La sélection par Airbus Defence du motoriste italo-américain Avio Aero pour équiper l'Eurodrone (drone MALE européen) a dû mal à passer. Le député européen Christophe Grudler (Renew) considère que ce choix n'est "clairement pas conforme aux intérêts européens en matière d'autonomie stratégique" et a interrogé fin mars la Commission pour savoir si elle allait "demander à Airbus de revenir sur le choix du moteur Catalyst". Le 25 mai, le commissaire européen Thierry Breton lui a répondu que le moteur devait "être libre de toute restriction d'utilisation" pour prétendre à une subvention de l'Union européenne (UE).
L'Eurodrone bénéficie d'une enveloppe de 100 millions d'euros octroyée par l'UE au titre du programme européen de développement industriel dans le domaine de la défense (EDIDP) pour un programme estimé à plus de 7 milliards d'euros. Cette aide a été validée avec l'objectif de soutenir le développement de de drone MALE européen, dont la gestion a été confiée à l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAr).
Des aides sous conditions
Dans sa réponse écrite, Thierry Breton a rappelé que l'octroi d'une subvention de l'UE est "subordonné à certaines conditions". Ainsi, le projet doit être "un catalyseur du renforcement de la souveraineté européenne". De même, "les fournisseurs de systèmes critiques tels que le moteur doivent donc être européens ou basés dans l'UE et offrir toutes les garanties de sécurité requises par la législation européenne applicable". L'OCCAr devra vérifier dans sa gestion de la subvention, que cette condition est remplie. Étant établi dans l'UE mais contrôlé par General Electric, Avio Aero est tenu pour sa part "de fournir tous les éléments de preuve garantissant que la souveraineté européenne sera préservée", a insisté Thierry Breton.
"À ce titre, la sous-traitance à Avio ne doit pas être contraire aux intérêts de l'UE et de ses États membres en matière de sécurité et de défense. Plus particulièrement, le moteur doit être libre de toute restriction d'utilisation, a indiqué le commissaire européen. Il convient que l'État membre concerné obtienne toutes les garanties requises, qui seront vérifiées et validées par la Commission".
Cédric Perrin, sénateur Les Républicains du Territoire de Belfort et vice-président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, avait estimé que le choix d'Airbus mettait ce programme en état de dépendance vis-à-vis des Etats-Unis. "Airbus ne peut pas garantir qu'en 2022 ou en 2030, ce moteur sera ITAR free avec plus de 10% des pièces d'origine américaine", avait-il estimé dans une interview accordée à La Tribune. Selon Christophe Grudler, "ce moteur de certification américaine et de filiation technologique américaine empêche l'Union d'être en totale maîtrise de cet équipement sensible qu'est l'Eurodrone".
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