Grande distribution : Carrefour stabilise ses ventes alors que Casino est à la peine

Carrefour voit ses ventes se stabiliser et enregistre un chiffre d'affaires de 23,6 milliards d'euros au troisième trimestre. De son côté, Casino a dû baisser ses prix en rayons et a vu ses clients déserter.
Après des ventes portées depuis plusieurs mois par l'inflation, la hausse des prix dans la grande distribution se veut désormais moins rapide.
Après des ventes portées depuis plusieurs mois par l'inflation, la hausse des prix dans la grande distribution se veut désormais moins rapide. (Crédits : Reuters)

Après des ventes portées depuis plusieurs mois par l'inflation, la hausse des prix dans les rayons se veut désormais moins rapide. C'est dans ce contexte que les géants de la distribution stabilisent leurs ventes. A commencer par Carrefour, qui enregistre un chiffre d'affaires de 23,6 milliards d'euros au troisième trimestre.

Mais les résultats sont tout autres pour Casino, qui inclut les enseignes Monoprix et Franprix. Le distributeur, actuellement en difficulté financière et en pleine restructuration de sa dette, voit ainsi son chiffre d'affaires reculer de 8,3%. D'autres causes pèsent sur les résultats du distributeur : la baisse des prix décidée pour attirer davantage de clients dans ses magasins, et également la désaffection persistante de ses clients hypermarchés.

L'évolution des ventes suit celle de l'inflation pour Carrefour

Les ventes de Carrefour, avec l'essence et à changes courants, n'ont progressé que de 0,5% par rapport à l'année dernière. Entre 2021 et 2022, la hausse était toute autre, de l'ordre de 15%, gonflée par la forte progression du prix des denrées alimentaires.

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Dans ce contexte, le groupe se félicite de la progression des ventes de ses produits à marque propre (ou produits sous marques de distributeurs, créées ou détenues par les supermarchés). Ils ont pesé « plus de 35% des ventes alimentaires sur le trimestre », soit 3 points de mieux qu'un an plus tôt. Les produits à marques de distributeurs sont mis en avant depuis le début de la crise inflationniste par les supermarchés car ils sont généralement moins chers que leurs équivalents de grande marque. Les supermarchés réalisent en outre souvent de meilleures marges sur ces produits, estiment les spécialistes.

Carrefour « aborde la fin de l'année avec confiance et confirme ses objectifs pour l'exercice 2023 », à savoir « croissance de l'Ebitda (excédent brut d'exploitation, NDLR), du résultat opérationnel courant et du cash-flow libre net (flux de trésorerie, NDLR) », a déclaré ce mercredi dans un communiqué Alexandre Bompard, PDG du groupe. Le groupe annoncera ses résultats financiers pour l'ensemble de l'année 2023 le 20 février 2024.

Les magasins en location-gérance de Carrefour passent mal auprès des syndicats

Carrefour a été cependant chahuté ces dernières semaines par certaines de ses organisations syndicales, qui lui reprochent une politique de « casse sociale à bas bruit » avec le passage de magasins en location-gérance, ce qui consiste à confier à un tiers l'exploitation du magasin, tout en restant propriétaire du fonds de commerce. Carrefour justifie cette politique en assurant qu'elle permet « d'éviter la fermeture d'hypermarchés en difficulté » et de relancer l'activité commerciale.

Mais de leur côté, les syndicats assurent que cela se fait au détriment des conditions de travail des salariés concernés. Carrefour a en effet annoncé prévoir le passage de 37 nouveaux magasins en location-gérance en 2024, portant le total de magasins ainsi transférés à plus de 300 (dont 80 hypermarchés), selon des estimations de la CFDT qui évalue à 23.000 le nombre de salariés ainsi sortis des effectifs du groupe en France.

Un recul du chiffre d'affaires marqué dans les hypermarchés Casino

« L'enjeu principal en termes de retournement commercial, ce sont les hypers et supermarchés », note David Lubek, directeur financier du groupe, lors d'une conférence téléphonique. Dans les hypermarchés du groupe Casino, contrairement à Carrefour, le recul du chiffre d'affaires est particulièrement marqué, avec une baisse de 16% au troisième trimestre.

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Quant aux clients, le trafic sur le trimestre reste 10% en dessous de la même période en 2022, mais la baisse n'est plus que de 4% pour les deux dernières semaines du trimestre. « Au-delà de retrouver des clients », le chiffre d'affaires doit « repartir au-dessus du niveau où il est aujourd'hui et où il était l'année dernière » pour assurer la pérennité du groupe, a-t-il ajouté.

Pour les supermarchés Casino et les autres enseignes, l'évolution de la fréquentation est cependant « positive », souligne le groupe, même si le chiffre d'affaires reste plombé par les prix : il baisse de 8,9% pour les supermarchés Casino et de 2,7% pour Monoprix. Celui de Franprix progresse de 2,9% sur un an au troisième trimestre. « On a des tendances commerciales qui sont dans la lignée de ce qu'on avait vu les trimestres précédents, dans un contexte concurrentiel qui est devenu quand même plus difficile », a commenté, lors d'une conférence téléphonique, le directeur financier du groupe, David Lubek.

Une dette colossale pour le groupe

Le groupe, étranglé par une dette colossale, doit passer sous le contrôle du trio Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et Attestor, qui prévoient d'apporter 1,2 milliard d'euros d'argent frais. Dans ce contexte et en pleine restructuration financière, le groupe vient en plus d'annoncer mercredi son entrée en procédure de sauvegarde accélérée. Le but étant de permettre d'embarquer les créanciers récalcitrants et d'avancer vers sa reprise.

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Casino a dès lors annoncé une perte d'exploitation de 12 millions d'euros en France au troisième trimestre, après paiement de loyers. Le groupe, qui publiera le 31 octobre son chiffre d'affaires pour l'ensemble du groupe, y compris ses activités étrangères, avait déjà essuyé une perte nette massive de 2,23 milliards d'euros au premier semestre. Casino s'attend pour 2023 à un bénéfice brut d'exploitation (Ebitda), un indicateur clé de rentabilité, de moins de 100 millions d'euros en France, contre 214 millions annoncés en septembre.

Casino cède et restructure

Le groupe a entamé une série de cessions. Il a encaissé fin septembre d'importantes liquidités avec la vente d'un nombre significatif de magasins à son concurrent Intermarché. Ce qui lui permet d'avoir une liquidité suffisante de 1,3 milliard d'euros en France au 30 septembre 2023. Les augmentations de capital envisagées dans le cadre de sa restructuration devront être réalisés d'ici fin avril. Le groupe doit aussi être délesté de ses activités en Amérique latine.

Au terme de l'opération de restructuration, l'actuel PDG et premier actionnaire Jean-Charles Naouri perdra le contrôle de Casino. C'est l'ancien cadre du distributeur allemand Metro - dont le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky est un important actionnaire - et du géant agro-industriel Lactalis, Philippe Palazzi, qui sera proposé par les repreneurs comme futur PDG du groupe.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 27/10/2023 à 18:51
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Kretinsky va t il prendre la poudre d escampette comme les clonants des magasins ? Ça serait fort possible Sinon il risque d y laisser qq millards ….! A suivre

à écrit le 27/10/2023 à 9:55
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"Casino a dû baisser ses prix en rayons et a vu ses clients déserter" dans l'ordre ? :-) J'avais déserté le GéantCasino d'ici à cause des prix qui devenaient parfois astronomiques (les 4 yaourts nature de Savoie en pots carton à 1,54€ chez Lec* étaie...

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