Pour la Nasa, le programme spatial de la Chine cache des objectifs militaires

La Chine continue à accroître ses capacités dans l'espace, et déguise un programme spatial militaire sous l'apparence d'un programme civil, a accusé mercredi le patron de la Nasa qui, par ailleurs, s'inquiète que le géant asiatique s'approprie la Lune en y envoyant des hommes avant les Etats-Unis.
La station spatiale chinoise Tiangong-2 lors de son décollage le 16 septembre 2016.
La station spatiale chinoise Tiangong-2 lors de son décollage le 16 septembre 2016. (Crédits : China Daily/ via REUTERS)

Les dissensions entre la Chine et les Etats-Unis prennent de l'altitude. Selon Bill Nelson, patron de la Nasa, la Chine déguise un programme spatial militaire sous l'apparence d'un programme civil.

« La Chine a fait d'énormes progrès, particulièrement dans les 10 dernières années, mais ils sont très, très secrets », a déclaré Bill Nelson devant une commission chargée des dépenses à la Chambre des représentants, à Washington. « Nous pensons qu'une grande partie de ce qu'ils appellent leur programme spatial civil est en fait un programme militaire. Je voudrais que la Chine, le programme spatial chinois, revienne à la raison et comprenne que le spatial civil est fait pour une utilisation pacifique. Mais nous n'avons pas vu la Chine démontrer cela »

Bill Nelson était entendu par les élus américains à l'occasion de la demande de budget annuel pour l'agence spatiale américaine. Interrogé par l'un d'eux sur les conséquences d'une potentielle perte de leadership des Etats-Unis dans l'espace face à la Chine, il a affirmé que cela ne devrait pas se produire : « Mais il faut être réaliste. La Chine investit beaucoup d'argent là-dedans. »  Et d'ajouter: « Je pense que nous ne devrions vraiment pas baisser la garde. »

Une course décisive vers la Lune

Selon lui, les Etats-Unis se trouvent désormais engagés dans une « course » avec Pékin. Il a souligné que les Etats-Unis devaient réussir à atterrir sur la Lune avant les Chinois, qui compte aussi envoyer des humains d'ici 2030. Il s'est dit « inquiet » que la Chine « y arrive en premier, et dise soudainement, voilà, c'est notre territoire ». L'agence prend déjà du retard. Début janvier, la Nasa a annoncé le report de près d'un an des deux prochaines missions de son grand programme de retour sur la Lune, Artémis.

La mission Artémis 2, lors de laquelle un équipage de quatre astronautes doit faire le tour de la Lune sans y atterrir, est repoussée de fin 2024 à septembre 2025. Ce retard est dû à davantage de vérifications de sécurité nécessaires, a expliqué la Nasa, notamment sur le bouclier thermique de la capsule dans laquelle l'équipage voyagera. Artémis 3, qui doit renvoyer des astronautes sur la surface lunaire pour la première fois depuis la fin du programme Apollo, est repoussée de fin 2025 à septembre 2026. Là, les retards de développement de deux éléments essentiels à la mission sont en cause : un alunisseur, commandé à SpaceX, et des combinaisons spatiales confiées à Axiom Space.

La Chine a envoyé son premier astronaute dans l'espace en 2003 - très longtemps après les Soviétiques et les Américains en 1961 - et des équipages se relaient depuis pour assurer une présence continue au sein de la station spatiale Tiangong-2 procédant à des expériences scientifiques et testant de nouvelles technologies. En 2019, un engin chinois s'est posé sur la face cachée de la Lune. Puis, en 2021, la Chine a fait arriver un petit robot à la surface de Mars.

 Les temps sont aux économies pour la Nasa

Autre handicap pour les Etats-Unis, les temps sont aux économies : la Nasa cherche ainsi des moyens de rapporter sur Terre des roches prélevées sur Mars de façon plus rapide et moins coûteuse, a annoncé mi-avril l'agence spatiale américaine, après des critiques sur son budget jugé « irréaliste ». Cette annonce est intervenue alors que la mission chinoise Tianwen-3 pour le retour d'échantillons venus de la planète rouge devrait être lancée vers 2030, selon les médias d'Etat, dans un contexte de rivalités entre les deux puissances.

Lire aussiDécollage réussi d'un alunisseur américain : dans la course à la Lune, la Nasa mise désormais sur des sociétés privées

La Nasa et l'Agence spatiale européenne (ESA) avaient prévu de faire atterrir un vaisseau autour du cratère Jezero, où le rover Perseverance a passé des années à chercher des signes d'une vie microbienne ancienne qui aurait pu exister il y a des milliards d'années, lorsque Mars était plus chaude et plus humide qu'aujourd'hui. Trente tubes d'échantillons collectés par le rover seraient chargés dans une petite fusée et lancés en orbite, où un autre vaisseau spatial les amènerait sur Terre.

Mais un récent audit d'une commission d'examen indépendante a douché les espoirs de la Nasa. Selon cet audit, cette mission a été établie « dès le départ avec des attentes irréalistes en matière de budget et de calendrier » et qu'elle a une chance « quasi nulle » de respecter les dates de lancement prévues. Des experts estiment par ailleurs que les coûts totaux pourraient potentiellement atteindre 11 milliards de dollars, soit près du double de ce qu'avait annoncé la Nasa. L'agence est aussi sous le coup des contraintes imposées par le Congrès, et a dû - comme ses ambitions - rabaisser ses demandes budgétaires de deux milliards de dollars pour 2025.

(Avec AFP)

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Commentaires 11
à écrit le 19/04/2024 à 18:51
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Euh ,oui , comme tous les programmes spatiaux du monde , les impérialistes doivent etre solidement en retard pour couiner comme ca

à écrit le 18/04/2024 à 18:11
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"Pour la Nasa, le programme spatial de la Chine cache des objectifs militaires" titrez-vous votre article. Bien entendu, cela n'est pas le cas pour les "gentils" USA!!! :):):)

à écrit le 18/04/2024 à 13:32
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Les grands ingénieurs allemands ont disparu, les Von Braun etc, et maintenant, les américains n'ont pas de grands ingénieurs. Il soustraite les charges utiles en Europe (TAS et autre OHB Airbus DS), les modules habitables (TAS Turin) et pour les pro...

le 18/04/2024 à 13:47
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"le manque de budget qui est no limit en Chine." Il est limité en Chine comme ailleurs, les Chinois et Indiens eux, savent très bien lancer un engin interplanétaire pour un coût 20 fois plus faible qu'en EU ou US.

à écrit le 18/04/2024 à 13:08
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Ben les américains cachent eux aussi des choses ! le génocide a Gaza, non? Sinon simplement que la logique actuelle du suprêmacisme américain est juste en rapport avec le fait qu'ils tentent de contrôler des pays qui n'aurons d'ici peu plus besoin d...

à écrit le 18/04/2024 à 10:40
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Et dans 3 jours .... La France elle aussi va le penser ! Les USA peuvent ils détruire les dites fusées par prévention comme les ballons sondes il y quelques mois ? La France avec son Ministère de l'espace peut elle emmetre des amendes ou des sancti...

à écrit le 18/04/2024 à 10:27
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L'Occident ne comprend toujours pas qu'ils ne représentent plus rien, évidemment qu'il y a des objectifs militaires exactement comme les USA l'Europe !!! Ils vont faire quoi ? Des sanctions 🤣

le 18/04/2024 à 13:11
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Oui, c'est pourquoi ils veulent nous emmener a la guerre ! car la domination de l'occident se construit sur la destruction d'autrui, du coup l'idée est que les autres pays ne puissent accéder a ce qu'ils font et l'idée est de garder une domination, y...

à écrit le 18/04/2024 à 9:15
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Pourquoi doit on supporter de la propagande chinoise dans des médias qui se veulent sérieux ! ;-)

le 18/04/2024 à 13:16
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la propagande chinoise? c'est une farce !?!!! si vous avez besoin de comprendre ce qu'est la propagande, juste regardez le génocide de gaza, et le silence des médias Français, vous comprendrez ce qu'est véritablement de la propagande ! pour preuve, ...

à écrit le 18/04/2024 à 8:30
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Ah c'est bien ça ils vont leur augmenter les droits de douane ! Comment ils vont faire les allemands ? Surtout avec une Ursula qui coûte aussi chère ! ^^

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