Débacle de l'agroalimentaire : tout le monde s’en fout !

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, débacle de l'agroalimentaire et tout le monde s’en fout !
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR

A priori tout va bien dans le secteur agro-alimentaire français les excédents commerciaux sont toujours pléthoriques. Certes, le solde s'éloigne de son pic mais à un peu plus de 6,3 milliards d'euros en début d'année en cumul sur 12 mois, il est encore un zest supérieur à son niveau de longue période.

Mais c'est trompeur avec des excédents au « top » côté boissons et de l'autre un déficit dans l'alimentaire qui se creuse et s'approche des 3 milliards d'euros.

Comme toute l'attention est centrée sur le seul solde global, la débâcle de l'alimentaire passe inaperçue.

Une filière française en souffrance

Premier élément d'explication : la concurrence étrangère pas toujours très loyale. A commencer par l'Allemagne. Outre-Rhin, les entreprises ont usé et abusé de la directive de 1996 sur les « travailleurs détachés » pour renforcer leur compétitivité. On en connaît les conséquences pour les abattoirs français.

Comme si cela ne suffisait pas, une seconde vague, venue d'Espagne a submergé cette fois si les secteurs du grain, de la panification, des fruits, légumes et enfoncé un peu plus la filière viande.

Des industriels ibériques qui engrangent les dividendes la « dévaluation interne », autrement dit de la forte baisse des salaires et écoulent leurs produits là où la demande est moins sinistrée.

Mais cela serait une erreur de limiter nos déboires à la seule concurrence étrangère.

Deux éléments sont à prendre en compte

D'abord, les relations houleuses entre la grande distribution et les industriels de la profession. En axant d'abord leur stratégie sur celle des petits prix, les grands distributeurs exercent une pression anormale sur le tissu productif en amont.

Pas sur les grandes marques nationales avec qui le rapport de force ne leur est pas forcément favorable, mais sur les petits producteurs.

La trajectoire des prix de production est sans équivoque : les prix sont finalement plus malmenés depuis la crise sur le marché national que sur les marchés étrangers. Cela a bien évidement une incidence sur les marges et sur la capacité des entreprises à investir alors même que la concurrence se renforce.

Les enquêtes de l'INSEE le prouvent : en début d'année, les chefs d'entreprise des IAA anticipaient une hausse de leur investissement de seulement 1% contre 7% à la même période il y a un an. C'est la plus basse prévision depuis 2011. C'est également un cran en dessous de ce qui est prévu par l'ensemble des chefs d'entreprises de l'industrie manufacturière.

L'archaïsme du tissu productif

Si les petits producteurs domestiques sont en souffrance, c'est qu'ils sont moins protégés par la marque et partent avec un handicap de rationalisation par rapport aux grands exportateurs L'absence de restructuration a freiné l'industrialisation de nombreux secteurs. Or les investissements ne peuvent pas s'amortir sur des structures qui sont restées trop modestes pour affronter la concurrence internationale.

De même, la montée en gamme est restée insuffisante pour s'arracher de la seule concurrence par les coûts.

Plutôt de se gargariser des excédents, la courbe à regarder est celle là : celle de l'évolution de l'emploi, le bon thermomètre d'une profession aux aboies qui a perdu 21.200 emplois en dix ans au risque sinon de s'apercevoir mais un peu tard que nous avons perdu un de nos bastions.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 19
à écrit le 17/05/2015 à 23:13
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La seule certitude c'est que les produits issus de la filière agro-alimentaire: "Mais c'est de la m...e!" OGM, Animaux clônés, pesticides, antibiotiques... tout est vérolé. Le futur alimentaire, ce sera chacun pour soi, la recherche de producteurs lo...

le 18/05/2015 à 14:43
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Le PS veille... et il va subventionner largement tous ces petits producteurs pour leur permettre de ne surtout pas évoluer, avec les impôts de tous ceux qui en payent...

à écrit le 17/05/2015 à 23:13
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La seule certitude c'est que les produits issus de la filière agro-alimentaire: "Mais c'est de la m...e!" OGM, Animaux clônés, pesticides, antibiotiques... tout est vérolé. Le futur alimentaire, ce sera chacun pour soi, la recherche de producteurs lo...

à écrit le 17/05/2015 à 8:32
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Le tissu de PME français est laminé par la fiscalité notamment celle sur le capital: ISF et droits de succession. Le problème français reste la névrose socialiste anti-capitaliste égalitariste. Ancien dirigeant de PME n'ayant pas eu le pouvoir de tra...

à écrit le 16/05/2015 à 20:05
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L'agroalimentaire est considéré comme une industrie pure et simple comme en Allemagne ou au Pays-Bas ou aux US et on ne se préoccupe plus de ce qu'on a dans son assiette et bonjour la qualité (j'ai rarement aussi mal mangé qu'en Allemagne du Nord). ...

le 17/05/2015 à 0:12
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vivant en floride et au contraire de ce que vous dite, je n ai jamais aussi bien mangé et sainement qu aux usa. les produits vendus sont d extreme qualitée. d ailleurs vous trouvez des hyper uniquement bio, moins cher qu en France. quant aux produits...

le 17/05/2015 à 9:23
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@bigv8 de mes 3 ans en Amérique du Nord terminés il y a 4 ans, la norme du repas ordinaire du coin de la rue est le poulet insipide de 40 jours etc... On peut y trouver de très bons produits, mais il faut se casser un peu plus la tête que dans la ca...

à écrit le 16/05/2015 à 16:37
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Le problème est bien connu, en dehors des vins et spiritueux, c'est la berezina. La faute entre autre a un choix historique idéologique assumé de faire jouer a l'agriculture un rôle plus d'aménageur du territoire / jardinage (maintient d'exploitation...

le 16/05/2015 à 19:54
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Certes, Keiser. Alors pourquoi ne pas citer les US comme "modèle"..?? Sinon, je vous confirme que la FNSEA et donc la PAC servent surtout aux plus gros. Mais encore faudrait-il que vous connaissiez le secteur...

le 17/05/2015 à 10:28
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Je vis aux Pays-Bas et ils bouffent franchement de la m.... ! Aucune marque mis à part Albert Hein, que du distributeur, et de l'importation (viande irlandaise et légumes du monde entier), et des serres qui produisent à contre temps des légumes insip...

le 18/05/2015 à 6:32
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d'accord avec vous j'ai vécu 10 ans en NL.Albert Heijn cela fout le bourdon par rapport a Monop.Mais ils n'ont pas de terroir, ni de tradition culinaires. il n'en demeure pas moins que la France comme toujours méprisé (c'est culurel) l'aspect busine...

le 18/05/2015 à 6:38
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une chose est sure je connais mieux le secteur que vous et l'auteur de l'article. notre agriculture est dans l'ensemble archaïque et source de déficit commercial alors que notre pays est le plus vaste d’Europe avec la plus grande richesse de terroi...

à écrit le 16/05/2015 à 14:05
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"De même, la montée en gamme est restée insuffisante pour s'arracher de la seule concurrence par les coûts." Non. Chose inutile face à une crise économique MONDIALE avec 20-25% de chômage en moyenne pour l'ensemble des pays. (le trucage des chiffres ...

à écrit le 16/05/2015 à 11:27
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c'est plus compliqué que cela : les normes sont passées par là imposant des normes insupportables et bien souvent inutiles comme des CAP de boucherie qui n'apportent rien et détruisent tout : mais à Rouen le nombre de fonctionnaire grandit, grandit.....

le 16/05/2015 à 19:55
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Les accords US à venir sont là pour ça : tuer les normes et donc le minimum de qualité. C'est bien cela que vous voulez, non..??

le 17/05/2015 à 9:14
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si norme était égal à qualité , cela se saurait !!!!!!!!!! et alors notre industrie serait TRes PERFORMANTE §§§§

à écrit le 16/05/2015 à 10:52
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Si les producteurs ne s'en foutaient pas, ils vendraient à des prix gagnant/gagnant dans des points de ventes comme "la ruche qui dit oui", ou des petits commerce locaux. Hors à chaque fois qu'ils le font ils vendent extrêmement cher (bien plus cher ...

le 16/05/2015 à 19:57
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Aaa : pour votre info, le principe actuel est de gagner le max. Tant pis pour le CONsommateur.

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