Fast fashion : le gouvernement « va soutenir » la proposition de loi pour pénaliser ces enseignes

Un groupe de députés Horizon a déposé une proposition de loi qui a pour objectif de « réduire l'impact environnemental de l'industrie textile », ciblant en particulier les acteurs de la fast fashion connus pour la quantité innombrable de vêtements à bas prix et de moindre qualité, pour la plupart importés d'Asie, qu'ils proposent. Une proposition que l'exécutif entend soutenir, comme l'a indiqué le ministre de la Transition Ecologique, Christophe Béchu, qui a également annoncé plusieurs mesures contre la mode éphémère.
Parmi les marques visées par ce projet de loi, le géant chinois Shein qui a rapidement conquis le marché mondial de la fast-fashion.
Parmi les marques visées par ce projet de loi, le géant chinois Shein qui a rapidement conquis le marché mondial de la fast-fashion. (Crédits : CHEN LIN)

[Article publié le lundi 4 mars 2024 à 16H12 et mis à jour à 18H17]La « fast fashion » est dans le viseur de la France. Les enseignes et sites de e-commerce qui proposent une quantité innombrable de vêtements à bas prix et de moindre qualité, pour la plupart importés d'Asie sont visés une proposition de loi déposée par des députés du groupe Horizons. Portée par la présidente du groupe santé environnement à l'Assemblée nationale, Anne-Cécile Violland, elle sera défendue le 14 mars prochain dans l'hémicycle lors de leur « niche » parlementaire.

Et elle a d'ores et déjà le soutien de l'exécutif. En effet, ce lundi, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a assuré que le gouvernement « va soutenir la proposition de loi » en question. Celle-ci a pour objectif de « réduire l'impact environnemental de l'industrie textile », en mettant en place une meilleure information à destination des consommateurs, et en interdisant la publicité pour les entreprises et produits relevant de cette mode éphémère.

Christophe Béchu, qui s'exprimait à l'occasion d'un événement organisé à Paris pour « échanger sur les enjeux d'une mode française durable et accessible à tous », n'a pas mâché ses mots à l'encontre de l'ultra fast fashion.

« En vendant ces produits à ce prix-là, (ces entreprises) font des profits mais elles laissent à la planète (...) le fait de devoir trouver des ressources publiques pour aller éliminer les dégâts causés par leur mode de production », a-t-il dénoncé.

Lire aussi« Réduire l'impact environnemental de l'industrie textile » : des députés s'attaquent à la Fast fashion

Hausse de l'écocontribution et interdiction de la publicité

Dans le détail, parmi les sept textes qui seront présentés le 14 mars, la proposition de loi prévoit une modulation de « l'écocontribution » versée par les sociétés en fonction de leur impact environnemental. « L'objectif est de l'augmenter de manière conséquente en la fléchant vers la mode éphémère », expliquait ainsi Anne-Cécile Violland à La Tribune le 14 février dernier, afin de réduire l'écart de prix entre les produits issus de la fast fashion et ceux issus de filières plus vertueuses.

Avec cette proposition de loi, les députés entendent également interdire la publicité pour les entreprises et produits relevant de la fast fashion. Or, cette dernière s'étale largement sur les réseaux sociaux plutôt que sur les écrans de télévision, rendant la mission d'autant plus difficile. « C'est l'objet du troisième article qu'il faudra porter au niveau européen », a donc prédit la députée. « Il faudra aller au-delà de la simple législation française », ajoutait-elle, reconnaissant la difficulté de ce projet.

« Une campagne de publicité ciblée contre la fast fashion »

Le ministre a, de son côté, estimé ce lundi qu' « il manque quelque chose à la facture », évoquant notamment « les coûts de dépollution » et « de collecte » des vêtements usagés.

Christophe Béchu a, d'ailleurs, profité de l'occasion pour faire plusieurs annonces. Il a, notamment, indiqué qu'une consultation du public concernant l'affichage environnemental pour le textile sera lancée « mi-mars ». Le but avoué étant « qu'à partir de la fin du mois d'avril, on puisse avoir quelque chose qui puisse faire l'objet d'un décret ». « Si les acteurs (de cette industrie) valident tout ça », une méthode permettant de définir les critères de cet affichage sera alors définie, a-t-il indiqué à l'AFP.

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Christophe Béchu a aussi dévoilé que le gouvernement allait « faire une campagne de publicité ciblée contre la fast fashion », à l'image de celle des « dévendeurs » de l'Ademe. Cette série de spots télévisés humoristiques de l'agence de la transition écologique vantant la déconsommation avait suscité en fin d'année dernière l'ire des commerçants. Le ministre a reconnu qu'elle a « suscité un peu d'émotion » parce qu'elle visait « des boutiques physiques ».

Une proposition de loi critiquée par Shein

Parmi les marques visées par ce projet de loi, le géant Shein. Fondée en 2012 en Chine et basée à Singapour, cette marque a rapidement conquis le marché mondial de la fast-fashion. Et voit d'un mauvais œil la proposition de loi du groupe Horizons.

« Dans sa forme actuelle, la proposition de loi ne porte pas sur l'impact environnemental de la mode, mais affecte le pouvoir d'achat des consommateurs français », a ainsi dénoncé Marion Bouchut, porte-parole de l'enseigne en France

Selon elle, « des millions de consommateurs français » seront « pénalisés », c'est-à-dire « les ménages qui font plus attention à la fin du mois ». « Dans un contexte économique et social tendu, marqué par l'inflation et les difficultés de pouvoir d'achat, l'augmentation du prix de 10 euros par produit ne pourrait que continuer à réduire ce pouvoir d'achat, en augmentant le prix des articles, et donc en affectant le consommateur français moyen », ajoute-t-elle encore.

D'autant que, toujours d'après la porte-parole, la proposition de loi « cible l'activité de quelques acteurs performants, sans étude d'impact ni évaluation sur ses bénéfices environnementaux réels ».

Quant à l'article trois qui vise à interdire la publicité pour les produits relevant de la fast fashion, « c'est une atteinte grave à la liberté d'entreprendre », a encore dénoncé Marion Bouchut, pointant le risque d'« un déséquilibre concurrentiel par rapport à d'autres acteurs qui ne tiennent pas compte de leur empreinte environnementale ».

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470.000 modèles disponibles en temps réel

Selon une analyse de l'ONG Les Amis de la Terre, Shein propose « 470.000 modèles disponibles en temps réel » sur son site internet. L'association a analysé quotidiennement durant le mois de mai dernier les « nouveautés vestimentaires commercialisées » par l'enseigne en ligne et en a déduit que plus de 7.200 nouveaux modèles étaient ajoutés en moyenne par jour et ce, jusqu'à 10.800, avec une durée de vie moyenne de 65 jours sur le site. Sur la même période, H&M en proposait 25.000, note l'ONG. Le chiffre de 470.000 modèles disponibles par jour pour Shein est même 900 fois plus élevé que celui d'une enseigne française classique.

L'association a aussi chiffré la production de Shein à un million de vêtements par jour, soit l'équivalent de 15.000 à 20.000 tonnes de CO2 émises. Pour les Amis de la Terre, il est « nécessaire de s'attaquer au système même de surproduction, en limitant les volumes de produits mis en vente », en cohérence avec les objectifs de l'Accord de Paris. Dans une étude sortie en 2022, l'Ademe estime que le secteur textile émettrait 26% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial en 2050, si les tendances actuelles de consommation se poursuivent. Il en représenterait déjà actuellement 8%.

(Avec AFP)

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Commentaires 7
à écrit le 05/03/2024 à 11:39
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Le titre de l'article n'est pas tout à fait juste car la "fast fashion" désigne des enseignes telles que Zara, H&M alors qu'avec Shein on parle "d'ultra fast fashion" (vente directe par Internet, prix plancher, articles non durable, mais à très bas p...

à écrit le 05/03/2024 à 0:11
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Ce sont des articles fabriqués par des enfants au Bangladesh ou Asie du Sud -est et des ouighours réduits en esclavage . si les consommateurs occidentaux et musulmans valident c est qu ils sont schizo eux si prompt à se mobiliser pour les Gazaoui...

à écrit le 05/03/2024 à 0:04
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Ce sont des articles fabriqués par des enfants au Bangladesh ou Asie du Sud est et des ouighours réduits en esclavage . si les consommateurs occidentaux et musulmans valident c est qu ils sont schizo eux si prompt à se mobiliser pour les Gazaouis...

à écrit le 04/03/2024 à 17:56
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Ce sont des articles à usage unique ? C'est solide, durable (mécaniquement, le matériau c'est autre chose, tout est en plastique de nos jours (polyamide, polyesters, etc)), ne s'use pas trop vite ?

le 05/03/2024 à 11:28
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Ce ne sont pas tout à fait des articles à usage unique, mais on n'en est pas loin...

à écrit le 04/03/2024 à 17:46
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Les temps changent , avant on taxait le luxe !

à écrit le 04/03/2024 à 17:12
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Alors qu'ils violent certainement des dizaines de lois mais bon comme la plupart des multinationales alors tout le monde se tait sur le sujet. Pollution, travail dangereux et misérable voilà ce que l'obsession du dumping social de nos dirigeants écon...

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