Ils n?en veulent toujours pas. Près de deux ans après l?irruption brutale de LVMH dans le capital d?Hermès, le sellier se cabre à nouveau contre le numéro un mondial du luxe. Selon des sources judiciaires confirmant une information de Charlie Hebdo à paraître mercredi, Hermès International a déposé plainte contre LVMH en juillet à Paris sur les modalités d'entrée au capital du groupe de Bernard Arnault en 2010. Cette plainte pour délit d'initié et complicité, et pour manipulation de cours est toujours "à l'étude" au parquet de Paris, a-t-on ajouté, sans plus de précisions. Dans un communiqué de presse, Hermès confirme avoir déposé le plainte le 10 juillet 2012. "Cette plainte porte sur les modalités d?entrée de LVMH dans le capital d?Hermès International", explique le groupe.
Holding anti-LVMH
Le numéro un mondial du luxe était alors entré dans le capital du sellier, par surprise, en prenant 14% de ses parts par un jeu successif de contrats dits d'equity swap. Il était ensuite passé de 17%, puis à 21,4% de son capital en 2011, non sans réticences. Depuis, les héritiers du fondateurs, qui détiennent plus de 72% du capital de la marque, ont créé officiellement une holding anti-LVMH dans laquelle ont été immobilisés, pour 20 ans, 50,2% du capital, avec un droit de préemption sur 12,3% supplémentaires.
"La guerre est finie"
En mai dernier, alors que LVMH détenait 22,28% du capital, l'un des membres de la famille Hermès, Axel Dumas, a été choisi pour prendre les rennes du groupe de luxe aux côtés de Patrick Thomas mi-2013. A l'occasion de l'annonce de sa nomination, l'assemblée générale des actionnaires avait notamment voté une résolution destinée à se prémunir contre les velléités du groupe dirigé par Bernard Arnault. Celle-ci implique que les actions deviennent nominatives et qu'au délà de 0,5% du capital, leur achat doit être déclaré à l'avance, sous peine de perdre les droits de vote afférents.
Trois mois plus tard, le dépot de cette plainte relance la guerre entre les deux groupes. En décembre 2011, dans une interview au Figaro, Bertrand Puech, alors gérant d?Hermès, avait pourtant déclaré que la « guerre était finie ». Mais, en fait, le gérant d'Hermès n'avait jamais caché combien la famille s'interrogeait sur les modalités d'entrée de LVMH au capital. Le 30 mai 2011, lors de l'assemblée générale des actionnaires Hermès, ce dernier avait rappelé, dans un discours solennel, que l'Autorité des marchés financiers avait ouvert une enquête à ce sujet. "De ses conclusions, nous tirerons les conséquences", avait-il alors déclaré. Le gendarme de la Bourse ne s'est pas encore prononcé. Hermès dit s'être depuis forgé la conviction qu'il existe matière à déposer plainte au pénal, sans plus de précisions.
Sujets les + commentés