Rapprochement Nexter/Krauss-Maffei : signature imminente

Le processus de rapprochement entre les deux groupes français et allemand dans l'armement terrestre - Nexter et Krauss-Maffei Wegmann - est très avancé. La signature de l'opération est attendue le 13 juillet.
Michel Cabirol
Une signature est attendue le 13 juillet pour le rapprochement entre Nexter et Krauss-Maffei Wegmann, deux entreprises spécialisées dans l'armement terrestre

Après une année de négociations, le processus de rapprochement à 50-50 entre Nexter et Krauss-Maffei Wegmann (KMW), deux groupes français et allemand spécialisés dans la fabrication d'armements terrestres (chars, véhicules blindés, artillerie, munitions...) est désormais très proche de son épilogue. Selon plusieurs sources concordantes, la France vise une signature le 13 juillet, voire le 14 juillet. Ce qui serait une date très symbolique pour un tel rapprochement. "La date est tenable, ce qui n'était pas le cas il y a encore quelques semaines encore", explique-t-on à la Tribune. "Nous y tenons beaucoup", précise une autre source proche du dossier interrogée.

Pas de soulte versée

Pour cette opération de rapprochement -  baptisée Kant pour "Krauss-Maffei Wegmann And Nexter Together", ça sent bon, très bon même... D'autant que les négociations se sont accélérés ces dernières semaines durant lesquelles le dossier a bien avancé. Notamment l'équilibre exigé entre Paris et les actionnaires familiaux de KMW  - le 50-50, qui est une condition suspensive à l'accord - est respecté grâce l'ingéniosité des banquiers d'affaires. Ainsi, ni KMW, ni Nexter ne verseront une soulte.

L'État français avait été tenté en début d'année de demander aux 27 actionnaires familiaux de KMW (100%) de verser une soulte de 500 millions afin de respecter le principe intangible de co-contrôle entre l'Etat français et de la famille Bode de la future holding, qui chapeautera Nexter Systems et KMW.

Ingénierie financière

Comme attendu, les négociateurs ont fait preuve d'imagination pour respecter la valeur des deux entreprises tout en évitant le versement d'une soulte, qui aurait pu être in fine le point bloquant de l'opération. L'État français, qui détient 100% de Nexter, s'est notamment versé un dividende plus important que prévu. C'est également le cas pour KMW mais à un degré moindre. En revanche, compte tenu de la valeur d'entreprise supérieure de Nexter à celle de KMW, l'État français a sorti de l'opération les crédits d'impôts que devait obtenir Nexter à l'avenir.

Bref de l'ingénierie financière subtile comme les banquiers d'affaires savent le faire. Pour autant, l'écart entre les deux valeurs d'entreprise s'est resserré ces dernières semaines en raison des succès à l'exportation de KMW. A tel point que Paris a accéléré le processus de rapprochement pour éviter de payer une soulte aux actionnaires du groupe allemand, indique-t-on à La Tribune..

Une leader européen

Une fois le rapprochement acté, les deux sociétés vont créer un leader européen dans le domaine de l'armement terrestre avec un chiffre d'affaires de l'ordre de 1,7 milliard d'euros (795 millions pour KMW et 787 millions pour Nexter en 2013). Devant Rheinmetall (1,5 milliard en 2013) mais derrière BAE Systems (3,5 milliards pour l'ensemble de ses activités y compris nord-américaines) et surtout le leader mondial, l'américain General Dynamics (6,1 milliards). "Nexter Systems et KMW, ensemble, seront plus forts, et deviendront même le premier acteur au niveau européen, le quatrième au niveau mondial", avait assuré en juillet 2014 le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Michel Cabirol

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Commentaires 12
à écrit le 26/06/2015 à 10:27
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J'ai l'impression qu'on va avoir un Sanofi inversé, on avait créé Aventis franco-allemand puis il a été absorbé par Sanofi. Là on va avoir un franco allemand Nexter-KWM et qui sera absorbé dans quelques années par Rheinmetall, et les allemands auront...

à écrit le 23/06/2015 à 14:10
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KMW est plus petit, certes, mais apporte de véritables pépites comme le char Leopard 2, référence mondiale en la matière On ne peut que se féliciter de cet accord, je pense sincèrement que, contrairement à d'autres alliances, 1 +1 fera 3 en terme...

à écrit le 17/06/2015 à 19:49
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" l'écart entre les deux valeurs d'entreprise s'est resserré ces dernières semaines en raison des succès à l'exportation de KMW" : c'est peut-être pour cela que l'équipe dirigeante a été maintenue en place malgré son incompétence, pour abaisser la va...

à écrit le 17/06/2015 à 13:16
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Les chars Leclerc qui vont défiler le 14 juillet seront allemands. Ces fusions sont la préparation de la séparation en deux du groupe Airbus après les différentes acquisitions qui sont encore à faire parmi lesquelles la reprise imminente de BAE puis...

à écrit le 17/06/2015 à 13:14
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" L'État français, qui détient 100% de Nexter, s'est notamment un dividende plus important que prévu." Versé ? En revanche, compte tenu de la valeur d'entreprise supérieure de Nexter à celle de KMW, l'État français a sorti de l'opération les créd...

à écrit le 17/06/2015 à 8:19
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Si cela donne le même résultat que celui d'Eurocopter en son temps alors c'est une bonne chose. Par contre sur le long terme il faut tenir les fonds d'investissements privés américains le plus loin possible.

à écrit le 16/06/2015 à 21:37
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La trahison et la soumission sont en marche. Bientôt la France ne pourra plus exporter d'armes sans l'accord express de l'Allemagne.

le 17/06/2015 à 19:45
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A moins que ce soit le contraire : permettre à Krauss-Maffei de contourner l'interdiction d'exporter du gouvernement allemand...

le 23/06/2015 à 14:12
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Remarque judicieuse de Britannicus, mais je suis d'accord avec Tribun : le seul accord intelligent est celui permettant au groupe de se dispenser du regard allemand, donc je pencherai pour la deuxième possibilité

à écrit le 16/06/2015 à 20:49
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Une très bonne nouvelle si les négociations vont jusqu'au bout. Mais une fois les deux entreprises fusionnées, il va falloir direct que les nouveaux dirigeants trouvent un moyen de dépasser les petites querelles nationales. Bon courage...

à écrit le 16/06/2015 à 20:05
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La France ne peu plus faire fonctionner seul ses usine d'armement ( faiblesse des commande francaise et concurance importante a l'exportation) . Cela me semble la moins mauvaise des solutions, espérons que cette entreprise décrochera des contrats et ...

à écrit le 16/06/2015 à 17:59
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Et comme à chaque fois La Commission de la Concurrence à Bruxelles va l'interdire. Elle ne veut que des nains économiques, dans la concurrence internationale

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