Environnement : les députés s'entendent pour frapper au portefeuille les entreprises de la « fast fashion »

Les députés ont lancé jeudi l'examen en commission d'un texte, qui fait l'objet d'une rare concorde, visant à freiner la « fast fashion », notamment par des pénalités financières liées à l'impact sur l'environnement de cette mode jetable à prix cassés, nourrie de produits massivement importés.
Pour une porte-parole de Shein en France « la proposition de loi ne porte pas sur l'impact environnemental de la mode, mais affecte le pouvoir d'achat des consommateurs français ».
Pour une porte-parole de Shein en France « la proposition de loi ne porte pas sur l'impact environnemental de la mode, mais affecte le pouvoir d'achat des consommateurs français ». (Crédits : DAVID DEE DELGADO)

La « fast fashion » aura moins ce mérite qu'elle met d'accord tous les députés. La proposition de loi du groupe Horizons (majorité présidentielle), visant à la freiner, qui sera examinée dans l'hémicycle le 14 mars, fait en effet l'objet d'une rare concorde. Les parlementaires de tous bords étant décidés à lutter contre un « fléau » environnemental, qui met par ailleurs l'industrie textile française sous pression.

« Nous sommes submergés d'injonctions permanentes et quotidiennes à la sur-consommation, par un marketing, publicitaire agressif, de nouvelles collections hebdomadaires et même quotidiennes, des ventes flash et des prix cassés », a fait valoir la rapporteure, Anne-Cécile Violland (Horizons).

Mais les bas prix, comme ceux de l'emblématique entreprise chinoise Shein, « ne sont rendus possible qu'au détriment du respect d'exigences sociales et environnementales élémentaires ». Et la « facture » des dégâts est à la charge du citoyen, a ajouté l'élue pour justifier son initiative. Le « bonus-malus » environnemental prévu pour les vêtements relevant de la fast-fashion fait consensus. Malgré des nuances entre groupes politiques, il a été adopté sans difficulté jeudi matin en commission du développement durable.

Les LR ne sont pas favorables à l'interdiction de la publicité

Une autre mesure phare, « l'interdiction de la publicité pour les produits et entreprises » de mode éphémère, a en revanche suscité les critiques du groupe Les Républicains (LR).

« Si vous interdisez la publicité, dans le domaine de la mode, vous interdisez en fait le marché », a jugé Antoine Vermorel-Marques (LR), également auteur d'un texte sur le sujet. Si ce marché disparaît au nom de la lutte contre « les entreprises asiatiques » et qu'aucun « malus » n'est collecté, il n'y aura plus de ressources à redistribuer « pour le made in France et le made in Europe », a-t-il ajouté. Son amendement de suppression a été rejeté, mais le débat devait se poursuivre dans l'après-midi.

Lire aussiFast fashion : le gouvernement « va soutenir » la proposition de loi pour pénaliser ces enseignes

Les députés ont aussi longuement débattu dans la matinée de la définition de cette « fast-fashion », défendant des champs plus ou moins larges. Le texte Horizons retient un critère basé sur les volumes produits et la vitesse de renouvellement des collections. Et renvoie à un décret pour en fixer les seuils. Une mesure approuvée jeudi prévoit une obligation pour les sites internet visés de faire figurer une information sensibilisant le consommateur sur l'impact de la mode éphémère, ainsi que sur les possibilités de réutilisation et de réparation des vêtements.

 Un texte défendu par le gouvernement

 Lundi, Christophe Béchu, ministre de la Transition Ecologique, lors d'un événement à Paris réunissant des acteurs de la mode durable, avait garanti le soutien du gouvernement.

« En vendant ces produits à ce prix-là, ces entreprises font des profits mais elles laissent à la planète le fait de devoir trouver des ressources publiques pour aller éliminer les dégâts causés par leur mode de production », a dénoncé le ministre lors du discours de clôture de l'évènement. « Il manque quelque chose à la facture », a estimé Christophe Béchu, qui a évoqué notamment « les coûts de dépollution  » et « de collecte » des vêtements usagés.

« Dans sa forme actuelle, la proposition de loi ne porte pas sur l'impact environnemental de la mode, mais affecte le pouvoir d'achat des consommateurs français », a immédiatement réagi une porte-parole de Shein en France. La proposition de loi « cible l'activité de quelques acteurs performants, sans étude d'impact ni évaluation sur ses bénéfices environnementaux réels », a-t-elle encore défendu.

Lundi, le ministre de la Transition écologique a également annoncé que sera lancée « mi-mars » une consultation du public concernant l'affichage environnemental pour le textile. Le but avoué étant « qu'à partir de la fin du mois d'avril, on puisse avoir quelque chose qui puisse faire l'objet d'un décret ». « Si les acteurs (de cette industrie) valident tout ça », une méthode permettant de définir les critères de cet affichage sera alors définie, a-t-il indiqué à l'AFP. Enfin, Christophe Béchu a dévoilé que le gouvernement allait « faire une campagne de publicité ciblée contre la fast fashion », à l'image de celle des « dévendeurs » de l'Ademe qui avait « suscité un peu d'émotion » parce qu'elle visait « des boutiques physiques ». Cette série de spots télévisés humoristiques de l'agence de la transition écologique vantant la déconsommation avait suscité en fin d'année dernière l'ire des commerçants.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 08/03/2024 à 7:50
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Pendant que l'agro-industrie a l'autorisation de plus tuer et plus polluer. Ils se révoltent quand les autres sans rire ? Se laisse ridiculiser sans cesse par ce lobby ne les gène jamais ? Nos dirigeants sont faibles.

à écrit le 07/03/2024 à 20:45
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Dès qu'il faut faire du protectionniste, M. MACRON sort l'Environnement et les exigences sociales. Le tout pour masquer l'échec de sa politique. En fait, on s'en prend juste aux classes populaires, avec la bénédiction de la gauche, qui ne voit pas ...

à écrit le 07/03/2024 à 17:40
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On a limité à 34% les rabais des grandes surfaces, maintenant on va taxer les produits pas chers : on en veut aux pauvres.

à écrit le 07/03/2024 à 17:29
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"...une méthode permettant de définir les critères de cet affichage sera alors définie..." Autant on comprend bien en quoi elle consiste, autant, il va falloir du courage pour la définition légale de cette "fast fashion"...

à écrit le 07/03/2024 à 16:03
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encore une loi demago inapplicable et completement deconnectee de la realite.....etre pathetique ca permet d'exister, avec bonne conscience et force morale, donc de gauche.....le meme genre de gens qui apres avoir vote ca, votent un cheque pour que l...

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