Après plus de deux ans de hausse, les prix commencent tout juste à refluer dans l'alimentaire. Une décrue que Bercy tente d'accélérer, en avançant d'un mois le début des traditionnelles négociations entre industriels et distributeurs. Elles devront être closes au 15 janvier 2024 pour les PME et au 31 janvier pour les autres marques. « On ne relâche pas notre effort », a déclaré Bruno Le Maire cette semaine. Face aux inquiétudes sur le pouvoir d'achat, le ministre de l'Économie et des Finances se veut rassurant : « La baisse des prix de gros sur le blé ou sur l'huile pourra être répercutée plus tôt sur les prix alimentaires. Nous continuons à nous battre pour faire baisser les prix le plus vite possible pour le consommateur. »
« Peu de produits sont concernés pour l'instant »
Alors que l'inflation, qui s'est installée à la suite de l'invasion russe en Ukraine en février 2022, recule pour la première fois en près de trois ans de façon significative, certains facteurs vont néanmoins continuer de freiner son déclin. L'augmentation des coûts de production et des salaires ainsi que le maintien à un niveau élevé des tarifs de l'énergie - qui pourraient repartir à la hausse à la suite du conflit au Proche-Orient - ne permettront pas aux prix de revenir à leur niveau antérieur.
L'inflation sur les produits alimentaires s'est élevée à 7,7 % en octobre, contre 9,7 % en septembre. « La baisse des prix est réelle dans les rayons, estime Frank Rosenthal, un consultant indépendant spécialisé dans le marketing du commerce. Mais elle ne se remarque pas beaucoup, car peu de produits sont concernés pour l'instant. Les clients ont été confrontés, en données cumulées, à une hausse des étiquettes de 20 % depuis deux ans et demi. C'est un niveau très important, qui rend moins visibles les diminutions déjà enregistrées. »
Dans le secteur, les intérêts divergent. Si les distributeurs, préoccupés par les restrictions d'achat (la déconsommation est estimée à 4 % cette année), souhaitent voir les prix fléchir le plus tôt possible, ils n'en restent pas moins liés par des contrats, souvent conclus pour un an. « On se dirige davantage vers une stabilisation des prix, ou une légère déflation, que vers une vraie chute, sauf pour certaines catégories, comme les pâtes », estime Frank Rosenthal. M-P.G.
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