Crise du bio : malgré son succès, le « fonds Avenir » sommé de se réinventer pour soutenir la filière

Créé en 2008, le fonds était jusqu'à présent dédié à la structuration de filières de production françaises. Une mission remplie avec succès jusqu'à présent. Mais face aux difficultés que connaît la filière bio, il doit désormais se réinventer pour privilégier « la consolidation de l'existant » et la création de nouveaux débouchés.
Giulietta Gamberini
La demande de bio a chuté de 5% en 2022.
La demande de bio a chuté de 5% en 2022. (Crédits : Reuters)

Pendant une décennie et demie, il a accompagné le succès grandissant de l'alimentation bio française. Mais quel rôle peut-il continuer à jouer alors que ce marché connaît sa première crise d'ampleur ? A l'heure où le Fonds Avenir bio célèbre ses 15 ans d'existence, la question s'impose à la filière.

Depuis sa création en 2008, après le Grenelle de l'Environnement, ce fonds, financé par le ministère de l'Agriculture, a subventionné quelque 250 projets partenariaux de développement des filières biologiques en France. Atour d'une stratégie : celle d'unir l'amont et l'aval, de structurer maillon par maillon les chaînes de production jusqu'au consommateur afin d'atteindre l'objectif gouvernemental de 18% de surface agricole utile bio en 2027.

De 3 à 13 millions d'euros par an

95 millions d'euros au total ont ainsi été consacrés à la construction de silos, de moulins, de chaînes d'emballage, d'entrepôts de stockage, d'usines, d'ateliers de transformation. Quelque 300 infrastructures sur tout le territoire. Et jusqu'à présent, le succès a été au rendez-vous. Le soutien du fonds, de 380.000 euros en moyenne, a permis aux entrepreneurs financés d'obtenir d'autres financements : chaque euro versé à ce titre par l'Agence Bio a ainsi fédéré entre 4 et 5 euros d'argent public et privé. Parmi les entreprises sélectionnées par le fonds, sept seulement ont abandonné le projet, calcule l'Agence Bio, qui a récupéré l'argent avancé.

Certaines opérations, comme la création de silos de stockage de grains bio, ont montré un « effet d'entraînement sur les conversions au bio des agriculteurs locaux », observe la directrice de l'agence, Laure Verdeau. Le budget du fonds est passé de 3 millions à ses débuts à 13 millions cette année. Et aujourd'hui, la France produit 70 % des produits bio consommés dans le pays - 82 % si l'on exclut les produits tropicaux.

18 millions en 2024

Face à la dégringolade à laquelle est confronté le marché bio depuis deux ans, le gouvernement a décidé d'augmenter de 5 millions d'euros la dotation du fonds, qui disposera donc de 18 millions en 2024. Pour les utiliser au mieux, l'Agence Bio réfléchit à une révision des critères d'attribution, en vue d'un nouvel appel à projet qui sera publié au printemps.

« A chaque fois que le fonds évolue, c'est l'occasion d'une éventuelle réorientation », explique Laurence Hohn, directrice adjointe de l'Agence Bio

Le soutien à des projets contribuant au développement de la surface agricole bio ne serait pas abandonné pour autant. Mais la priorité pourrait désormais devenir « la consolidation de l'existant », via, par exemple, la modernisation d'infrastructures, ainsi que le développement de nouveaux débouchés, tels que la restauration hors domicile, explique Laure Verdeau. « Dans toutes les filières il y a des besoins, qui diffèrent toutefois selon les territoires », observe-t-elle.

Lire aussiBio: « Les producteurs font de l'apnée » (Laure Verdeau, Agence bio)

Relancer la demande

Afin de relancer la demande, qui a baissé de près de 5% en 2022, l'Agence Bio mise aussi sur la communication. De nouveaux budgets viennent de lui être alloués par le gouvernement, qui lui permettent de disposer de 5 millions pendant trois ans, auxquels s'ajoutent 3 millions d'euros supplémentaires pour 2024. « Nous voudrions en profiter pour faire passer à l'échelle notre plan médias, et agir en matière de communication », déclare Laure Verdeau.

Et, la directrice de l'organisme public en est convaincue. « Avec 6% d'achats en bio dans les paniers des Français, 7% dans les cantines et 1% dans les restaurants, tout reste à faire ».

Giulietta Gamberini

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Commentaires 3
à écrit le 09/12/2023 à 12:28
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La question se pose tout de même si l’état, c’est à dire la Nation, doit payer pour soutenir un secteur qui ne rencontre l’acceptation que de 10% de la population, et probablement la plus aisée.. Et si on rajoute la vraie question, les produits bio s...

à écrit le 09/12/2023 à 10:08
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J'achète toujours du bio, car j'aime la qualité, cependant, mon panier de courses est passé à 95 €, ça fait mal au portefeuille

à écrit le 09/12/2023 à 8:15
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Ben oui les français n'ont pas le choix ils peuvent de moins en moins bien manger parce que notre classe dirigeante a décidé de nous imposer sa crie économique. Les souris votent pour les chats qui votent des lois pour limiter la vitesse des souris p...

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