Congrès des Jeunes Agriculteurs : « Pour les attirer, il est nécessaire de les payer au juste prix »

ENTRETIEN. Le 8 juin dernier, le Congrès National des Jeunes Agriculteurs, organisé par le syndicat Jeunes Agriculteurs, à Saint-Malo, s’est achevé. Le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau était notamment présent pour cette 56e édition. Quelles conclusions en tirer ? Quelles sont les problématiques liées à l'installation des jeunes agriculteurs ? Explications de Matthieu Richel, membre du Conseil d’administration national de Jeunes Agriculteurs.
Le Congrès des Jeunes agriculteurs s'est achevé le 8 juin, en présence du Ministre de l'Agriculture Marc Fresneau.
Le Congrès des Jeunes agriculteurs s'est achevé le 8 juin, en présence du Ministre de l'Agriculture Marc Fresneau. (Crédits : Reuters)

LA TRIBUNE - Le Congrès National des Jeunes Agriculteurs a pris fin vendredi dernier, que retenir de cette réunion ?

MATTHIEU RICHEL - Durant ce congrès, nous avons pu évoquer plusieurs thèmes importants, tels que la méthanisation, la gestion de l'eau, la prédation. Concernant le sujet de la méthanisation [technologie basée sur la dégradation par des micro-organismes de la matière organique, ndlr], on peut se vanter d'être les premiers à avoir abordé ce sujet sensible. Nous souhaitons mieux encadrer cette technologie, et éviter au maximum qu'une terre soit totalement dédiée à la production d'énergie.

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Pour ce qui est de l'eau, nous voudrions que l'Etat investisse davantage dans le secteur de la recherche pour la gestion de cette ressource. En effet, lorsque l'on compare avec les autres pays européens, nous sommes loin des meilleurs dans ce secteur. Nous proposons, notamment, de mettre en place de nouvelles règles concernant les nappes phréatiques et l'évaporation de l'eau. Mais si nous sommes prêts à mieux utiliser l'eau, il nous faut, pour cela, l'aide de l'Etat.

Et, comme le dit notre slogan : « pas d'interdictions, sans solutions ». L'Etat peut nous demander de produire différemment, mais il faudrait que de nouveaux moyens de production soient proposés, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Nous voulons également que des sanctions soient prises contre les individus qui dégradent les installations, comme ce fut le cas lors des manifestations à Sainte-Soline. Enfin, le thème de la prédation a aussi été mentionné. Nous souhaitons que des mesures soient prises pour éviter aux agriculteurs de voir leurs animaux et cultures être perturbés par des prédateurs.

On évoque souvent le fait que la moitié des agriculteurs partiront à la retraite d'ici à dix ans. Comment faire pour que les jeunes puissent s'intégrer ?

Tout d'abord, la bonne intégration des jeunes passe par leur bonne formation. Aujourd'hui, les agriculteurs qui sortent de l'école connaissent la théorie, mais on ne leur apprend pas à défendre leurs positions, ce qui est important dans ce monde. Il est nécessaire que ces jeunes prennent confiance en eux. Ensuite, il est important de les aider lorsqu'ils s'installent sur des terres. Nous proposons d'ailleurs qu'un diagnostic de la terre concernée soit effectué avant que le jeune agriculteur ne s'installe sur celle-ci.

Et pour cause, du fait du changement climatique, une terre qui était fertile en blé il y a 10 ans ne l'est peut-être plus aujourd'hui. Mettre en place ce diagnostic permettrait à l'agriculteur de bien choisir ce qu'il souhaite produire. Enfin, et cela est valable pour tous les agriculteurs, il est important qu'ils aient une juste rémunération. Il faudrait que les marges soient claires, que les produits soient achetés par contrats, que les prix soient fixés par l'agriculteur. Pour attirer les jeunes, il est nécessaire de les payer au juste prix.

L'augmentation des prix à un impact négatif sur l'agriculture biologique française, que faire pour soutenir cette filière ?

Aujourd'hui, la filière biologique est dans une impasse. Les produits biologiques français suscitent un grand intérêt auprès des consommateurs, mais face à des prix trop élevés, ils se tournent finalement vers d'autres produits non bio, ou importés depuis des pays qui n'appliquent pas les mêmes critères que ceux en vigueur au sein de l'Union européenne, et qui sont donc vendus à des prix plus bas. Les critères du bio ne sont, en effet, pas uniformisés à une échelle mondiale, ce qui est un problème majeur.

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Nous pourrions y mettre fin en instaurant une norme commune pour le monde entier. Je pense aussi qu'il faudrait revoir les critères du bio en France, trouver des justes milieux et s'adapter à chaque année qui est différente. En plus de revoir les critères, il faudrait également revoir et renforcer les contrôles du bio, certains produits étant vendus sous cette appellation alors qu'ils ne répondent pas à tous les critères.

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Commentaire 1
à écrit le 14/06/2023 à 15:23
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Actuellement : La Dotation Jeune Agriculteur (DJA) est une aide en capitale financée à 80% par l'Union Européenne et 20% par l’État. Pour pouvoir bénéficier demander la DJA, il faut respecter les conditions suivantes : Être âgé de 18 ans au moins ...

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