur la phase initiale de Themis, cette première campagne d'essais combinée avec le moteur Prometheus représente une étape clé dans l'avancée du projet. Elle prépare le terrain pour la campagne d'essais suivante, se déroulant au Centre spatial d'Esrange à Kiruna, en Suède, dans le cadre du programme Horizon Europe de l'Union Européenne (39 millions d'euros dans le cadre du projet Salto). Ainsi, en 2024, ArianeGroup prévoit la préparation du segment sol à Kiruna pour les premiers « hop tests » de Themis (vols à faible altitude) ainsi que toute modification du véhicule de vol. Objectif : l'atterrissage vertical de Themis.

MaiaSpace, premier client

Enfin, ArianeGroup va prochainement créer un « Prometheus Users Club » sur le modèle du « Ariane 6 Users' Club » : cette étape marquera le début de la phase de commercialisation de Prometheus vers tous les acteurs européens intéressés, et en premier lieu, MaiaSpace, qui est le premier client. Le mini-lanceur Maia va être propulsé par quatre moteurs Prometheus. « Je suis convaincu qu'être un client de Prometheus est la bonne stratégie, car cela nous évite d'avoir à réinventer la roue. Nous avons souhaité pouvoir nous appuyer sur les groupes qui ont  l'expertise européenne existante en matière de développement de moteurs-fusées. Ceux qui ont l'expertise en la matière, c'est ArianeGroup », a expliqué le président exécutif de MaiaSpace, Yohann Leroy dans une interview accordée à La Tribune.

Michel Cabirol

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Commentaires 6
à écrit le 24/06/2023 à 16:34
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Bonjour, Personnellement je ne sûs pas sur que cette vois soit effectivement la solution pour rendre l'espace accessible a moindre couts financière.... L'union européenne ne dois pas négligées les vaisseaux type navette réutilisable plusieurs fois....

le 25/06/2023 à 17:52
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La première navette coûtait 5 fois plus cher qu’Ariane 5. Il faut envisager un autre mode de décollage pour que ça vaille le coup.

à écrit le 24/06/2023 à 15:39
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Félicitations aux équipes ! C'est le debut d'une nouvelle aventure pour le spatial européen. Vernon est toujours dans la course ! M. Cabirol, j'ai cru voir que le moteur s'appelle Prometheus et non Promotheus sauf erreur de ma part. Il faudrait corr...

à écrit le 24/06/2023 à 14:25
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Que devient Callisto qui devait voler en 2020-2021 soit bien avant Thémis ? J'ai le sentiment que l'un est devenu prioritaire par rapport à l'autre

à écrit le 24/06/2023 à 12:41
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C'était pas possible, c'était de la science fiction, ils se prenaient pour qui ses milliardaires, sans les moyens d'agences étatiques et en si peu de temps ils veulent remplacer à eux seuls des batteries de chercheurs, d'ingenieurs qui depuis les ann...

à écrit le 24/06/2023 à 11:04
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10 ans après. Pathétique.

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