
D'inconnue à incontournable. En passe d'être rachetée par l'américain Flowserve, la PME Segault, le désormais fameux fabricant francilien de robinetteries des chaufferies nucléaires embarquées sur la totalité des sous-marins nucléaires français et du porte-avions Charles de Gaulle, a fait bouger une grande partie de la classe politique : des Républicains au Parti socialiste, en passant par le Rassemblement national. Jusqu'à la Première ministre Élisabeth Borne, sommée de répondre le 28 mars à l'Assemblée nationale, à une question d'Olivier Marleix (LR) qui s'enquérait du sort de Segault, dont le siège social est basé dans l'Essonne. Il s'inquiétait notamment de la réglementation américaine ITAR, qui pourrait empêcher l'exportation de sous-marins français. « Ce projet de rachat n'en est qu'à ses débuts, a expliqué Élisabeth Borne. Je vous confirme que nous serons très vigilants et qu'en tout état de cause cette opération sera soumise au contrôle des investissements étrangers en France ».
Des parlementaires concernés
Selon nos informations, les ministères de l'Économie et des Armées seraient pour une fois sur une position équivalente pour trouver à Segault un actionnariat français. Ce qui n'a pas toujours été le cas au regard des dossiers Photonis et Exxelia où les positions des deux ministères divergeaient. Outre Arnaud Montebourg associé au fonds Otium, plusieurs candidats sont également sur les rangs, dont notamment une PME (25 millions d'euros de chiffre d'affaires) et un pool d'investisseurs, pour arracher Segault de l'appétit de Flowserve. L'Hôtel de Brienne suit le dossier. Et ce d'autant qu'il est bien dans la ligne de mire de plusieurs parlementaires, qui ont posé des questions au gouvernement sur l'avenir de la PME : Jean-Louis Thiériot (LR), Hélène Laporte (RN), Caroline Colombier (RN) à l'Assemblée nationale ainsi que Marie-Noëlle Lienemann (Gauche républicaine et socialiste) au Sénat.
Dans le cadre d'une mission flash sur l'économie de guerre, le député de Charente-Maritime Christophe Plassard (Horizons) a quant à lui alerté sur la situation de Segault, qui pourrait passer sous capitaux américains. « Si l'État n'agit pas, cette société passera sous contrôle américain au deuxième trimestre de cette année », a-t-il averti. Il considère qu'il est de « la responsabilité de l'État de tout mettre en œuvre pour que les entreprises et leurs compétences ne tombent pas sous le contrôle de nos compétiteurs ». Selon Véronique Louwagie (LR), « il s'agit en effet d'un enjeu essentiel à la fois pour notre souveraineté industrielle et notre sécurité ».
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