Les cinq organisations syndicales de Casino se disent « inquiètes » du devenir du groupe en grande difficulté financière et qui pourrait céder de nouveaux supermarchés et hypermarchés, ont-elles annoncé ce vendredi. Un préavis de grève, à compter du 5 décembre, a alors été déposé.
Une grande journée de mobilisation a ainsi été décidée au siège social du groupe à Saint-Etienne (Loire) ainsi qu'à Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, où se trouve notamment le siège de Franprix. Dans la Loire, où le groupe de distribution est né 125 ans plus tôt, l'intersyndicale appelle à une mobilisation qui doit débuter par un rassemblement à partir de 9H devant le siège social, où travaillent 2.000 personnes et dont l'avenir est au coeur des inquiétudes. Est ensuite prévue une manifestation dans les rues de Saint-Etienne jusqu'à la préfecture et la mairie.
« Manque de considération »
Ce préavis de grève, qui court jusqu'au 31 décembre, « concerne l'ensemble des salariés et des gérants du groupe Casino et a pour cause le manque de considération à leur égard et la situation inquiétante du devenir de l'intégrité de Casino », ont résumé dans un communiqué commun ces cinq organisations (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC) réunies en intersyndicale.
« Les employés, les agents de maîtrise, les cadres et les gérants exigent une réponse de la direction actuelle et des membres du consortium (de repreneurs de leur groupe, NDLR) à la demande de rendez-vous avec leurs représentants syndicaux », ont ajouté les cinq syndicats. Ce rendez-vous avait été réclamé mercredi par l'intersyndicale, qui avait prévenu qu'en l'absence de réponse elle en tirerait « les conséquences »... Toutes les formes de mobilisation « peuvent être envisagées pour être respecté, entendu et éviter le démantèlement du Groupe Casino », avaient-ils ajouté.
Pour rappel, étranglé par son endettement, le groupe s'est accordé avec ses créanciers fin juillet pour une restructuration très importante de sa dette, accompagnée d'un changement d'actionnariat avec une prise de contrôle par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le Français Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor. Le passage de témoin de celui qui est encore PDG et premier actionnaire du groupe, Jean-Charles Naouri, est prévu au premier trimestre 2024.
Plusieurs offres déposées pour reprendre les super et hypermarchés
Les syndicats craignent notamment que « Daniel Kretinsky prépare un dépeçage du groupe », surtout depuis que Casino s'est dit prêt à étudier des « marques d'intérêt » de concurrents pour le rachat d'hypermarchés et de supermarchés qui n'ont pas encore été cédés par le distributeur dans une situation économique périlleuse.
Plusieurs enseignes de la grande distribution ont en effet confirmé jeudi soir avoir déposé des offres. Serge Papin, administrateur d'Auchan Retail International, a confirmé jeudi 30 novembre l'existence d'une offre conjointe avec Les Mousquetaires/Intermarché pour racheter l'intégralité des hypermarchés et des supermarchés pas encore cédés. En sachant qu'Intermarché s'est déjà accordé avec Casino, il y a quelques mois, pour le rachat de 119 magasins, plus une soixantaine en option. Une soixantaine a d'ores et déjà changé d'enseigne début octobre.
Toutefois, les patrons des deux groupes « Yves Claude et Thierry Cotillard n'ont pas nécessairement déposé tous les ingrédients qui constituent l'offre », a précisé Serge Papin, interrogé sur BFM Business. Il n'a pas donné d'information sur le prix de l'offre, ni le nombre total de magasins, ni la répartition entre les deux repreneurs. En outre, « les emplois sont gardés dans le projet » d'Auchan et d'Intermarché, a affirmé Serge Papin, qui a défendu cette proposition. « Il y aura peut-être quelques outils logistiques » inclus dans l'offre de reprise, « mais il s'agit surtout des magasins », a-t-il précisé.
Casino a, de son côté, dit « avoir reçu à date des offres préliminaires indicatives de la part de plusieurs acquéreurs, portant sur des périmètres différents d'hypermarchés et supermarchés ». Mais le groupe s'est refusé à donner plus de détails sur ces offres « en cours d'examen ». Il a ajouté que « toute opération de cession devra être préalablement approuvée par le consortium » candidat à la reprise de Casino autour du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et du Français Marc Ladreit de Lacharrière.
Un endettement et des pertes insoutenables
Mercredi 22 novembre, le grand distributeur français a annoncé baisser à nouveau ses prévisions concernant ses activités en France pour l'année 2023. Il anticipe désormais une perte d'exploitation de 100 millions d'euros, après avoir annoncé un bénéfice d'exploitation (Ebitda) de moins de 100 millions fin octobre.
Par ailleurs, Casino continue de pâtir de la désaffection des hypermarchés dont « l'inflexion est en cours, mais est plus longue que prévue », a-t-il précisé mercredi dernier. Le grand distributeur indique également que ses marges souffrent, dans un contexte d'inflation, de l'impact des « investissements » mis en place dans le cadre de son redressement.
(Avec AFP)
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